Une société terriblement inégalitaire
Une situation explosive
Une société terriblement inégalitaire
L’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 proclame que « pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés ». Or, selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) publiée le 6 juin 2023, le taux d’imposition des ultra-riches diminue à mesure que leur fortune augmente. Ainsi, les 0,1 % les plus fortunés voient leur taux d’imposition passer de 46 % à 26 % pour les 75 foyers les plus riches.
Optimisation pour les uns détresse pour les autres
Cette étude tombe mal pour le président Macron. Alors que le pays a manifesté en masse contre la réforme des retraites sous prétexte d’un manque d’argent à venir, voilà que les chercheurs de l’IPP démontrent que l’impôt est parfaitement injuste et cette injustice est causée par l’optimisation fiscale permise par la loi française, notamment grâce aux holdings familiales. En effet, les actions et les dividendes des ultra-riches restent souvent dans ces structures et ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. Ces derniers sont essentiellement concernés par l’impôt sur les sociétés, dont le taux a été progressivement abaissé de 33 % en 2016 à 25 % en 2022.
La France, championne de l’injustice sociale
Cette iniquité pèse d’une façon passive sur les plus pauvres qui ne peuvent profiter de ce que rapporteraient les gains d’un impôt plus justement réparti. Mais il écrase surtout les classes moyennes qui proportionnellement sont celles qui paient le plus d’impôts. Seulement 44 % des foyers fiscaux paient l’impôt et le fardeau est d’autant plus lourd pour les classes moyennes se situant plutôt vers le bas de l’échelle. Le système macronien profite essentiellement aux ultra-riches. Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, ne détenait alors qu’une fortune estimée à 91,7 milliards d’euros. En 2023, grâce à l’explosion de LVMH en Bourse, elle a plus que doublé, atteignant le niveau record de 197 milliards d’euros. Bernard Arnault a même été quelques semaines l’homme le plus riche du monde devant Elon Musk. Et cela ne tient pas compte des réformes d’Emmanuel Macron qui ont supprimé l’impôt sur la fortune (ISF), mis en place la « flat tax » sur les revenus du capital et réduit le taux de l’impôt sur les sociétés. De fait, en 2023, les ultra-riches payent encore moins d’impôts qu’en 2016. L’impôt sur le revenu représente une toute petite partie de leurs impôts — moins de 2 %.
Pour une réforme des holdings familiale
Une des pistes suggérées par l’étude pourrait être de taxer les holdings familiales. Mais une telle réforme serait bordée par le droit européen et les décisions du Conseil constitutionnel qui avaient interdit un impôt à 75 % pour les revenus supérieurs à un million d’euros en 2012.
Pour les ultras-riches, c’est l’impôt sur les sociétés qui représente une part substantielle, mais le taux de l’impôt sur les sociétés est devenu très inférieur au taux supérieur de l’impôt sur le revenu. C’est cela qui explique qu’au fur et à mesure que lorsque les revenus sont principalement composés de revenus de sociétés, le taux d’imposition effectif de vos revenus diminue.
Une situation explosive
Même si le citoyen lambda est peu au courant de telles situations qui, en définitive, lui paraissent inaccessibles, il est sensible à la réalité quotidienne de plus en plus pesante. Comment en effet justifier une telle inégalité quand la majorité des foyers connaît des difficultés grandissantes à tout simplement se nourrir ? Il arrive un moment où l’injustice devient le ferment objectif de la violence sociale et des votes radicaux. Le grand danger en pareille situation est l’extériorité du pouvoir et de ses antennes à l’immense majorité du peuple. Le président Macron a commis une immense erreur en mettant à tapis les syndicats. Cette humiliation va laisser des traces et vraisemblablement renforcer la CGT. Côté politique, les perspectives sont plus nébuleuses. La gauche éclate en morceaux. LFI sans Jean-Luc Mélenchon va exploser. Le processus a déjà commencé. Le PS n’est plus qu’un fantôme tout comme le PC. Il reste le RN le parti du Ressentiment national qui agglomère le mécontentement des plus défavorisés sans pour autant réellement donner de solution à la crise. Comment ce parti, fondé sur des valeurs ultralibérales, va-t-il gérer ces situations qui mettent en exergue l’iniquité de la société ? Nul ne le sait. Il faudra bien qu’il révèle à un moment donné ses propositions. En attendant, le président Macron apparaît de plus en plus comme le président d’une France très aisée et peu au fait des difficultés de la base.
GXC