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Incertain avenir !

Le monde cherche des solutions à une crise globale qui, au détour de la pandémie, a frappé l'économie planétaire, .....

Incertain avenir !


Le monde cherche des solutions à une crise globale qui, au détour de la pandémie, a frappé l’économie planétaire, remettant en cause des systèmes politiques vieux de quatre-vingts ans. Le monde bascule, mais les solutions innovantes restent rares. Or le principal sujet de préoccupation des Français n’est pas le grand remplacement, mais bien le pouvoir d’achat.

L’archipel français


La façon dans la France fait face à la crise est intéressante à étudier parce que le système social français est unique. À la Libération s’est créé un modèle largement inspiré de la générosité sociale prônée par un parti communiste qui pesait à l’époque un tiers de l’électorat. Le général de Gaulle, en mal de troupes, mais pas de notoriété, s’est alors appuyé sur ces contingents d’extrême-gauche pour se lancer dans la bataille de la reconstruction, une bataille difficile qui déboucha sur la sécurité sociale, les nationalisations… En 1947, les grandes grèves provoquées par la dureté de la vie, la baisse des salaires et l’inflation provoquèrent le départ des ministres communistes et l’entrée en vigueur du plan Marshall, c’est-à-dire de l’aide financière des États-Unis. Or jusqu’au début des années 70, la France connut une gloire industrielle sans précédent. Ce fut l’époque du TGV, de Concorde, de la toute-puissance automobile.
Mai 68 fut la première alerte d’un danger que personne n’avait appréhendé : la pénétration colossale de l’économie libérale cornaquée par les USA dans le colbertisme français et ses conséquences. De Gaulle quitta le pouvoir et, après la parenthèse pompidolienne, laissa la place à Giscard un an à peine après le premier choc pétrolier mondial. La France entama alors une mutation de fond, un véritable basculement dans un libéralisme qu’elle ne connaissait pas. La vieille classe ouvrière laissa peu à peu la place au tertiaire, les producteurs à des consommateurs. Les campagnes se dépeuplèrent au profit d’une agriculture intensive.

Le tournant des années 80


Il reviendra à la gauche européenne d’avoir enterré le programme étatiste qui était le sien depuis un siècle. L’effondrement du mur de Berlin puis celui de l’Union soviétique à la fin des années quatre-vingts va marquer un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité. Le libéralisme capitaliste va devenir la norme unique de pensée et d’action jusqu’au cœur des derniers bastions « communistes » comme la Chine populaire ou le Vietnam démocratique. Le prolétariat va se déplacer vers les continents émergents.
La vieille Europe, celle de l’Ouest, délocalisa à tour de bras perdant une grande partie de sa richesse productrice. Les schémas marxistes s’effondrèrent et la gauche adopta définitivement l’idéologie capitaliste. La course effrénée aux profits à tout prix créa dans les pays émergents un surcroît d’enrichissement et l’émergence d’une classe moyenne donc d’une nouvelle consommation locale. En Europe, c’est le contraire qui survint : la petite classe moyenne et l’ancien prolétariat subirent une paupérisation qui entraîna l’apparition d’un commerce bas de gamme essentiellement alimenté de produits asiatiques. Jérôme Fourquet note à juste titre dans L’Archipel des Français, la naissance alors des commerces low cost comme Gifi, des sous-marques des grandes enseignes et la fermeture de l’un des fleurons de l’industrie automobile : les usines Renault de Boulogne Billancourt.
La France perdit sa boussole séculaire et subit surtout une crise existentielle. Elle n’était plus la grande puissance d’antan et les richesses furent de moins en moins bien réparties au sein de la société. En haut trônait une bourgeoisie qui pensait la mondialisation, en bas une population qui cherchait simplement à survivre. De cette misère et en l’absence de partis capables de la canaliser, se greffèrent les maux comme la xénophobie, une remontée du nationalisme le tout exacerbé par l’arrivée massive de migrants.

Une angoisse profonde


La pandémie, la crise climatique, la crise énergétique ont favorisé la croissance des angoisses profondes de l’être humain touchant à la santé, au climat et au le bien-être quotidien sans oublier l’impossibilité de croire en l’avenir de ses propres enfants. La première conséquence explosive a été la crise des gilets jaunes, expression désordonnée du désespoir des laissés pour compte d’une société impitoyable pour les misérables. La deuxième est désormais une montée de l’extrême-droite qui, si on en croit les sondages, capitaliserait un tiers des votes. La dernière conséquence enfin est cet incessant et détestable rappel du passé afin d’éviter d’aborder de véritables solutions d’avenir : Vichy pour les uns, guerre d’Algérie pour les autres. Nous nous vautrons dans une mauvaise mémoire qui ne ramène qu’à des épisodes funestes de l’histoire qu’il faudrait digérer une fois pour toutes afin de les dépasser. Le monde a basculé dans l’inconnu.
Selon la façon dont nous appréhenderons le futur, celui-ci sera déprimant ou surprenant. Pour que la jeunesse retrouve la soif de vivre, peut-être faudrait-il lui offrir des perspectives et un dessein collectif ?

GXC
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