Passe sanitaire : un hochet politique bien utile

Que veulent les manifestants qui arpentent le pavé français tous les samedis ? Sont-ils opposés aux vaccins en général, au passe sanitaire en particulier ou tout simplement contre tout. Vraisemblablement un mélange indigeste de tout cela.

Un passe sanitaire réponse absurde à un vrai problème

La pandémie n’est pas le problème des pays occidentaux désormais vaccinés à plus de 70 %. Ce sont les conséquences sociales, économiques et politiques des décisions prises dans le désordre qui provoquent des remous. Le président Macron a répondu à la pandémie d’abord par des mesures chaotiques (pas de masques, confinement strict, etc.). Puis il y a eu le loupé du vaccin français et enfin l’imposition du passe sanitaire. Autant, il me semble que grosso modo, la pandémie a été mieux gérée que ne le dit l’opposition (j’aurais voulu les y voir) autant le passe apparaît bien comme un hochet inutile. On sait aujourd’hui que les personnes vaccinées peuvent être contagieuses. Dans de telles conditions à quoi sert-il d’exiger un certificat de vaccination qui protège le vacciné, mais certainement pas celles et ceux qui ne le sont pas. Or le nœud du problème est bel et bien incarné par ces trois ou quatre millions d’individus âgés, atteints de comorbidités et non protégés. N’était-ce pas vers eux qu’il fallait diriger la campagne de vaccination plutôt que de se disperser en tous sens ? Il est par ailleurs établi que les personnes atteintes puis guéries de la Covid sont mieux protégées que celles vaccinées. N’eut-il pas été plus sage dans de telles conditions de laisser la maladie se propager parmi de jeunes personnes qui, elles ne risquent pas grand-chose ? Le problème essentiel de la maladie n’a jamais été sa létalité qui est de 0,5 % et qui n’a fait qu’avancer le terme fatal des victimes de 6 mois, mais bien l’encombrement des hôpitaux.

Rumeurs et réalités

En octobre, les tests vont cesser d’être gratuits ce qui me paraît être une bonne mesure. Que celles et ceux qui refusent la vaccination par principe ou par caprice prennent leur responsabilité et se paient leurs propres tests. Car il est faux de prétendre que les mesures gouvernementales créent « un apartheid ». Chacun est parfaitement libre de se faire tester s’il le désire. Mais encore une fois ça ne règlera pas le problème d’autant que dans les trois quarts du monde, le taux de vaccination n’atteint pas 2 %. À moins de fermer hermétiquement les frontières ce qui est matériellement impossible, la maladie passera toujours. De plus, la communication échappe de plus en plus au gouvernement. D’une façon très américaine, elle se dilue sur les réseaux sociaux. Chacun devient le spécialiste de la maladie quitte à propager des rumeurs totalement fausses. Cela participe d’extrême droite Philippot l’a très bien compris qui invente n’importe quoi pour exister. Rumeurs et réalités ne se confondent jamais pour le meilleur, mais toujours pour le pire.

Une atmosphère qui sert le président Macron

L’autorité de l’état se délite d’année en année. Or dans un pays comme la France, habitué au centralisme et à une apparence d’état fort, la nature comble très vide le vide laissé par le centre. Nous avons eu dans les années 80 l’affirmation d’un pouvoir judiciaire, puis médiatique. Récemment c’était le monde médical qui montait en ligne sans oublier la lamentable prestation des généraux à la retraite. Le président Macron est diabolique au sens littéral du terme. Il divise mieux que quiconque et les débats interminables et inutiles sur le passe sanitaire le servent. Il a désormais en face de lui une myriade de candidats aux présidentielles qui lui permettent d’espérer une réélection facile. Les écolos en sont à six ou sept candidats, la gauche à trois ou quatre, la droite à quatre ou cinq, l’extrême droite à quatre, bref chaque militant se sent une âme de chef. Il ne reste plus au candidat Macron qu’à profiter d’une extinction de la pandémie d’ici trois ou quatre mois et les jeux seront faits. La conclusion qu’on pourra alors en tirer est qu’il aura navigué à vue sans réelles convictions, mais doté d’un empirisme qui, parfois confine au grand art. Alors le concept de passe sanitaire dévoilera son véritable mystère : il aura permis au candidat Macron de passer l’épreuve sanitaire et de conserver son poste. Chapeau l’artiste !

GXC