Crises de foi
Le printemps est la saison des fêtes religieuses,......
Crises de foi
Le printemps est la saison des fêtes religieuses, avec le Ramadan, Pâques, et celle des fêtes païennes de renaissance avec les vieilles croyances liées à l’équinoxe de printemps, propice aux rites et cérémonies des adeptes du chamanisme et du druidisme. Entre croyances et superstitions.
Déclin de la religiosité
Être croyant ne signifie pas forcément être religieux ou soumis à une institution. D'autres formes de spiritualités co-existent. Au début des années 1950, très peu de Français ne se disaient pas affiliés à une religion. En effet, jusque dans les années 1960, la religion catholique exerçait un pouvoir important sur la société. Mais selon l’enquête européenne sur les valeurs (EVS), ils étaient, 58 % dans cette situation en 2018 contre seulement 27 %en 1981. La France est l’un des pays européens les plus sécularisés, où il y a la plus forte proportion d’« athées convaincus ». 64 % des Français n’assistent jamais à un office religieux et 56 % ne prient jamais. On assiste à une montée de l’indifférence religieuse, et une perte d’intérêt et de préoccupation pour les questions religieuses. D’après une enquête européenne sur les valeurs (Arval) de 2021, 32 % des Français se déclaraient catholiques en 2018. Selon l'Église de Corse, 9 Corses sur 10 se déclareraient catholiques. Pourtant l’île n’échappe pas à la désertification des églises lors des messes dominicales : il y a de moins en moins de pratiquants, alors que paradoxalement on assiste à la résurgence des confréries.
Émergence d’irréligiosité
L’irréligion comprend une variété d’attitudes. Les irréligieux comprennent aussi bien ceux qui affirment ne pas croire en Dieu (44 % en 2018 contre 29 % en 1981, selon EVS 2018) que des agnostiques, individus qui disent ne pas savoir qu’en penser (environ un quart de la population) et des sceptiques qui doutent de son existence. Mais cela ne veut pas dire ne pas croire au surnaturel : d’après l’enquête ISSP de 2018, si 36 % des Français se disent ni religieux ni spirituels, 18 % se disent non religieux, mais spirituels, ouverts au sacré et au surnaturel. Environ un quart de ceux qui ne croient pas en Dieu croient plus ou moins aux porte-bonheurs et aux horoscopes. On peut aussi ne pas croire en Dieu, mais être séduit par des croyances alternatives à celles des grands systèmes religieux, comme l’efficacité des porte-bonheurs, des voyantes, des guérisseurs ou du signe astral.
En quête de spiritualité
La spiritualité se situe donc sur un terrain où se rencontrent religions, philosophie, psychologie, dont les différentes approches sont souvent conflictuelles, mais aussi complémentaires. Le concept de spiritualité est relativement controversé, car ses attributs varient en fonction de sa définition laïque ou religieuse. Pourtant, il ne faut pas confondre spiritualité et religion, même si la religion est aussi un phénomène social et pas simplement un rapport individuel à la transcendance. D’après Rousiau et Renard, la spiritualité se définit comme « une recherche intérieure, propre à chaque individu en quête de sens et de buts dans l’existence. […] C’est une force qui connecte l’individu avec lui-même, les autres et l’environnement. » On peut donc en conclure que la spiritualité existe sans être religieuse. On peut donc être spirituel et athée.
Nouvelles spiritualités
Chamanes, sorcières et magiciennes, devins, druides, astrologues, énergéticiens… Il y a de plus en plus d’adeptes de ces pratiques new age qui reconnectent à des pratiques hétéroclites et des références mystiques. Le phénomène a commencé dès le XVIIIe siècle et s'est accéléré avec la société de consommation et d'abondance dans les années 1960. Selon un sondage Ipsos, 70 % des 18-24 ans croient à de nouvelles formes de spiritualités. L'astrologie, la sorcellerie ou encore la voyance ont de plus en plus de succès chez les jeunes. Un business florissant qui peut s’apparenter à un nouvel opium du peuple et un danger de type sectaire, qui prospère grâce à Internet et aux réseaux sociaux. La spiritualité est devenue mainstream, car plus souple que les religions trop autoritaires et dogmatiques. Une approche qui se nourrit de tous les courants de l’ésotérisme et du développement personnel et qui surfe sur le néopaganisme, sans remettre en cause notre héritage monothéiste. Un engagement spirituel hétéroclite qui s’adapte aux préoccupations contemporaines, une sorte de religion à la carte, où la quête de sens n’est plus religieuse, mais dans la réalisation de soi.
Maria Mariana