• Le doyen de la presse Européenne

Un Etat tout-puissant mais irresponsable

L'Etat français traverse une période difficile et peine à affronter les difficultés qui s'accumulent sur son chemin.

L’état français traverse une période difficile et peine à affronter les difficultés qui s’accumulent sur son chemin. Et cette faiblesse est une mauvaise nouvelle pour la Corse.


Une politique de l’état


Le Premier ministre vient une fois encore de repousser sa venue en Corse la reportant au “début de l’année prochaine”. C’est dire que pour lui et ses services, la Corse est loin de représenter un sujet de première importance. Il est vrai que le référendum de Nouvelle-Calédonie, les émeutes guadeloupéennes, le désordre mafieux de Mayotte et la campagne présidentielle, relègue notre situation à un rang subalterne. Je ne me suis jamais privé de critiquer les majorités placées à la tête de notre région parce que j’estime que sans la critique les pouvoirs ont toujours tendance à dériver. Mais une telle règle s’applique également cet état qui porte une lourde responsabilité dans nos difficultés à agir de façon mature.
Un simple petit retour en arrière suffit à en faire la démonstration. Gaston Defferre en 1982 créé le premier statut de la Corse qui du fait de l’intransigeance du FLNC et de la bêtise des clans a viré au capharnaüm. Après une période d’intense répression menée par Charles Pasqua, en 1989, profitant du scandale du Rainbow Warrior, l’aile progressiste de la majorité de gauche élimine les vieux conservateurs du PS et prépare le second statut présenté par le ministre Pierre Joxe. Le PS privilégie alors le contact avec le FLNC Canal habituel/MPA accompagnant cette recherche d’appuis locaux de valises de billets .
Quelques années plus tard, le Canal historique semble dominer la clandestinité et s’attire les faveurs de la droite menée par Charles Pasqua. Le processus d’appuis occultes est alors inversé avec pour clou du spectacle la scandaleuse conférence de presse de Tralonca, préparée dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Résultat : la recrudescence des assassinats entre anciens frères d’armes clandestins et, in fine, l’assassinat du préfet Erignac. Depuis la ligne politique de l’état en Corse a été une succession de postures paradoxales et à peu près illisibles sur le moyen et le long terme.

Des fautes et des crises en tous genres


Les erreurs d’un état se révèlent d’abord à ses marges. Force est de constater que la Corse, pour l’instant, ne s’y situe pas encore. Les territoires les plus touchés par une crise protéiforme sont en ce moment même les plus éloignés de Paris et ceux habités par des citoyens de seconde zone, dont la peau est d’une couleur sombre. La Guadeloupe, la Martinique, Mayotte et la Nouvelle-Calédonie sont en proie à des troubles d’une immense gravité à la limite de la guerre civile.
Sans grande intelligence, le pouvoir a choisi d’y envoyer plus de forces policières alors que les raisons de la colère sont multiples : sociales, économiques, raciales et sanitaires. Aux Antilles c’est le pass sanitaire qui a déclenché l’incendie, parce que le scandale du chlordécone, cet insecticide cancérigène autorisé dans ces territoires ultramarins sous pression du lobby blanc bananier, est resté dans toutes les mémoires et dans les chairs. Difficile d'aujourd'hui faire confiance à des services de santé qui ont accepté d’avaliser l’usage intensif de ce poison. En Nouvelle-Calédonie, le pouvoir maintient la date d’un référendum qui, sans la participation des Kanaks, aggravera la crise plutôt que de la régler.

Une crise économique et sociale


Mais cette crise est aussi bel et bien présente en métropole. Les grèves se multiplient parmi les petits salariés notamment dans la grande distribution. L’inflation, le gel des émoluments, l’augmentation des prix de l’alimentation, des carburants, précipitent des centaines de milliers de famille dans la grande pauvreté.
Pour l’instant la Corse est épargnée. Mais les troubles vont nous toucher et ils vont mettre en porte-à-faux une majorité nationaliste qui n’aura mis l’accent que sur la question du statut politique confondant idéologie et gestion humaine. La Corse possède ses propres maux. Mais viennent s’y ajouter par capillarité ceux de la France dont le centralisme fait eau de toutes parts sous la pression de la mondialisation. Prenons cependant conscience que nos problèmes n’ont rien d’essentiel aux yeux d’un pouvoir qui face à l’adversité se contracte. Si Emmanuel Macron est élu, ce qui semble être l’hypothèse la plus probable, il faudra bien composer avec ses services.

GXC
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