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Libye : l'espoir renaît

La situation politique semble en voie de stabilisation en Libye

Libye : l’espoir renaît


Après une décennie de guerre et de désordre, la situation politique semble en voie de stabilisation, la confiance est de retour et l’économie est repartie.



En 2011, Mouammar Kadhafi a été renversé et tué à l’issue d’un conflit armé ayant opposé ses troupes à des milices tribales et claniques ainsi qu’à des groupes islamistes l’ayant emporté grâce à un soutien militaire multinational sous l'égide du Conseil de sécurité de l'ONU (résolution du Conseil de sécurité ayant assuré vouloir protéger les Libyens après que les troupes de Mouammar Kadhafi aient violemment réprimé la contestation pacifique lancée par des intellectuels, une partie de la classe moyenne et la jeunesse urbaine dans le contexte du « Printemps arabe »). Avant ces événements, la Libye était certes une dictature. En revanche, le pays était prospère : importantes recettes tirées de l’exportation de pétrole, dette publique insignifiante (3,3% du PIB), croissance à deux chiffres (+ 10,6% en 2010). Le Fonds monétaire international (FMI) soulignait d’ailleurs l’excellence des fondamentaux de l’économie libyenne. En revanche également, l’État pratiquait une redistribution conséquente : gratuité de l’électricité à usage domestique, prix modique de l’essence, peu d’impôts et taxes, voitures vendues à prix d’usine, logement bon marché, prix subventionnés des aliments de base, éducation et santé accessibles au plus grand nombre.


Le pays au plus mal



En 2021, soit dix ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye était au plus mal. Deux autorités rivales se faisaient face : à l’ouest, le Gouvernement d'union nationale (GAN) reconnu par l’ONU, tenant Tripoli, la capitale du pays ; à l’est, l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, ayant le contrôle de Benghazi, la capitale de la Cyrénaïque. Ces deux autorités, disposant l’une et l’autre de soutiens internationaux, se disputaient au fil d’une succession de combats et de cessez-le-feu, le pouvoir sur le pays, la reconnaissance internationale, les ressources pétrolière et gazière et les revenus en étant tirés. A cette division du pays, s’ajoutaient des affrontements entre milices locales et des combats contre des groupes djihadistes. De par ce contexte, l’économie et les finances étaient à deux doigts de l’effondrement (désaffection des investisseurs internationaux, centaines de projets et chantiers à l’abandon, sommes colossales perdues par les entreprises et l’État, obligation de dédommager des groupes internationaux, dégringolade de la monnaie) et les Libyens subissaient l’insécurité, une inflation galopante et des pénuries.


Situation est en voie d’amélioration



Depuis l’an passé, la situation est en voie d’amélioration. La production et l’exportation de pétrole ont rebondi, ce qui génère un apport conséquent de recettes et de devises. Un dialogue a repris sous l’égide de l’ONU entre le GAN et l’ANL. Un exécutif intérimaire est en place à Tripoli. Des élections présidentielles et législatives auront peut-être lieu à la fin de cette année. Enfin, ces dernières semaines, de bonnes nouvelles incitent à l’optimisme. Première bonne nouvelle : au niveau politique, selon plusieurs observateurs et analystes, la mise à l’écart du Premier ministre Fathi Bachagha désigné en mars 2022 par le Parlement soutenu par l’ANL, indiquerait un rapprochement entre le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah qui dirige l’exécutif intérimaire et le maréchal Khalifa Haftar.
Ceci est suggéré par le fait que Fathi Bachagha qui s’était rapproché du maréchal en 2021, était honni par l’exécutif intérimaire après avoir, en 2022, tenté sans succès un coup de force pour s’emparer de Tripoli. Un apaisement total et un avènement de la démocratie tels que l’imaginent et le souhaitent les pays occidentaux n’est certes pas pour demain. Mais le rapprochement annoncé est facteur d’espoir pour les Libyens car il ouvre la porte à un retour à l’ordre et à une consolidation de la reprise de l’activité économique observée ces dernier mois. C’est d’ailleurs au niveau économique que résident les autres bonnes nouvelles. En effet, ces dernières semaines, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD) ont confirmée la reprise de l’activité économique et indiqué que le PIB réel libyen sera probablement d’au moins 17 % en 2023.


Signe qui ne trompe pas



Ces bonnes nouvelles ont confirmé les prévisions d’une importante agence internationale de soutien aux stratégies de croissance et d’évaluation des risques. En effet, en janvier dernier, un rapport de Fitch Solutions Country Risk & Industry Research prévoyait une forte hausse du PIB réel libyen en 2023 (+ 19,7 %) en tablant sur une amélioration de la stabilité politique qui permettrait une hausse de la production et de l’exportation de pétrole brut (actuellement plus de 90 % des recettes du pays), une légitimité renforcée de l’exécutif intérimaire qui élargirait la marge de manœuvre de ce dernier pour signer des contrats avec des entreprises étrangères, réaliser des investissements publics et aider les ménages à consommer davantage. C’est clair : après une décennie de guerre et de désordre, la situation politique semble en voie de stabilisation, la confiance est de retour et l’économie est repartie.
Signe qui ne trompe pas : en avril dernier, le groupe TGCC (Travaux Généraux de Construction de Casablanca), acteur majeur des travaux industriels publics et du BTP au Maroc et en Afrique subsaharienne, a créé une filiale en Libye et communiqué : « Le Groupe est confiant quant à la dynamique de développement à venir en Libye, et souhaite ainsi y contribuer en prenant part aux projets de construction dans le pays ».


Alexandra Sereni
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