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Du fond et de la forme.....

La récente assemblée générale de Core in Fronte à réaffirmé l'objectif final : l 'indépendance.....

Du fond et de la forme…


La récente assemblée générale de Cor’in Fronte a réaffirmé l’objectif final : l’indépendance tandis que de leur côté la classe politique corse, quasi unanime, demande l’autonomie. Mais aucune de ces deux familles idéologiques ne met de contenu derrière des termes qui restent incantatoires.



Des décolonisations ratées


Lorsqu’on jette un regard en arrière et qu’on mesure le bilan des décolonisations survenues après la Seconde Guerre mondiale, on reste effarés par leur bilan. Les pays autrefois tenus par la France ont laissé la place dans la quasi-totalité des cas à des régimes instables dans le meilleur des cas, à des dictatures dans les pires et les plus fréquents. Côté britannique, le bilan n’est guère meilleur, mais là ce sont les religions qui ont occupé les espaces libérés. Est-ce à dire que la colonisation était un bon système ? Certainement pas.
Mais ces échecs démontrent qu’en face d’un système largement dominé par le système capitaliste occidental, les nouveaux pays le plus souvent découpés par des frontières artificielles ne correspondent pas aux mentalités de pays restés au stade tribal ou ethniques. En Nouvelle-Calédonie, l’expérience est en train de virer à la farce. Voilà que les premiers concernés, les Kanaks refusent de participer au 3e référendum au prétexte de la Covid. La réalité est plus pragmatique. Les Kanaks, empêtrés dans la gestion calamiteuse de la production de nickel et prisonniers des Chinois, craignent fort d’avoir régressé et d’échouer à obtenir l’indépendance.
Mais, à la vérité, la question se pose autrement : quels intérêts ont les Kanaks à abandonner les avantages sociaux d’une France plus que généreuse et d’entrer de plain-pied dans ce monde océanien qui est train de devenir le futur champ de bataille de la puissance chinoise contre la puissance nippoaméricano-australienne ? Les Kanaks n’ont pas l’ombre du chance de s’en tirer d’autant que leur seul programme repose sur le seul nickel. Pour la Corse, si on accepte de prendre au sérieux le serpent de mer indépendantiste, le problème est identique.


Quel contenu derrière les mots ?



Depuis maintenant un demi-siècle, les mots, les concepts semblent se suffirent à eux-mêmes. Jamais le mouvement nationaliste n’a cru bon étayer ses revendications d’un quelconque programme. Car, enfin si on veut être pris au sérieux encore faut-il être capable de mettre de la chair sur un squelette si fragile qu’il s’en tient à des slogans.
Comme une Corse indépendante parviendrait-elle à faire face à ses dépenses qui chaque année exige que la France ajoute un milliard et quelques poussières de millions d’euros dans la balance ? C’est vrai pour toutes les régions de France avec tout de même un détail : l’endettement des régions est garanti par la puissance française. Une Corse indépendante sera totalement insolvable sur le marché de la dette et ne trouverait nulle part où emprunter sauf à vendre sa terre ce qui, a priori, n’est pas le but recherché. Cet irréalisme crée le plafond de verre auquel les indépendantistes se heurteront en permanence.
Dans une culture modelée par l’omniprésence administrative, il est illusoire de croire, serait-ce une seconde, à un tel futur. L’autonomie pèche elle, au contraire par une trop forte présence d’une triste réalité connue de tous. L’administration locale est poreuse et infiltrée par le grand banditisme. Des sommes importantes s’évaporent chaque année avec la complicité passive des services de l’état qui achètent ainsi une paix sociale. L’autonomie est un système qui convient à une société citoyenne et responsable. Dès lors que l’argent public est conçu comme une façon d’enrichissement de groupes de pression, l’autonomie ne sera rien d’autre qu’une nouvelle vache à lait encore plus confortable que la structure étatique.


Des incertitudes qui pèsent lourd dans le débat



Avouons-le : l’hypocrisie est dans la question corse la chose la mieux partagée. Les différents partenaires font tous semblant de croire à des mots dont ils savent qu’ils ne possèdent aucun contenu. L’état français laisse faire en feignant de croire qu’une position claire pourrait être payés de désordres qui mettraient en cause son image de marque. Les nationalistes ont dû tout de même se rendre compte que le caractère répétitif de leurs mantras avaient à peine transformé le paysage politique.
Et d’ailleurs leurs dirigeants en ont-ils franchement envie ? Tous reçoivent des émoluments plus que confortables de l’état honni. Beaucoup d’entre eux profitent du tourisme dont ils dénoncent les méfaits.
Côté agriculteur, on profite pour une minorité des largesses des subventions et de l’incurie étatiques. Reste le fameux peuple corse qui se débrouille comme il peut lui aussi en exerçant les pressions nécessaires pour tenter d’obtenir un tout petit peu plus quand d’autres en utilisant ce mécontentement accumulent beaucoup beaucoup plus.
Comme disaient nos anciens : torn’à Vignale ch’ellu — un bellu paese.


GXC
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