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Nationalisme : convergence patriotique ?

La critique s'installe au sein de la mouvance nationaliste.

Nationalisme : convergence patriotique ?


La critique s’installe au sein de la mouvance nationaliste. Ceux qui ruent dans les brancards ont deux cibles dans leurs lignes de mire : le déroulement du processus Darmanin-Simeoni, la démarche de Gilles Simeoni et Femi a Corsica. Certains envisagent une alternative.

Mi-mars dernier, dans un communiqué, le FLNC a exprimé la défiance que lui inspirait le déroulement du processus et confirmé qu’il avait renoué avec l’action armée : « Tant que nous ne connaîtrons pas les tenants et les aboutissants de la future évolution institutionnelle, si elle voit le jour, nous serons obligés de garder actif notre combat pour la préservation de notre peuple. Nous ne voulons pas de négociation a minima nous octroyant un quelconque statut de décentralisation administrative ».
Fin mars dernier, à Corti, six organisations de jeunesse (Ghjuventù Indipendentista, Ghjuventù Paolina, Cunsulta di a Ghjuventù Corsa, Ghjuventù Libera, Ghjuventù in Core, A Muvra) n’ont pas mâché leurs mots. Soulignant que sans l’intervention énergique de la jeunesse le processus Darmanin-Simeoni n’aurait pas vu le jour, elles ont déploré ne pas y être associées. Par ailleurs, elles ont dénoncé un oubli des prisonniers politiques, notamment de Charles Pieri incarcéré depuis décembre dernier dans une prison de la région parisienne.
Quelques jours plus tard, à Aiacciu, devant les grilles de la préfecture, Corsica Libera s’est lui aussi fait le relais de la critique. Ses responsables ont accusé « l’État français » et « l’actuelle majorité territoriale » de n’ouvrir aucune perspective de solution politique car l’un aurait « choisi et assumé la stratégie du chaos alors que tous les voyants étaient au vert pour s’engager dans une solution politique historique », car l’autre serait « entrée consciemment dans une démarche de connivence avec Paris en prenant la responsabilité de rompre une démarche d’unité nationale et en avalisant les différentes lignes rouges imposées par l’État français dans le cadre d’une parodie de processus dont la Corse et son peuple sont de facto exclus ». Ses responsables ont affiché, faisant ainsi limpidement allusion au communiqué du FLNC et aux actions de Ghjuventu Clandestina Corsa, leur compréhension d’une « légitime révolte ».

Temps perdu alors que les problèmes vont s’aggravant

Ces derniers jours, à l’occasion d’une conférence de presse ayant eu lieu à Portivechju, les dirigeants et les élus du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) ont eux aussi rué dans les brancards. Le secrétaire national Pascal Zagnoli a regretté que Gilles Simeoni et Femu a Corsica persévèrent dans une démarche solitaire et déploré que, dans le déroulement du processus Darmanin-Simeoni, du temps soit perdu alors que les problèmes de la Corse et des Corses vont s’aggravant : « Il y a quelques semaines, il me semble que le parti majoritaire a annoncé sa volonté de discuter avec les autres composantes du mouvement national et globalement toutes les forces vives. Pour l'instant, nous n'avons pas été contactés […] Nous considérons que la situation est suffisamment préoccupante pour ne pas attendre et perdre encore un temps qui nous semble précieux. » Pascal Zagnoli a précisé que la volonté de son parti était de parvenir à une issue favorable et regretté que la méthode actuelle avalisée par le Président du Conseil exécutif et Femu a Corsica ne soit pas la bonne : « Nous ne sommes pas moins attachés que les autres au processus en cours à Beauvau. Parce qu'on y est attaché, parce qu'on souhaite réussir, il est plus que nécessaire de revoir certains points de méthode, de revoir le cadre global de discussion pour que le cap politique fixé soit à la hauteur des enjeux et des attentes. » Côté élus, Jean-Christophe Angelini a confirmé la volonté du PNC de contribuer à la réussite du processus Darmanin-Simeoni : « La situation de la Corse est trop préoccupante pour que nous ne mettions pas tout en œuvre afin d’obtenir une solution politique » et Xavier Luciani, a indiqué ce que le PNC attendait au niveau du contenu et au niveau du calendrier : « Dans le cadre des prochains rendez-vous de Paris, nous demandons une feuille de route et un agenda plus rapproché actant l’ensemble des revendications fondamentales que porte notre combat historique ».

Une démarche alternative

Le PNC a aussi affirmé que si rien ne changeait, il ne ferait pas dans l’attentisme ou le fatalisme. Pascal Zagnoli a d’ailleurs révélé, dans différents médias, que son parti envisageait une démarche alternative et en avoir déjà posé les premiers jalons. Il a indiqué que le PNC entendait « rencontrer diverses structures du mouvement national et syndical » pour « rassembler le plus largement possible les nationalistes […] développer une notion de développement stratégique […] aller vers une convergence patriotique. »
Il a confié : « Nous avons commencé ces discussions avec le parti Core in Fronte, nous rencontrerons très prochainement Corsica libera, puis ensuite nous allons voir aussi les syndicats étudiants, les syndicats professionnels et toutes les structures qui composent et représentent le mouvement national depuis plusieurs années maintenant. » Sur les réseaux sociaux, Core un Fronte a confirmé la rencontre et que processus Darmanin-Simeoni avait été à l’ordre du jour: « Dui delegazioni di u PNC - Partitu di a Nazione Corsa è di Core in Fronte si sò scuntrati, da cuntrastà nant’à u prucessu di discussioni cù u Statu è a situazioni pulitica di u nostru paesi ». Le PNC assure qu’il ne fermera pas la porte à Gilles Simeoni et Femu a Corsica si un jour ceux-ci souhaitent se joindre à la convergence patriotique. Au vu des prises de position stratégiques des uns et des autres, il ne semble pas que Pascal Zagnoli sera conduit de sitôt à s’improviser videur ou agent d’accueil.

Pierre Corsi
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