Démographie : Georgia Meloni et le Pape François la mano nella mano ou presque
Un cri d'alarme : Natalité en recul
Démographie : Georgia Meloni et le Pape François la mano nella mano ou presque
Les mesures prises par l’État et l’appel des associations familiales n’ont pas stoppé le déclin démographique que connaît l’Italie. Cela explique sans doute que la présidente du Conseil, Giorgia Meloni (dite néo-fasciste) et le pape François (réputé progressiste) aient mis entre parenthèses leurs différences et lancé un cri d’alarme.
Les données démographiques récemment publiées par l’Istat (Istituto nazionale di statistica) révèlent l’ampleur de la crise démographique chez nos voisins. La taux de fécondité (nombre moyen d'enfants par femme) est de 1,24 alors que 2,1 est nécessaire pour qu'une génération assure son remplacement. Dans trois régions du Sud dont la Sardaigne, il est même inférieur à 1. La chute du taux de fécondité et le vieillissement auxquels s’ajoute la présence croissante de populations étrangères suscitent des peurs (« grand remplacement », perte d’identité culturelle, régression de la conscience nationale) et des craintes (potentiel de croissance plus faible, baisse de la demande, recul de l’initiative et de l’innovation). Depuis le milieu des années 2010, les gouvernements de tous bords ont pris des mesures visant à relancer la natalité : en 2015, « bonus bébé » (80 € par mois et par enfant de moins de 5 ans pour toute famille gagnant moins de 1500 € / mois) ; depuis 2016, Journée annuelle de la Fertilité (sensibilisation à la maternité, à la paternité, à l’horloge biologique) ; en 2017, prêts financiers pour encourager les ménages à procréer ; en 2018, attribution de terres aux couples mariés pour agir à la fois contre la dénatalité et la désertification rurale. Par ailleurs, la société et la classe politique se sont mobilisées. En 2021, le Forum italien des associations familiales a initié des États Généraux de la Natalité auxquels ont participé de nombreux responsables politiques, économiques et syndicaux. Mario Draghi, le président du Conseil d’alors, et le Pape François ont d’ailleurs ouvert les travaux de cette rencontre dédiée
« à l’avenir de la démographie en Italie » et présentée comme « un appel à la coresponsabilité pour relancer le pays, en commençant par de nouvelles naissances ». Cependant, au vu des données susmentionnées, il apparaît nettement que « l’hiver démographique » (terminologie communément utilisée par les Italiens) est de plus en plus froid. Cela explique sans doute qu’à l’occasion de la troisième édition des États Généraux de la Natalité, la présidente du Conseil Giorgia Meloni (dite néo-fasciste) et le pape François (réputé progressiste) aient mis entre parenthèses leurs différences et lancé un cri d’alarme.
Consensus pour une action globale
Giorgia Meloni a d’abord déploré qu’une « culture dominante » et une « camisole de force idéologique » fassent que pour la jeunesse fonder une famille relève d’un « effort titanesque ». Elle a précisé : « Nous vivons à une époque où il est de plus en plus difficile de parler de la naissance, de la maternité et de la famille». Elle a ensuite affirmé la nécessité d’un consensus car « la natalité et la famille représentent une priorité qui dépasse les partis ». Enfin, elle a souligné la nécessité absolue d’une action globale et rappelé que son gouvernement s’y était attaché depuis qu’elle avait accédé aux responsabilités en octobre dernier, en prenant des mesures d’ordre politique (création d’un ministère de la famille, de la natalité et de l'égalité des chances), fiscal (en faveur des familles) et social (confirmant la politique du président du Conseil de centre gauche Mario Draghi ayant instauré en 2022 des allocations familiales universelles). Le pape François est allé dans le même sens. Il a mis en cause le contexte culturel : « Nous nous trouvons face à une culture peu amie, sinon ennemie, de la famille» […] Nous ne pouvons pas accepter passivement que tant de jeunes aient tellement de mal à concrétiser leur rêve de fonder une famille ». Il s’est réjoui d’une prise de conscience générale que la natalité et la famille représentent une priorité en constatant que « le monde de la politique, de l'entreprise, des banques, du sport, du spectacle, du journalisme » était présent « pour réfléchir sur la façon de passer de l'hiver au printemps démographique ». Enfin, lui aussi a mis en exergue l’impératif d’une action globale et, voulant peut-être aussi se démarquer quelque peu d’un consensus ne plaisant sans doute guère aux ouailles progressistes, il a insisté sur le volet social. Le souverain pontife a en effet mis en exergue que, dans des contextes de difficulté à trouver un emploi stable à temps plein, de salaires bas et de loyers élevés, le retour à une natalité dynamique se heurtait à l’impossibilité de vraiment planifier l'avenir et a conclu : « Nous devons préparer un terrain fertile pour qu'un nouveau printemps fleurisse […] Relancer la natalité signifie réparer les formes d'exclusion sociale qui affectent les jeunes et leur avenir ».
Alexandra Sereni
L’hiver démographique
Natalité en recul : nombre annuel de naissances inférieur à 400 000 pour la première fois depuis la période du Risorgimento (années 1860) ; 7 naissances et 12 décès pour 1000 habitants / Population vieillissante (période 2020-2022) : âge moyen passé de 45,7 à 46,4 ans ; habitants nés en 1938 plus nombreux que ceux venus au monde en 2018 ; + de 65 ans représentant 22,3 % de la population soit le plus haut niveau de l’Union Européenne / Nombre d’habitants en baisse : 58,851 millions d’individus au 1er janvier 2023 soit 179
Les mesures prises par l’État et l’appel des associations familiales n’ont pas stoppé le déclin démographique que connaît l’Italie. Cela explique sans doute que la présidente du Conseil, Giorgia Meloni (dite néo-fasciste) et le pape François (réputé progressiste) aient mis entre parenthèses leurs différences et lancé un cri d’alarme.
Les données démographiques récemment publiées par l’Istat (Istituto nazionale di statistica) révèlent l’ampleur de la crise démographique chez nos voisins. La taux de fécondité (nombre moyen d'enfants par femme) est de 1,24 alors que 2,1 est nécessaire pour qu'une génération assure son remplacement. Dans trois régions du Sud dont la Sardaigne, il est même inférieur à 1. La chute du taux de fécondité et le vieillissement auxquels s’ajoute la présence croissante de populations étrangères suscitent des peurs (« grand remplacement », perte d’identité culturelle, régression de la conscience nationale) et des craintes (potentiel de croissance plus faible, baisse de la demande, recul de l’initiative et de l’innovation). Depuis le milieu des années 2010, les gouvernements de tous bords ont pris des mesures visant à relancer la natalité : en 2015, « bonus bébé » (80 € par mois et par enfant de moins de 5 ans pour toute famille gagnant moins de 1500 € / mois) ; depuis 2016, Journée annuelle de la Fertilité (sensibilisation à la maternité, à la paternité, à l’horloge biologique) ; en 2017, prêts financiers pour encourager les ménages à procréer ; en 2018, attribution de terres aux couples mariés pour agir à la fois contre la dénatalité et la désertification rurale. Par ailleurs, la société et la classe politique se sont mobilisées. En 2021, le Forum italien des associations familiales a initié des États Généraux de la Natalité auxquels ont participé de nombreux responsables politiques, économiques et syndicaux. Mario Draghi, le président du Conseil d’alors, et le Pape François ont d’ailleurs ouvert les travaux de cette rencontre dédiée
« à l’avenir de la démographie en Italie » et présentée comme « un appel à la coresponsabilité pour relancer le pays, en commençant par de nouvelles naissances ». Cependant, au vu des données susmentionnées, il apparaît nettement que « l’hiver démographique » (terminologie communément utilisée par les Italiens) est de plus en plus froid. Cela explique sans doute qu’à l’occasion de la troisième édition des États Généraux de la Natalité, la présidente du Conseil Giorgia Meloni (dite néo-fasciste) et le pape François (réputé progressiste) aient mis entre parenthèses leurs différences et lancé un cri d’alarme.
Consensus pour une action globale
Giorgia Meloni a d’abord déploré qu’une « culture dominante » et une « camisole de force idéologique » fassent que pour la jeunesse fonder une famille relève d’un « effort titanesque ». Elle a précisé : « Nous vivons à une époque où il est de plus en plus difficile de parler de la naissance, de la maternité et de la famille». Elle a ensuite affirmé la nécessité d’un consensus car « la natalité et la famille représentent une priorité qui dépasse les partis ». Enfin, elle a souligné la nécessité absolue d’une action globale et rappelé que son gouvernement s’y était attaché depuis qu’elle avait accédé aux responsabilités en octobre dernier, en prenant des mesures d’ordre politique (création d’un ministère de la famille, de la natalité et de l'égalité des chances), fiscal (en faveur des familles) et social (confirmant la politique du président du Conseil de centre gauche Mario Draghi ayant instauré en 2022 des allocations familiales universelles). Le pape François est allé dans le même sens. Il a mis en cause le contexte culturel : « Nous nous trouvons face à une culture peu amie, sinon ennemie, de la famille» […] Nous ne pouvons pas accepter passivement que tant de jeunes aient tellement de mal à concrétiser leur rêve de fonder une famille ». Il s’est réjoui d’une prise de conscience générale que la natalité et la famille représentent une priorité en constatant que « le monde de la politique, de l'entreprise, des banques, du sport, du spectacle, du journalisme » était présent « pour réfléchir sur la façon de passer de l'hiver au printemps démographique ». Enfin, lui aussi a mis en exergue l’impératif d’une action globale et, voulant peut-être aussi se démarquer quelque peu d’un consensus ne plaisant sans doute guère aux ouailles progressistes, il a insisté sur le volet social. Le souverain pontife a en effet mis en exergue que, dans des contextes de difficulté à trouver un emploi stable à temps plein, de salaires bas et de loyers élevés, le retour à une natalité dynamique se heurtait à l’impossibilité de vraiment planifier l'avenir et a conclu : « Nous devons préparer un terrain fertile pour qu'un nouveau printemps fleurisse […] Relancer la natalité signifie réparer les formes d'exclusion sociale qui affectent les jeunes et leur avenir ».
Alexandra Sereni
L’hiver démographique
Natalité en recul : nombre annuel de naissances inférieur à 400 000 pour la première fois depuis la période du Risorgimento (années 1860) ; 7 naissances et 12 décès pour 1000 habitants / Population vieillissante (période 2020-2022) : âge moyen passé de 45,7 à 46,4 ans ; habitants nés en 1938 plus nombreux que ceux venus au monde en 2018 ; + de 65 ans représentant 22,3 % de la population soit le plus haut niveau de l’Union Européenne / Nombre d’habitants en baisse : 58,851 millions d’individus au 1er janvier 2023 soit 179