Nouvelle-Calédonie : un mal pour un bien ?
Il n'est pas interdit de penser.....
Nouvelle-Calédonie : un mal pour un bien ?
Il n’est pas interdit de penser, et tant pis si l’écrire vaut d’être taxé de colonialiste, que le maintien de la souveraineté française soit plutôt une bonne chose pour le peuple kanak.
En Nouvelle-Calédonie, à l’occasion du troisième et dernier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa, 96,49% des votants se sont prononcés pour le Non à l’indépendance. A la suite de ce scrutin, et ce, en associant tous les acteurs locaux à la démarche, dix-huit mois seront consacrée à élaborer un nouveau statut institutionnel selon deux objectifs majeurs : permettre une coexistence durable et harmonieuse entre toutes les populations de l’archipel ; fixer, selon un cadre accepté par toutes les parties,
la répartition des compétences entre l’État et la collectivité d’outre-mer à statut particulier Nouvelle-Calédonie. Aboutir à une solution consensuelle ne sera pas facile car les conditions de la tenue du referendum et le résultat sont contestables à plus d’un titre. Le refus de reporter le scrutin alors que la Covid-19 a particulièrement affecté la population kanak, a rendu impossible un bon déroulement de la campagne électorale et interdit de passer aux urnes dans des conditions satisfaisantes. L’appel au boycott du scrutin lancé par les indépendantistes a été entendu (abstention de la quasi-totalité de l’électorat kanak).
La participation a été inférieure à 45%. Enfin, du fait de la participation des uns et de l’abstention des autres, l’existence d’un clivage entre la grande majorité des Kanaks et les populations d’origine allogène a été confirmée. Les nationalistes corses et une partie de la gauche française ont vivement critiqué la volonté d’Emmanuel Macron de passer en force. Ils ont eu mille fois raison de le faire car, indéniablement, le droit à l’autodétermination du peuple kanak a été bafoué.
Ce passage en force est d’autant plus condamnable que si, dans quelques années, un nouveau referendum d’autodétermination est organisé, il risque d’avoir lieu sans que soit reconduite une disposition majeure et désormais caduque de l’accord de Nouméa : l’instauration d’un corps électoral spécifique empêchant la participation à ce type de scrutin de nombreux résidents d’origine allogène
Entre risque de dépendance et manigances
Il n’est pourtant pas interdit de penser, et tant pis si l’écrire me vaut d’être taxée de colonialiste, que le maintien de la souveraineté française soit plutôt une bonne chose pour le peuple kanak. Un mal pour un bien ? Ce maintien sera probablement assorti d’un statut d’autonomie qui accordera de nouvelles compétences, conservera les prérogatives des provinces (deux sur trois étant administrées par les indépendantistes) et garantira les institutions coutumières. Mais surtout, pour peu que France continue de soutenir une diversification économique et défende comme il se doit son domaine maritime, ce maintien préservera la Nouvelle-Calédonie d’une trop grande dépendance à l’exploitation d’une ressource, le nickel, et des manigances de puissants voisins.
Le nickel représente certes un atout : La Nouvelle-Calédonie est le quatrième producteur mondial ; la demande mondiale va croissant (+ 6 à 7% chaque année) ; les USA vont inscrire le nickel comme minerai critique pour leur économie ; la filière nickel emploie 15 000 salariés ; le nickel est au cœur de la transition énergétique car il est le principal composant des batteries électriques ; l’usine Prony Resources New Caledonia qui fournit un produit intermédiaire du nickel utilisé pour la fabrication de batteries des véhicules électrique vient de signer un contrat avec Tesla.
Mais l’atout nickel est fragile : la filière nickel dépend beaucoup de la croissance et des choix économiques et commerciaux de la Chine (70 à 80% de la production de nickel est destinée à ce pays) et de colossaux investissements que demande une indispensable modernisation. Quant aux manigances de puissants voisins, si l’archipel était devenu indépendant, elles auraient été inévitables car de par sa proximité avec l’Australie et la rivalité croissante entre la Chine et les USA à l’échelle de l’Océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie peut représenter un enjeu brûlant.
Alexandra Sereni
Il n’est pas interdit de penser, et tant pis si l’écrire vaut d’être taxé de colonialiste, que le maintien de la souveraineté française soit plutôt une bonne chose pour le peuple kanak.
En Nouvelle-Calédonie, à l’occasion du troisième et dernier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa, 96,49% des votants se sont prononcés pour le Non à l’indépendance. A la suite de ce scrutin, et ce, en associant tous les acteurs locaux à la démarche, dix-huit mois seront consacrée à élaborer un nouveau statut institutionnel selon deux objectifs majeurs : permettre une coexistence durable et harmonieuse entre toutes les populations de l’archipel ; fixer, selon un cadre accepté par toutes les parties,
la répartition des compétences entre l’État et la collectivité d’outre-mer à statut particulier Nouvelle-Calédonie. Aboutir à une solution consensuelle ne sera pas facile car les conditions de la tenue du referendum et le résultat sont contestables à plus d’un titre. Le refus de reporter le scrutin alors que la Covid-19 a particulièrement affecté la population kanak, a rendu impossible un bon déroulement de la campagne électorale et interdit de passer aux urnes dans des conditions satisfaisantes. L’appel au boycott du scrutin lancé par les indépendantistes a été entendu (abstention de la quasi-totalité de l’électorat kanak).
La participation a été inférieure à 45%. Enfin, du fait de la participation des uns et de l’abstention des autres, l’existence d’un clivage entre la grande majorité des Kanaks et les populations d’origine allogène a été confirmée. Les nationalistes corses et une partie de la gauche française ont vivement critiqué la volonté d’Emmanuel Macron de passer en force. Ils ont eu mille fois raison de le faire car, indéniablement, le droit à l’autodétermination du peuple kanak a été bafoué.
Ce passage en force est d’autant plus condamnable que si, dans quelques années, un nouveau referendum d’autodétermination est organisé, il risque d’avoir lieu sans que soit reconduite une disposition majeure et désormais caduque de l’accord de Nouméa : l’instauration d’un corps électoral spécifique empêchant la participation à ce type de scrutin de nombreux résidents d’origine allogène
Entre risque de dépendance et manigances
Il n’est pourtant pas interdit de penser, et tant pis si l’écrire me vaut d’être taxée de colonialiste, que le maintien de la souveraineté française soit plutôt une bonne chose pour le peuple kanak. Un mal pour un bien ? Ce maintien sera probablement assorti d’un statut d’autonomie qui accordera de nouvelles compétences, conservera les prérogatives des provinces (deux sur trois étant administrées par les indépendantistes) et garantira les institutions coutumières. Mais surtout, pour peu que France continue de soutenir une diversification économique et défende comme il se doit son domaine maritime, ce maintien préservera la Nouvelle-Calédonie d’une trop grande dépendance à l’exploitation d’une ressource, le nickel, et des manigances de puissants voisins.
Le nickel représente certes un atout : La Nouvelle-Calédonie est le quatrième producteur mondial ; la demande mondiale va croissant (+ 6 à 7% chaque année) ; les USA vont inscrire le nickel comme minerai critique pour leur économie ; la filière nickel emploie 15 000 salariés ; le nickel est au cœur de la transition énergétique car il est le principal composant des batteries électriques ; l’usine Prony Resources New Caledonia qui fournit un produit intermédiaire du nickel utilisé pour la fabrication de batteries des véhicules électrique vient de signer un contrat avec Tesla.
Mais l’atout nickel est fragile : la filière nickel dépend beaucoup de la croissance et des choix économiques et commerciaux de la Chine (70 à 80% de la production de nickel est destinée à ce pays) et de colossaux investissements que demande une indispensable modernisation. Quant aux manigances de puissants voisins, si l’archipel était devenu indépendant, elles auraient été inévitables car de par sa proximité avec l’Australie et la rivalité croissante entre la Chine et les USA à l’échelle de l’Océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie peut représenter un enjeu brûlant.
Alexandra Sereni