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Autopsie d'une vengeance d'état

UNe fois encore, le transfert d'Alessandri à Borgo et la semi liberté à laquelle il pourrait avoir droit lui a été refusé.....

Autopsie d’une vengeance d’état


Une fois encore, le transfert d’Alessandri à Borgo et la semi-liberté à laquelle il pourrait avoir droit lui a été refusé malgré l’assentiment de l’administration pénitentiaire ce qu’a dénoncé une pétition publique de la LDH intitulée « Contre la perpétuité sans fin, le respect du droit ! ». Cette obstination de l’état devient une vengeance au nom d’on ne sait trop quoi sinon le ressentiment de l’administration préfectorale et l’impossible pardon de l’état français.

Des précédents historiques

Lorsque les Versaillais écrasèrent la Commune en 1871 ils tuèrent ou fusillèrent 30 000 insurgés et prononcèrent 95 condamnations à mort, 251 aux travaux forcés à vie ou à temps, 4 586 à la déportation, 1 247 à la réclusion perpétuelle et 3 359 à des peines de prison variables. Le 11 juillet 1880, l’amnistie pleine et entière est votée sur un projet du gouvernement déposé le 19 juin par 312 voix contre 136. Les exilés et les déportés peuvent alors revenir en France. Les prisonniers sont tous libérés.
Autre époque : l’après-guerre. Il s’agissait alors d’amnistier les individus coupables de collaboration ou de crimes dans le cadre de la lutte contre la résistance, de la déportation des juifs et des communistes. Ce fut l’objet de trois grandes séries de lois d’amnistie politique. Elles intervinrent en 1947, 1951 et 1953, donc très peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des nazis furent amnistiés jusqu’aux Alsaciens engagés dans la SS qui avaient participé au massacre d’Oradour-sur-Glane et qui firent valoir qu’ils étaient des « Malgré nous ».

« Il appartient à la nation de pardonner »

À l’occasion des accords d’Évian (les 20 mars et 14 avril 1962) qui établissaient l’indépendance de l’Algérie furent promulgués des décrets qui effaçaient à la fois les « infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne », et celles « commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne ».
Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les « événements » d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les « infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie ». Vint ensuite, en pleine crise de mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 1968 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux « événements » y compris celles « commises par des militaires servant en Algérie pendant la période ».
Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avaient proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les « révisions de carrière » nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : « Il appartient à la nation de pardonner. »
En 1990, une loi d’amnistie bénéficiait aux Kanaks coupables d’avoir tué deux gendarmes à Ouvéa deux ans auparavant.

Alessandri et Ferrandi doivent retrouver leur terre

Eh bien, l’État qui a tant pardonné à de fieffées ordures comme les anciens miliciens ou les SS, est incapable d’accorder à Alessandri et à Ferrandi le simple fait de retrouver leur terre fut-ce dans une prison. C’est tout simplement insupportable. Oui ces deux hommes ont participé à l’assassinat du représentant de l’État. Oui ils méritaient d’être punis. Et ils sont incarcérés depuis vingt-deux ans. Personne ne parle même d’amnistie. Mais comment expliquer que l’État français se montre vis-à-vis de ces deux hommes plus féroce qu’avec les massacreurs d’Ouradour-sur-Glane, avec les plastiqueurs de l’OAS ou les terroristes du FLN ? Il est évident que la conférence de presse clandestine récente du FLNC n’a rien facilité. Mais enfin, la France doit montrer plus de grandeur que cette misérable mesquinerie que même l’administration pénitentiaire regrette. Ou alors qu’on reconnaisse que la prison n’existe que pour punir et non pour aider à une forme de rédemption. GXC
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