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Des inquiétudes pour l'avenir
« Anima », festival de musique…
et des inquiétudes pour l’avenir

Joie. Enthousiasme. Bonne humeur. Energie. C’est dans cette atmosphère que l’Ecole de musique d’Anima a fait, quatre jours durant, son festival, qui célèbre aussi le printemps… N’empêche, malgré cette réussite des nuages s’amoncellent à l’horizon de ce Centre culturel de la Plaine orientale.


Au programme des festivités :
cinq concerts dont trois assurés par les élèves et deux par des chanteuses et musiciens professionnels. Anna Rocchi et sa fille, Doria Ousset ont ainsi mêlé ou plutôt entremêlé leurs voix illustrant leurs deux univers musicaux. Celui du Riacquistudont elle fut une figure emblématique pour la mère. Celui de la scène contemporaine pour Doria Ousset. Points communs des deux artistes, un accent fort porté sur la langue corse, une volonté de puiser dans la tradition tout en la vivifiant et en l’actualisant.

Professionnel aussi, le duo, piano et guitare de Missak et Maël Morin s’est produit dans un récital véritable invitation au voyage sur des airs d’Éric Satie à Dhafer Youssef, de Chick Corea à Abdoulaye Diabaté.

A l’honneur du côté des élèves la pratique collective de la musique, qui a constamment été au cœur du projet pédagogique d’Anima. Des formations d’orchestre d’une grande variété incluant cordes, vents, sections rythmiques (guitare, piano, basse, batterie) et des voix de l’atelier de chant des enfants de même que des solos. Les uns et les autres interprétant de très célèbres musques de films et des standards de la chanson internationale.

Une affiche réunissant « jeunes pousses et vieilles branches » – l’amusant libellé est des organisateurs – avec de tout jeunes violoncellistes et de moins jeunes, avec Show de Vents – l’atelier à vent – autour de morceaux devenus des classiques du genre, autour de l’adagio du concerto n° 23 de Mozart, autour de « La valse de Jacques » en hommage à son compositeur, Jacques Nobili, avec la participation des musiciens de Timpanu de Calvi.

Manière de contrer des difficultés financières et de garder foi en l’avenir, Olivier Van der Beken, le directeur d’Anima, espère pouvoir concrétiser une idée qui lui est chère : un parcours artistique et cultuel destiné aux enfants de maternelle jusqu’aux lycéens de terminal. Ce projet ne laisse pas insensible la Collectivité de Corse, bien au contraire et c’est réconfortant. A la rentrée prochaine il devrait connaître un début de réalisation dans deux classes de primaire sur la durée de l’ensemble de l’année scolaire.

Michèle Acquaviva-Pache


Anima ou 350 inscriptions pour 2022 – 2023.

Une Ecole de musique où les jeunes peuvent se roder et se perfectionner à de nombreux instruments et jouer dans des formations d’orchestre.
Des ateliers d’arts visuels et de théâtre.
L’Ecole de musique fonctionne à Prunelli di Fium’Orbu.
Les arts visuels ont pour cadre la Villa Santoni à Prunelli.
Les spectacles et les concerts ont lieu salle Cardiccia.
Deux salles sont à disposition sur Aleria pour accueillir théâtre, arts visuels, musque.



ENTRETIEN AVEC OLIVIER VAN DER BEKEN.

Vous alertez sur vos difficultés financières. Mais pourquoi l’année 2022 est-elle déficitaire ?
Pendant les années Covid nous avons fortement réduit la diffusion de spectacles tout en développant nos activités de formation artistiques. Nous avons embauché une Dumiste(Diplôme universitaire de musicien) pour intervenir dans l’enseignement primaire. Avec la reprise de notre programmation nos charges ont augmenté alors que nos produits ont stagné ou même diminué, d’où un déficit en 2022.

Quelle est la situation administrative d’Anima ?
Nous étions Centre culturel avec un financement global mais cette appellation n’est plus la nôtre. Maintenant nous avons le label, « Pôle territorial de formation à la pratique artistique ». Nous sommes cinq associations culturelles en Corse à avoir ce label. Nous sommes également « Scène de diffusion ». Le hic, c’est que ces deux aides ne sont pas cumulables et ne doivent pas dépasser le plafond le plus élevé de ces subventions. En outre l’ensemble de nos aides n’ont pas bougé depuis 2013 tandis que celles des communes sont plutôt à la baisse.

De quelle manière se présente 2023 au plan du budget ?
Les perspectives sont encore plus sombres qu’en 2022. En effet, la programmation des spectacles est plus coûteuse. En prime les indices salariaux ont augmenté de 5% auxquels s’ajoute l’inflation.

Si les difficultés économiques se poursuivent, quelles seront les conséquences sur les activités artistiques, sur l’emploi, sur les tarifs d’inscription des élèves ?
Si nous n’avons pas plus de moyens nous devront réduire de 20% nos activités de formation, de diffusion, et les salaires. Nous avons rencontré Antonia Luciani, responsable de la culture à la Collectivité de Corse. Elle a très bien compris notre problème et nous a alloué une subvention exceptionnelle pour 2023 de 30 000 euros… L’un dans l’autre nous espérons de la sorte ne réduire nos activités que de 10% tout en augmentant nos tarifs d’inscription de 15%. Soulignons que pour être accessible aux foyers ayant des revenus modestes nous tenons compte du quotient familial.

Où en est le renouvellement de votre conventionnement avec la CdC ? Est-il toujours triennal ?
Ce renouvellement est retardé car on attend le règlement de aides modifiées pour la fin avril. Ce conventionnement doit ensuite franchir plusieurs étapes administratives. Conséquences durant six mois on vit grâce à un emprunt à la structure, « Corse Active », et sur notre trésorerie. On espère que le nouveau conventionnement sera abondé plus largement. Désormais il doit courir sur deux ans et sera signé en juin pour 2023… ce qui est un peu juste ! Il serait opportun que cette signature intervienne plutôt.

Quel es l’apport des communes de Plaine orientale que vous couvrez de vos actions ?
Sans conteste c’est Prunelli di Fium’Orbu qui est la plus généreuse car en plus d’une dotation de 15 000 euros d’aide directe, elle met à notre disposition le local de la salle de l’Ecole d musique et la salle Cardiccia. Puis viennent les petites subventions de Ghisonaccia, de la Communauté de commune l’Oriente (autour d’Aleria), de Solaro et de Solenzara. Il faudrait que nous motivions plus ces communes car nous faisons beaucoup de choses dans leurs écoles et touchons ainsi beaucoup d’élèves. Avec notre programmation scolaire nous intervenons de Porto Vecchio à Folelli, ce qui représente un large rayon d’action. Certes, c’est plus facile pour ces communes de soutenir les activités sportives qui sont peut-être mieux identifiées sur leurs territoires. Mais nous souhaitons la parité.

Existe-t-il des réticences politiques à l’encontre d’Anima ? Si oui, lesquelles ? Accordez-vous une assez large place à la langue corse ?
S’il y a des réticences politiques, je suis incapable de le dire, car elles ne sont pas exprimées. En ce qui concerne la langue corse nous soutenons sans distinction la création francophone et la création corsophone. Le handicap est de trouver des intervenants en langue corse compétents. Pour palier à ce manque il faudrait se tourner vers la formation des Dumistes… Pour moi la culture est un outil d’émancipation et non d’assignation. Elle doit ouvrir sur d’autres réalités et d’autres façon de penser.

Où en est le fameux centre culturel de Ghisonaccia ? Existe-il une concurrence avec Anima ?
Il s’agit en fait de deux infrastructures : une salle de théâtre à Ghisonaccia et un école des arts à Prunelli di Fium’Orbu. Pour la première le financement du bâtiment est acquis, manque pour l’heure le budget de fonctionnement. L’école des arts devrait nous permettre de regrouper nos activités en un seul lieu et non plus sur quatre. Son financement est acquis. Les travaux de ce beau projet architectural devraient démarrer en juin.

La situation économique problématique et l’inflation ne bornent-elles pas toutes vos ambitions ?
Cela nous fragilise alors que nous étions en consolidation. Pour éviter un coup d’arrêt nous cherchons des alternatives, en particulier en direction des écoles.

Propos recueillis par M.A-P













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