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L'amère victoire de Macron sur les retraites

Le Conseil Constitutionnel a très logiquement repoussé la seconde proposition de référendum demandé par la gauche.

L’amère victoire de Macron sur les retraites


Le Conseil Constitutionnel a très logiquement repoussé la seconde proposition de référendum demandé par la gauche. Il ne reste plus comme possibilité de voir la loi sur les retraites annulée que la proposition de loi proposée le 8 juin par la LIOT. Maigre espérance ! Mais si en apparence le président de la République l’a emporté au forceps, il sort en réalité exsangue du combat et vient d’offrir un ticket d’entrée magistral au Rassemblement national.

Des mois d’une mobilisation exemplaire


L’avis du Conseil constitutionnel sonne le glas de la bataille sur les retraites. Refusant toute forme de violence, l’union des syndicats se condamne à devoir accepter la conclusion d’un combat pourtant exemplaire. Des millions de personnes sont descendues dans la rue calmement ; 90 % de la population travailleuse rejetait la loi, près de 70 % des Français ont appuyé la bataille syndicale. En face, la majorité a usé de tous les artifices légaux pour faire passer la loi, mettant ainsi en contradiction la démocratie du peuple et la démocratie législative. L’ironie de l’histoire veut qu’alors que de pauvres gens se battaient pour conserver les 62 ans avec une retraite relativement misérable, on apprenait que députés et plus encore sénateurs appartenaient au club très fermé des 3 % parmi les Français les mieux payés. Ainsi la France des nantis a humilié la France des invisibles. Une fois encore. Mais le président n’a pas mesuré qu’en s’entêtant, il mettait à mal un corps intermédiaire indispensable à la démocratie : la force syndicale. Le pouvoir a usé pour emporter la victoire d’une violence répressive inédite en Europe, usant d’armes de guerre, n’hésitant à multiplier les garde à vue pour tenter d’empêcher les gens de manifester. Et les propositions du garde des Sceaux vont plus loin encore : loi anticasseurs, intervention clandestine sur les téléphones portables, fichage systématique des manifestants, usage des drones, etc. Est-ce vraiment ainsi qu’on calme une colère sociale ?

Le marchepied du Rassemblement national


Donc la loi est passée. Mais la colère est là et bien là. D’autant que la crise économique sanctionne lourdement les plus fragiles. À cela s’ajoute la crise climatique qui sévit déjà dans le sud-ouest et menace une partie du territoire. Et quand les mécontentements s’agglutinent, la crise démocratique cherche des débouchés dans la rue ou dans les urnes. En méprisant les syndicats, la majorité a ouvert la voie aux coordinations volatiles et à l'usage de la violence. Il ne fait maintenant plus aucun doute que l’actuelle présidence ne pourra durer quatre ans supplémentaires. Au fil des mois, la marge de manœuvre déjà ténue dont dispose le président Macron, va se réduire. Il suffit désormais de huit députés qui manqueraient à l’appel pour qu’une motion de censure soit votée. Pour l’instant, cela apparaît improbable. Les députés LR paieraient le prix fort au profit du Rassemblement national. Pour cette formation en état de coma avancé, ça serait un suicide assisté. Mais il n’est pas à exclure que le président Macron, furieux de l’attitude des Français, décide de précipiter le mouvement en dissolvant l’Assemblée. Le pari serait de porter Marine Le Pen au gouvernement et de l’obliger à faire ses preuves avant que le Rassemblement National ne soit en état de gouverner. C’est généralement ainsi que dans la Ve République, les présidents rognent les ailes des premiers ministres trop ambitieux.

La fin du dialogue avec la Corse


Comment ne pas évoquer ce théâtre d’ombres qu’est devenu le dialogue entre les élus corses et Paris. Le ministre de l’Intérieur semble vouloir retarder l’échéance finale quand il sera obligé d’annoncer que tout cela n’a jamais été très sérieux. La France ne parvient pas à résoudre l’équation de ses dominions lointains. Elle ne fera pas mieux avec la Corse. Peut-être proposera-t-elle une zone franche afin de satisfaire les chefs d’entreprises insulaires ? Elle accordera des rallonges destinées à rendre la continuité territoriale encore possible. Mais continuer à espérer un changement de statut aujourd’hui, dans les conditions de faiblesse politique du pouvoir, est tout simplement une faute politique. Aujourd’hui, tous ces ministres sont en sursis et on les voit mal s’aventurer sur le terrain miné que constitue notre île, qui a déjà fait chuter tant de gouvernements. L’exécutif corse devrait déjà se préparer à une retraite en bon ordre, un argumentaire convaincant pour ne pas donner l’impression d’une débâcle.

GXC
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