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La bataille du Vazzio

La production électrique en corse , la grande question.......

La bataille du Vazzio



Au début des années 1970, EDF décidait de lancer le programme de Lucciana (88 Mwh). La centrale entrait en service en 1974 alors que la bataille contre les Boues rouges faisait rage. Les besoins insulaires en courant électrique avaient été multipliés en un quart de siècle par 17 contre 5 pour la France entière. EDF décide donc d'une implantation dans le sud de la Corse, à Porto Pollo exactement après la construction d'un barrage sur le Taravo.


Le refus du câble


C'est sous la pression de la CGT principal syndicat chez EDF que, pour des raisons d'emploi (les autonomistes et les Verts parleront du refus de l'énergie nucléaire) qu'EDF exclut d'emblée le transport par câble sous-marin. Dès l'annonce, un Comité de défense de l'environnement est constitué qui rassemble toute la mouvance autonomiste alors en pleine ébullition. , au sein et autour duquel se rassemblent « dans la même bataille Le président du comité, l'ancien conseiller général Antoine Abbatucci, dénonce les dangers de pollution. Après une mobilisation locale, EDF renonce à Porto-Pollo et choisit la zone du Vazzio sur proposition de la ville d'Ajaccio alors aux mains des Bonapartistes. Mais il faut faire vite : la puissance de pointe nécessaire à la Corse double tous les cinq ans. Si rien n'est fait en 1979, il faudra s'attendre à délestage et donc des coupures de courant. De plus, le chantier et la centrale permettront de créer des emplois : une cinquantaine de permanents et une centaine d'induits.

Début de contestation


En 1978, soit trois ans après Aleria et deux ans après l'apparition du FLNC, la contestation est lancée par le GARDE (Groupement d'Ajaccio et sa région pour la défense de l'environnement). Non sans raison le GARDE fait valoir qu'au lieu d'une centrale au fuel on pourrait développer d'autres sources d'énergie comme le solaire et l'hydraulique particulièrement. Il est rejoint par divers syndicats régionaux, l'Union des consommateurs, le Syndicat d'initiative d'Ajaccio, les hôteliers, la Chambre d'agriculture, les FDSEA et CDJA de Corse du Sud, le Conseil de l'ordre des médecins, le PS, le PC et les autonomistes. Le Garde affirme (ce qui s'est vérifié par la suite) que la construction d'une centrale thermique de 160 Mwh utilisant 800 à 1 000 tonnes de fuel provoquera inévitablement une forte pollution atmosphérique ce que réfute EDF.

Quand le FLNC entre en scène


Dans la soirée du 15 mai 1978, le FLNC plastique le siège d'EDF-GDF situé en plein centre d'Ajaccio. L'organisation clandestine dénonce le choix d'EDF de choisir « une énergie polluante et chère au moment où les pays méditerranéens s'orientent vers l'énergie solaire, source de richesse et de développement non-polluant pour la Corse ». Elle affirme qu'EDF « méprise et refuse la volonté du peuple corse » et qu'ainsi est constituée « une mise en dépendance de la Corse aux trusts pétroliers internationaux ». Les travaux sont suspendus sur décision gouvernementale puis reprennent après un gel de onze mois. La prise d'eau sera faite dans le Prunelli au niveau de Pisciatella.

Un baroud d'honneur


En 1981, la gauche accède au pouvoir et concède à la Corse un statut particulier l'année suivante. La première Assemblée de Corse tient un débat sur l'énergie et, le 12 novembre 1982, sous la pression d'un Comité anti-Vazzio prend la décision d'arrêter l'équipement de la centrale, où cinq des huit moteurs sont déjà installés. Cette décision de l'Assemblée est déférée par le préfet au Tribunal administratif, qui la déclare infondée, la Région étant dans ce domaine incompétente.

EDF s'apprête alors à installer le sixième moteur, dont la mise en service était prévue pour la fin 1983. Le 1er novembre 1984, à 7 h 20, sur le port d'Ajaccio, un commando s'empare d'un convoi exceptionnel de 27 mètres de longueur qui transporte un rotor pesant à lui seul 74 tonnes, pièce principale de l'alternateur dont la mise en service était prévue en février 1985 à la centrale du Vazzio. L'attentat est revendiqué le 5 novembre par U gruppu d'azzione corsu di u primu nuvembre qui prend à son compte la rhétorique du FLNC. C'était un baroud d'honneur car la centrale du Vazzio sera bel et bien achevée. Devenue obsolète après qu'il a été démontré qu'elle n'était plus aux normes nouvelles, elle devait disparaître en 2000. Vingt-deux ans plus tard, elle est toujours là tandis qu'autour d'elle l'habitat s'est densifié. On parle de la nouvelle centrale du Ricanto sans que le carburant qui doit l'alimenter ait été précisé et que le premier coup de pioche ait été donné.

GXC
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