À la mémoire des morts inutiles — Contre la célébration de la bêtise révolutionnaire
« Le peuple, lorsqu’il ne prie pas, massacre. » — Une duchesse oubliée dans ses dentelles
À la mémoire des morts inutiles — Contre la célébration de la bêtise révolutionnaire
Par Jean-François Marchi
« Le peuple, lorsqu’il ne prie pas, massacre. »
— Une duchesse oubliée dans ses dentelles
Le 14 juillet revient avec ses flonflons, ses parades, ses feux d’artifice — et l’éternelle légende d’un peuple libérateur. On célèbre la prise d’une prison vide comme s’il s’agissait d’un acte fondateur de justice, alors qu’il ne fut qu’un sursaut sanglant dans le vide d’un pouvoir effondré. Ce jour-là, ce ne sont pas les tyrans qui tombèrent, mais des gens ordinaires : porteurs d’eau, vieux soldats invalides, artisans, petits fonctionnaires, tous massacrés au nom du peuple.
Il est temps d’abandonner l’illusion. Les révolutions ne sont pas des aurores, mais des orages. Elles ne font pas accoucher la justice, elles font déferler la horde. On ne réforme pas dans l’exaltation, on détruit. Et les victimes, toujours, sont les mêmes : les sans-nom, les sans-voix, les malheureux pris dans la stupeur du désordre. Les têtes coupées ne sont pas des symboles — elles sont des têtes.
La France aime ses Lumières, mais détourne le regard de l’ombre qu’elles ont projetée. On oublie les tueries de Septembre, les cadavres aux Tuileries, les noyades de Nantes, les têtes promenées sur des piques — tout cela enveloppé dans un catéchisme républicain qui a les yeux crevés.
Ce n’est pas la révolution qui tue, mais le vide d’autorité qui la permet. Quand l’ordre vacille, la meute avance. Et plus l’élite se tait, plus la foule rugit. Ce ne sont pas les tyrans qui sont lâches, ce sont les gouvernements faibles qui, par peur de l’impopularité, abandonnent les innocents.
On justifie ces massacres en invoquant le progrès : les morts auraient « servi » la liberté. C’est là le sophisme du bourreau. Aucune idéologie ne rachète une vie volée. Aucune cause ne justifie qu’on éventre un prêtre ou qu’on brûle vive une carmélite. L’histoire est jonchée de morts inutiles. On les justifie parce qu’on n’a pas le courage de les pleurer.
Je dis : cessons de fêter la foule. Cessons de faire réciter aux enfants la geste des coupeurs de têtes. Célébrons plutôt ceux qui sont morts pour rien, sans gloire, sans rôle, balayés comme fétus par le vent d’une époque en folie.
Qu’on institue un jour de deuil pour eux, les oubliés, les suppliciés, les massacrés de l’ivresse égalitaire. Ce serait la première révolution digne de ce nom.
Par Jean-François Marchi
Par Jean-François Marchi
« Le peuple, lorsqu’il ne prie pas, massacre. »
— Une duchesse oubliée dans ses dentelles
Le 14 juillet revient avec ses flonflons, ses parades, ses feux d’artifice — et l’éternelle légende d’un peuple libérateur. On célèbre la prise d’une prison vide comme s’il s’agissait d’un acte fondateur de justice, alors qu’il ne fut qu’un sursaut sanglant dans le vide d’un pouvoir effondré. Ce jour-là, ce ne sont pas les tyrans qui tombèrent, mais des gens ordinaires : porteurs d’eau, vieux soldats invalides, artisans, petits fonctionnaires, tous massacrés au nom du peuple.
Il est temps d’abandonner l’illusion. Les révolutions ne sont pas des aurores, mais des orages. Elles ne font pas accoucher la justice, elles font déferler la horde. On ne réforme pas dans l’exaltation, on détruit. Et les victimes, toujours, sont les mêmes : les sans-nom, les sans-voix, les malheureux pris dans la stupeur du désordre. Les têtes coupées ne sont pas des symboles — elles sont des têtes.
La France aime ses Lumières, mais détourne le regard de l’ombre qu’elles ont projetée. On oublie les tueries de Septembre, les cadavres aux Tuileries, les noyades de Nantes, les têtes promenées sur des piques — tout cela enveloppé dans un catéchisme républicain qui a les yeux crevés.
Ce n’est pas la révolution qui tue, mais le vide d’autorité qui la permet. Quand l’ordre vacille, la meute avance. Et plus l’élite se tait, plus la foule rugit. Ce ne sont pas les tyrans qui sont lâches, ce sont les gouvernements faibles qui, par peur de l’impopularité, abandonnent les innocents.
On justifie ces massacres en invoquant le progrès : les morts auraient « servi » la liberté. C’est là le sophisme du bourreau. Aucune idéologie ne rachète une vie volée. Aucune cause ne justifie qu’on éventre un prêtre ou qu’on brûle vive une carmélite. L’histoire est jonchée de morts inutiles. On les justifie parce qu’on n’a pas le courage de les pleurer.
Je dis : cessons de fêter la foule. Cessons de faire réciter aux enfants la geste des coupeurs de têtes. Célébrons plutôt ceux qui sont morts pour rien, sans gloire, sans rôle, balayés comme fétus par le vent d’une époque en folie.
Qu’on institue un jour de deuil pour eux, les oubliés, les suppliciés, les massacrés de l’ivresse égalitaire. Ce serait la première révolution digne de ce nom.
Par Jean-François Marchi