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Le patron, c'est Macron !

Le pouvoir décisionnel sera à Paris et non à Aiacciu

Le patron, c’est Macron !


Mais à y bien réfléchir, une, deux ou même trois ou quatre délibérations, qu’importe au fond. En effet, le pouvoir décisionnel sera à Paris et non à Aiacciu. On nous l’a d’ailleurs dit et redit.

Gérald Darmanin attend les propositions des élus corses. A l’issue du quatrième comité stratégique qui a eu lieu le 7 juin dernier, il a une fois de plus manifesté de l’impatience. Ces propositions devraient être connues au plus tard début juillet à l’issue d’une session extraordinaire de l’Assemblée de Corse.
Le président du Conseil exécutif et tous les groupes politiques assurent que leurs copies ne seront pas blanches. Certains ont d’ailleurs commencé à dévoiler un peu de ce qu’ils estiment être de la substantifique moelle. Au train où vont les choses, on peut d’ores et déjà considérer que la nouvelle manifestation d’impatience de Gérald Darmanin aura été la dernière.
On peut aussi se dire que Gérald Darmanin qui souhaite qu’un texte rassemble large, autrement dit au delà de la majorité siméoniste, risque fort de devoir faire avec au moins deux copies (celle des nationalistes et celle de la droite si les groupes nationalistes réussissent à s’entendre), avec davantage (si Core in Fronte et/ou Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa, jugent incontournable de faire cavalier seul).
Le ministre de l’Intérieur aura peut-être même droit à du bonus car Laurent Marcangeli, le député de la première circonscription de la Corse-du-Sud, a fait savoir qu’il entendait être une force de proposition aussi originale que majeure. Pour prévenir la dispersion des votes et le trop-plein d’idées, ou plus précisément pour montrer qu’il aura tout fait pour éviter d’en arriver là, le Conseil exécutif a fait savoir qu’il consultait large (société civile, ensemble des structures politiques de la mouvance nationaliste, associations de soutien aux prisonniers et anciens prisonniers politiques, structures politiques non nationalistes n’étant pas représentés à l'Assemblée de Corse), avait la volonté de prendre en considération ce qui lui était dit et rédigerait et proposerait un rapport qu’il déclarerait amendable. Mais, la seule évocation de ce dépôt a déjà donné lieu à des réserves.
Du côté des nationalistes, Jean-Christophe Angelini (président du groupe Avanzemu-Partitu di a Nazione Corsa) a déploré un manque de concertation en amont. Paul-Félix Benedetti (président du groupe Coire in Fronte) a admis l’idée d’un texte présenté par la Conseil exécutif mais demandé les principales organisation nationalistes puissent préalablement l’amender et le valider.
A droite, Jean-Martin Mondoloni (Un Soffiu Novu) a affiché son scepticisme quant à la possibilité de suffisamment rapprocher les points de vue et, en conséquence, a estimé peu probable que l’on aboutisse à la production d’un texte consensuel.
Du côté des amis du Président de la République, Jean-Jacques Ciccolini, le président des maires de Corse-du-Sud, n’a pas garanti que les propositions qui jailliront de la réunion des maires qu’il entend organiser, seront compatibles avec la copie du Conseil exécutif.

Qu’importe au fond

Il est raisonnable d’envisager qu’au mieux deux blocs de propositions seront finalement en lice et que l’on pourrait s’acheminer vers l’adoption de deux délibérations. Ce qui n’aurait d’ailleurs rien de choquant ou d’original.
En effet, lors du processus de Matignon, le 10 mars 2000, à l’issue d’un débat mémorable jusqu’au bout de la nuit, deux motions avaient été adoptées dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse.
L’une, majoritaire (26 voix), avait recueilli les votes de conseillers RPR, communistes, sociaux-démocrates, radicaux de gauche dont un, Emile Zuccarelli, était alors ministre, opposés à la dévolution d’un pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse.
L’autre, minoritaire (22 voix), avait recueilli les votes de Paul Giacobbi, radical de gauche et alors président du Conseil général de Haute-Corse, du libéral José Rossi et de ses amis, du socialiste Laurent Croce, de corsistes et de conseillers Corsica Nazione dont Jean-Guy Talamoni et Paul Quastana.
Mais à y bien réfléchir, une, deux ou même trois ou quatre délibérations, qu’importe au fond. En effet, le pouvoir décisionnel sera à Paris et non à Aiacciu. On nous l’a d’ailleurs dit et redit. En février dernier, quand il a traversé la rue pour s’inviter au troisième comité stratégique sur l’avenir de la Corse, Emmanuel Macron l’a bien fait comprendre. Il s’est dit ouvert à toutes les propositions. Il a indiqué qu'il était disposé à inscrire d'éventuelles évolutions institutionnelles dans son projet de réforme de la Constitution. Il a clairement signifié rester droit dans ses bottes concernant les deux «lignes rouges», à savoir « le maintien de la Corse dans la République» (d’ailleurs hors-sujet si l’on considère que la revendication de l’indépendance n’a été mise sur la table par personne) et « le refus de créer deux catégories de citoyens» (préoccupante si l’on prend en compte que, du côté de Paris, nombre de revendications avancées par les nationalistes peuvent être comprises comme génératrices de deux catégories de citoyens ).
Avant le 14 juillet ou ce jour là, c’est bien Emmanuel Macron qui tranchera. Selon sa vision ! Il n’est pas écrit quelle délibération lui conviendra ou lui déplaira. Il n’est pas exclu qu’il opte pour un mix. Il n’est pas interdit de penser qu’il juge opportun de retoquer les copies. Rien n’est écrit, rien n’est certain.
Seul chose à la fois claire et sûre: c’est Macron qui aura le dernier mot le patron, c’est Macron.


Pierre Corsi
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