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Fascinants faits divers

Qui n'a jamais éprouvé un plaisir coupable à se réjouir de regarder l'intimité d'une personne ?

Fascinants faits divers


Qui n’a jamais éprouvé un plaisir coupable à se réjouir de regarder l’intimité d’une personne ? C’est peu ou prou ce que l’on éprouve à la lecture ou visionnage des faits divers dans les médias. Qu’ils nous attristent ou nous révoltent, il est difficile de s’en détacher et de rester neutre.



Inclassables

Le fait divers est, en journalisme, un type d'événement qui n'est classable dans aucune des rubriques qui composent habituellement un média d'actualité. Par conséquent, les faits divers sont regroupés au sein d'une même rubrique, malgré l'absence de lien qui les unisse. Il s’agit d’un événement qui n’est pas politique, social, économique ni culturel. Il est donc inclassable et rangé dans la rubrique « Faits divers » des journaux. On y trouve souvent des faits tragiques, comme des accidents, des meurtres, des vols ou des catastrophes. La plupart du temps, les faits divers sont considérés comme peu importants car ils concernent peu de monde. Pourtant, il arrive fréquemment que des faits divers fassent l’ouverture du journal télé ou soient à la une de certains journaux. Comme les histoires de Jack l’Éventreur, du Dr Petiot, du petit Grégory, de Xavier Dupont de Ligonnès ou celle de Delphine Jubillar.
Certains faits divers sont importants au niveau régional, car il concerne directement les habitants. Parfois le fait divers fait aborder des thèmes plus généraux, et s’apparenter à un fait de société. Et il arrive que d’un média à l’autre le même fait ne soit pas classé dans la même rubrique. Ce qui était un fait divers dans une région devient une pure information dans une autre. Les récents événements qui ont perturbé le championnat de foot sont-ils à classer dans la rubrique sports ou faits divers? Les heurs survenus entre supporters de l’Olympique de Marseille et de l’AC Ajaccio dans le centre-ville deviennent sujet de société quand les autorités appellent à réguler la violence.
Dans les faits divers, il est souvent question de criminalité, de disparition, d’incendie, de drames en tout genre. Ici une alerte à la bombe qui contraint les habitants à évacuer leur immeuble. Là, un conducteur qui percute un troupeau de bêtes, et c’est la divagation animale qui ressurgit dans les débats. Les faits divers sont


Fait divers n’est pas potin

Ce qui différencie le fait divers du potin est que l’un est basé sur du journalisme, des faits, et que l’autre tient davantage du commérage et de la rumeur. Même si les deux peuvent relever d’une certaine forme de voyeurisme, au même titre que les gens qui ralentissent pour regarder les accidents de la route. Car on raconte mieux les trains qui déraillent que ceux qui arrivent à l’heure. Les histoires croustillantes et les anecdotes font partie du storytelling de l’information. Le feuilleton a toujours fait partie des médias, pour mieux accrocher les lecteurs, spectateurs ou auditeurs. Cela devient divertissant, nous éloignant des turpitudes de notre vie quotidienne.
Rien que pour l’année 2022, on a connu près de 1 000 homicides, plus de 3 000 morts par accident de la route, près de 200 000 violences intrafamiliales, près de 100 000 violences sexuelles, 147 féminicides… Du grain à moudre pour les médias, qui ont de quoi alimenter la rubrique fait divers.
Cet intérêt peut aussi s’apparenter à de l’empathie. Dans un article, le docteur Jacques Lecomte définit ainsi l’empathie émotionnelle : «Lorsque nous voyons quelqu’un souffrir, nous sommes nous-mêmes affectés.» Pourtant, les faits divers sont souvent méprisés par les intellectuels, à l’instar de Pierre Bourdieu. En 1996, le sociologue qualifiait les faits divers vus à la télévision de « choses futiles » pour occuper nos temps de cerveaux ».

Contre les fake news

Les faits divers sont une source inépuisable de fake news, puisque ce sont des faits qui ont la particularité d'être divers. Le phénomène des « fake news », ou « infox », revêt une importante particulière à l’ère digitale. Alors que les informations circulent plus librement que jamais, il est encore difficile de s‘assurer de la fiabilité de leur provenance. Ces fausses informations représentent un enjeu considérable, pouvant à la fois être utilisées dans le cadre de désinformation, ou afin d’augmenter le trafic d’un article en devenant viral sur les réseaux sociaux. D’où la loi du 22 décembre 2018 relative à la manipulation de l'information. Entre faits divers, fake news et complots, il est parfois difficile de s’y retrouver et de ne pas se faire manipuler.


Maria Mariana
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