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Taboue la dépression

La dépression est en peine de reconnaissance. C’est pourtant une maladie de grande ampleur, avec des symptômes réels, aussi bien physiques que psychologiques.
L’INSERM a établi qu’en France, une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie, soit 15 à 20 % de la population. D’après l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la dépression est en passe de devenir la 2e cause d’invalidité à travers le monde, après les troubles cardiovasculaires. C’est une vraie maladie, pas une tocade, ni une faiblesse de caractère, ni une fatalité.

Diagnostic difficile

La dépression est un trouble de l'humeur caractérisé par la perte de la motivation et de la vitalité d'un individu et qui peut être associé à différents symptômes comme le manque d'estime de soi, le désespoir, l'angoisse, la tristesse, l'anxiété, les pensées négatives, les idées noires et les intentions suicidaires. Il faut bien distinguer la déprime de la dépression. Si la première est une humeur passagère, la seconde est une vraie maladie qui peut empêcher de vivre. Le risque de suicide est particulièrement élevé et concerne 10 à 20 % de ces patients. L’association de traitements biologiques (les médicaments antidépresseurs en première intention) et de traitements psychothérapiques bien conduits permet de soigner efficacement le trouble dépressif caractérisé et d’éviter la survenue de nouveaux épisodes dépressifs. 75 % des malades rechutent dans l'année, s'ils ne bénéficient pas de prise en charge et d'accompagnement. C’est la première cause d'hospitalisation en France. D’après le rapport de la commission de santé mentale, celle-ci est le premier poste de dépenses de l’Assurance Maladie, devant le cancer et les maladies cardiovasculaires, avec 22,5 milliards d’euros par an.


Connotation négative

La dépression n’est pas bien vue, par la société et par les malades eux-mêmes qui tentent souvent de minimiser leur mal-être, parce que la vie n’est pas si noire après tout. Le dépressif est souvent stigmatisé, l’entourage ne comprenant pas pourquoi il n’est pas capable de se bouger, de se secouer. Le terme « dépression » lui-même est souvent employé à tort dans le langage courant pour décrire les inévitables périodes de tristesse, d’ennui et de mélancolie que nous sommes tous appelés à vivre à un moment ou à un autre sans qu’il s’agisse pour autant d’une maladie. Par ignorance et par crainte, les troubles psychiques restent tabous. La dépression survient généralement sous forme de périodes dépressives qui peuvent durer des semaines, des mois voire des années. Selon l’intensité des symptômes, la dépression sera qualifiée de légère, modérée ou majeure. Dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide. En Corse, 9500 personnes environ sont atteintes de troubles psychiques graves (schizophrénie, bipolaire, dépression, toc…). En Corse-du-Sud, on évalue à 4360 personnes, dont 2000 à Ajaccio, touchées par les troubles psychiques. En Haute-Corse, il s’agit de 5100 personnes dont 1300 à Bastia qui sont victimes de ces troubles. On estime à plus de 28 500 le nombre d’aidants familiaux en Corse confrontés aux difficultés liées aux troubles d’un proche, 13 080 en Corse-du-Sud (6000 à Ajaccio), 15 300 en Haute-Corse (3900 à Bastia).


Une sensibilisation difficile

Dépression, anxiété, burnes dépassées… Personne n’est à l’abri, mais peu sont ceux qui font la démarche de consulter. La dépression survient à tout âge, y compris dans l’enfance, mais elle apparaît pour la première fois le plus souvent à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. En parler rapidement à un professionnel de santé est le premier pas vers la guérison, car plus on attend, plus le processus de rétablissement est long et difficile. Les troubles dépressifs sont classés en plusieurs entités : les troubles dépressifs majeurs, les troubles dysthymiques, les troubles dépressifs non spécifiés, la dépression saisonnière et la dépression postpartum, qui affecte 60 à 80 % des femmes après un accouchement. Pour sensibiliser le public sur les questions de santé mentale, des semaines d’information sont organisées. Cette année elles se tiennent du 16 au 29 mars, sur le thème « Santé mentale et discriminations ». Selon la définition de l’OMS, la santé mentale est « un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ». Il n’y a donc pas de santé, sans santé mentale.
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