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Si la corse devenait indépendante

Supposons que la Corse devienne indépendante.......

Si la Corse devenait indépendante


L’INSEE nous enseigne que de 2000 à 2018, la Corse a enregistré la plus forte croissance économique des régions françaises même si le premier secteur producteur de richesse en Corse reste l’administration publique. Et si le PIB par habitant est de 27 780 € et reste inférieur de 8 % à la moyenne des métropoles hors Île-de-France, l’écart s’est considérablement réduit au cours des dernières années. De plus, une moyenne masque les écarts de richesse dans une île en tête pour les grosses cylindrées, les voitures sans permis pour adolescent, etc.


Et si l’indépendance était là


Supposons que la Corse devienne indépendante et qu’après des années elle parvienne à devenir le 29e État membre de l’Union européenne et qu’elle puisse garder la même performance, elle se classerait 16e pays membre en termes de PIB par habitant. Mais elle subirait une baisse drastique des subventions dont elle profite largement et de la part de la France et de l’Europe. En cas d’indépendance, le déficit structurel de balance commerciale corse des biens et services augmenterait encore hors de l’Union européenne et de la zone euro, au moins au départ. Le financement de ce déficit est chiffré à 1,5 milliard d’euros voir le double puisqu’elle devrait prendre à sa charge non seulement le salaire de ses fonctionnaires, mais surtout le montant des retraites. Encore qu’il soit difficile de chiffrer précisément le coût du déficit.

L’aide européenne


Si un territoire d’un pays membre accède à l’indépendance, il se retrouve automatiquement hors de l’Union européenne. Et, partant, de la zone euro. Or sur la seule période 2014-2020, la Corse a bénéficié de 275 millions d’euros en provenance des fonds européens. Il faut souligner que des territoires comme la Polynésie ou la Nouvelle-Calédonie se situent hors l’Europe. Mais le manque à gagner est compensé par l’aide étatique ce qui n’empêche pas ces deux territoires de se trouver constamment en déficit et d’avoir besoin de l’argent français pour survivre.

L’euro remplacé par le soldu ou par le paoli


Les indépendantistes ont souvent caressé le rêve de frapper monnaie comme l’avaient fait le roi Théodore et Pasquale Paoli. Mais cette monnaie subirait d’emblée une rude dépréciation par rapport à l’euro, au dollar et aux autres monnaies fortes. Ce qui entraînerait mécaniquement une forte inflation dans une île où la plupart des biens de consommation sont importés et donc un drastique déficit commercial. La conséquence immédiate serait un effondrement du pouvoir d’achat et par là même une montée en puissance des réseaux de contrebande et donc de la mafia insulaire. Pour des raisons essentiellement culturelles, l’industrie manufacturière est peu présente dans l’île et la part des services spécialisés à haute technicité (informatique, NTIC, etc.) inférieure à la moyenne nationale ce qui est anormal à l’heure de la fibre et du travail téléporté. En revanche, les activités à faible valeur ajoutée (agriculture artisanale, commerce de proximité, restauration, construction…) y sont supérieures à la moyenne française. À l’inverse, la part des services publics et administrés (santé, enseignement, armée, police) très supérieure à cette moyenne. Or, ce sont des secteurs non productifs qui sont financés que par des apports de solidarité nationale. Jusqu’à maintenant, les partis indépendantistes n’ont jamais répondu à la question cruciale des moyens de financements d’une société qui vit essentiellement de subventions.

Des rêves qui resteront des rêves


Tout projet d’avenir se doit d’être financé faute de quoi, lorsqu’il arrive à éclosion il finit en drame. Cela a été le cas des sociétés communistes qui se sont achevées en dictatures, mais aussi de bien des indépendances en Afrique et en Asie. Faute de véritables projets viables, elles ont réprimé des peuples jugés indignes du rêve initial. Les anciennes colonies asiatiques ont versé dans un capitalisme sauvage dont les règles sont implacables pour produire du profit. D’autres se sont tournées vers de grandes puissances financières, étatiques ou commerciales qui ont remplacé l’ancien statut colonial par une oppression plus sournoise, mais aussi plus efficace. En Corse, jamais les groupes indépendantistes n’ont produit le moindre document expliquant leurs feuilles de route. Leur rêve est resté dans les limbes tout simplement parce qu’aujourd’hui le concept même d’indépendance ne veut plus rien dire. La complexité économique fait que chaque partie est étroitement dépendante de l’autre et que nous vivons encore sous les rapports de force établis après la Seconde Guerre mondiale. Cela change et des puissances émergentes comme la Chine s’imposent. Mais cela aura-t-il la moindre influence directe sur la Corse ? On peut en douter.

GXC
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