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De la Brise-de-Mer au Petit Bar

La presse nationale, vraisemblablement alimentée par des sources policières et judiciaires, édite désormais pas moins de deux articles hebdomadaires sur le grand banditisme en Corse, hier la Brise-de-Mer, aujourd’hui le Petit Bar ...
De la Brise-de-Mer au Petit Bar

La presse nationale, vraisemblablement alimentée par des sources policières et judiciaires, édite désormais pas moins de deux articles hebdomadaires sur le grand banditisme en Corse, hier la Brise-de-Mer, aujourd’hui le Petit Bar, complaisamment rassemblés sous le vocable de «mafia corse».
Le député de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva a d’ailleurs interpellé au Parlement le ministre de l’Intérieur sur le sujet.

Une histoire sans cesse recommencée


Qui ne connaît pas son histoire est condamné à sans cesse la revivre. Et si aujourd’hui, la « mafia corse » occupe (parfois) la une des journaux, il faut en chercher l’explication dans une situation multifactorielle. La désagrégation de la société française, sa paupérisation, donne du relief à des phénomènes qui ont toujours existé. Le pourrissement étatique a donné plus de champ au territoire judiciaire qui s’exprime avec plus de force. Quoi que prétendent les syndicats policiers, leurs collègues de Corse ont montré pour le moins de la légèreté en croyant manipuler des voyous habitués à ce type de manœuvre et provoqué un nouveau scandale. Et, dans ce domaine, la légèreté se traduit par un échec retentissant et un sentiment pénible d’éternelle guerre des services de sécurité. On avait déjà vécu cela après l’assassinat du préfet Erignac puis dans l’enquête sur la Sms. À chaque reprise c’est l’intérêt public qui est perdant.

Enfin, il se développe indéniablement un phénomène de type mafieux lequel est constitué de la rencontre de trois domaines : le grand banditisme, l’affairisme officiel et le politique. Une fois encore, tout cela n’est pas nouveau. En son temps, le bandit Romanetti prêtait la main au clan gaviniste tout comme Ghjuvan Cameddu Nicolai agissait pour les républicains. Les « nervis » avaient pour mission de terroriser les électeurs hésitants. Mais la situation actuelle rappelle plutôt les années trente marseillaises quand le député Sabiani s’acoquina avec les truands Spirito et Carbone. Après guerre, ce ne fut guère mieux : les frères Guerini devinrent les protecteurs du defferrisme. Mais plutôt que s’en tenir à une dénonciation de pure forme, mieux vaut chercher les causes de la réminiscence actuelle.

Un état d’esprit fasciste


Les pères fondateurs de la Brise de Mer ou ceux du Petit Bar étaient pour la plupart des enfants de familles tout à fait honorables : instituteurs, huissiers et même policiers. Avec une démographie aussi faible que la nôtre, il est tseimpossible d’écrire qu’ils ont été entraînés par un courant de masse type cartels mexicains. Leur choix a été personnel et mûri. Ils ont plongé dans la délinquance parce qu’ils l’ont voulu, parce qu’ils avaient soif de pouvoir et d’argent, parce qu’ils méprisaient le mode de vie dit normal, celui des travailleurs. D’ailleurs, on a souvent le sentiment en Corse de cheminements individuels favorisés par cet état d’esprit très méditerranéen qui consiste à mettre en exergue des choix qui favorisent les intérêts particuliers au détriment de ceux de la société.
Des interceptions de sms, de discussions entre voyous, laissent entrevoir leur état d’esprit : pas de morale et cette idée très fasciste, voir très nazie que la force remplace l’appareil des lois et qu’elle légitime le puissant. C’est la négation même d’une société démocratique. C’est même l’inverse de toute civilisation moderne. Le voyou est un parasite qui ne vit que du pillage des biens constitués par celles et ceux qui travaillent. Mais pire que le voyou, on trouve l’affairiste qui par mollesse, intérêt ou romantisme infantile, prête la main au truand, l’aide à blanchir son argent ou à le placer dans des affaires juteuses.

Lutter sans relâche contre toutes les formes de délinquance


Lorsque les clandestins ont commencé à racketter en habillant cette pratique immonde du doux nom d’« impôt révolutionnaire » ils avaient sans le savoir mis le doigt dans l’infernal engrenage qui allait les mener à leur perte. Le résultat est qu’aujourd’hui ils n’ont qu’un seul « martyr » à pleurer, tous les autres morts de leur famille ayant été la sinistre résultante d’une guerre fratricide. Entre-temps, ils auront ôté la vie à quelques dizaines de personnes, officielles ou non, qui se mettaient en travers de leur chemin.
Mais surtout, ils ont créé une zone grise où la confrontation avec la voyoucratie était inévitable. Bilan dramatique: les voyous ont survécu, pas la clandestinité. Toute alliance, fût-elle conjoncturelle, avec le monde du crime, revient à devenir un peu soi-même un chacal. Pas un groupe révolutionnaire, fût-il héroïque, n’y a survécu : pas plus l’ETA que l’IRA ou l’ERP argentine.

Le combat citoyen contre cette engeance est donc un devoir de survie pour la très fragile société corse.
Ou sinon, il ne faudra venir se lamenter sur notre sort.


GXC
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