Barbara furtuna : Une saga familiale enthousiasmante
Un vrai roman famillial
Barbara furtuna : Une saga familiale enthousiasmante
J’ai connu Gabriel Culioli au millénaire dernier. Nous partagions un même idéal révolutionnaire qui s’est avéré, au fil des décennies être un beau mirage. Puis nous nous sommes perdus de vue avant de nous retrouver à l’occasion d’un séjour en Corse. J’ai pu grâce à lui apprécier des paysages extraordinaires en adéquation avec leur histoire. J’en garde un souvenir ému, amical et enrichissant. Aussi quand il m’a demandé d’écrire une critique sur le premier volume de la trilogie Nos terres promises qu’il a écrit avec Jean-Marc Michelangeli, je n’ai pas hésité en y mettant une condition : que le contenu de ce premier volume intitulé Barbara furtuna me plaise. Il m’a donc envoyé le fichier PDF de l’ouvrage. Et j’avoue ne pas avoir été déçu.
Un vrai roman familial
Dans une ancienne vie, j’ai été un critique littéraire prolixe qui a souvent sévi sous différents pseudonymes un peu par secret un peu par lâcheté. Je ne vais donc pas déroger à cette règle. Je vais d’abord tenter de faire partager mon enthousiasme cet ouvrage écrit à quatre mains. La tendance actuelle est trop souvent en France à l’autorécit romancé. Ou parfois pas. Chacune et chacun se complaît à peindre sa jeunesse, son inceste, règle ses comptes avec sa famille, redécouvre son père. Là, rien de tel. Barbara furtuna est un fleuve impétueux qui nous mène du tout jeune État d’Israël — magnifiques premières pages — à la Corse de la Belle Époque avec pour centre névralgique Marseille. Lorsque Orso, un de nos héros se rend en Palestine sous mandat britannique il est alors guidé par Salomon Vidal, son ami à la vie à la mort, sioniste de la première heure qui milite pour l’émergence d’un foyer juif sur les terres bibliques. Car l’un des grands plaisirs de cet ouvrage est la rencontre toujours passionnante des destins individuels avec les tourments de la grande histoire. Et malheureusement, le demi-siècle que parcourt la trilogie a, hélas, été d’une triste et foisonnante richesse en la matière : la Grande Guerre, les Années folles berceau de l’irrésistible ascension des totalitarismes nazi et stalinien, la guerre d’Espagne, le Front populaire et enfin l’occupation nazie dans toute l’Europe. Eh bien, ils sont là les Noël, les Santa, les Salomon qui vivent avec passion les combats de cette époque.
Un livre sur des Corses qui aborde le mystère de la condition humaine
La Corse reste un mystère pour la France, mais, aussi semble-t-il pour les Corse eux-mêmes. Barbara furtuna ne contient pas d’explications pour résoudre l’équation insulaire. Mais sa lecture permet de pénétrer ce maquis où s’affrontent les caractères, les partis politiques, les fameux clans. De façon plus vaste, c’est en quelque sorte un livre sur la condition humaine. Car le propos dépasse largement la seule Corse comme le personnage de Napoléon ne saurait se résumer à son enfance ajaccienne ou à ses origines familiales. Barbara furtuna, qui tire son titre du chant lancinant des exilés corses, évoque le déchirement de tous les émigrés du monde lorsqu’ils deviennent immigrés en terre étrangère ou presque. C’est l’approche de la nécessaire schizophrénie de ceux qui quittent une culture sans vraiment l’abandonner et se coulent dans une autre sans totalement l’adopter.
Des personnages complexes et contradictoires
La force de Barbara furtuna est de sculpter des personnages, des caractères dirait-on dans la langue de Shakespeare, sans les caricaturer. Noël, le trop jeune patriarche de la famille Luciani, veut sortir les siens de la misère, mais reste accroché aux valeurs de son enfance corse. Sa jeune épouse, Santa, meurtrie par les terribles séquelles familiales de la guerre, désire au contraire s’éloigner de ces valeurs qu’elle ressent comme une oppression. Orso, le frère de Noël devenu policier, paraît indifférent à de tels dilemmes et pourtant les incarne jusque parfois dans l’excès à travers son combat contre la mafia corso-marseillaise mené avec une violence inouïe et un parfait mépris des lois.
Des personnages en contrepoint
Les auteurs ont gravé en contrepoint des principaux héros ceux de leurs âmes sœurs. Noël a connu dans les tranchées de Charles, l’un des personnages les plus intéressants du livre, parce que terriblement paradoxal. Il n’est à sa première apparition dans le roman qu’un petit garçon, que la foule lapide alors qu’il vient assister à l’enterrement de son père, un notable, qui ne l’a pas reconnu. Nous le retrouvons âgé de seize ans dans les tranchées, adolescent lumineux qui apporte un réconfort indispensable à Noël. Plus tard, il s’affirmera communiste, suivant Simon Sabiani, un héros de la guerre, jusque dans sa dérive fasciste. Orso est devenu l’inséparable ami de Salomon, ce juif marseillais qui se bat pour la création d’un état juif en Palestine. Orso a quitté sa terre natale et ne parvient plus à retrouver ses marques. Salomon, au contraire, rêve d’une terre qui n’est sienne que dans son espérance la plus folle, une espérance vieille de presque deux millénaires. À ses côtés, Orso va s’éveiller à la conscience antiraciste et à l’antifascisme. Santa, admirable jeune femme, connaîtra l’amitié la vraie avec Cristina, une jeune Belge installée à Marseille, meurtrie par la vie. Et puis surgira Louise, mystérieuse jeune femme qui aime les grands voyages et professe un amour exclusif pour les femmes.
Un roman bâti comme un scénario
Le roman a été bâti d’une façon scénaristique par petites touches impressionnistes, par petites scènes qui, on s’en rend petit à petit compte, en prenant de la hauteur, forme en fait un tableau complet. Les petites histoires finissent par se couler dans la grande histoire ce qui nous rappelle qu’elle n’existe que grâce aux parcours subjectifs des individus des plus humbles aux plus célèbres. Que serait Napoléon sans ses grognards ? Mais également comment les dictatures existeraient-elles sans l’assentiment bruyant ou muet d’une majorité de citoyens ? Dans Barbara furtuna nous assistons ou plutôt nous vivons la montée en puissance de la mafia corso marseillaise conduite par les deux gangsters François Spirito et Paul Carbone qui vont finir par s’acoquiner à Simon Sabiani, mais aussi celle de l’intolérance et du fascisme. Redoutable attelage que la politique et la voyoucratie. Orso veut démanteler le premier grand trafic d’héroïne, ancêtre de la célèbre French connection des années 1960-1970. Il agit avec un courage débridé, mais avec des méthodes dignes de celles des escadrons de la mort.
Des personnages féminins au sens le plus noble du terme
Au cours du récit qui nous fait voyager jusqu’à Shanghai, nous croisons l’immense journaliste Albert Londres. Les auteurs attribuent d’ailleurs sa mort restée un mystère aux gangsters corso marseillais et à leur alliance avec une des triades chinoises de Shanghai parce qu’il aurait découvert des secrets inavouables. Mais, à mon goût, les personnages les plus touchants sont défini-tivement ceux des femmes. Santa, l’épouse de Noël, va jusqu’à connaître le plaisir et l’amour dans les bras d’un autre homme parce qu’elle avait décidé qu’elle le voulait. Cristina, la grande amoureuse de Orso, va vivre un drame après leur rupture qui va conditionner toute son existence. Mais elle va vivre parce qu’elle aussi l’a décidé. Elle et Santa vont militer en faveur du droit de vote des femmes (droit qui ne leur sera octroyé qu’en 1945 par une ordonnance du général de Gaulle). Rebecca, l’épouse de Salomon, qui a vu le jour en Palestine, se bat aux côtés de son mari, contre la montée inexorable de l’antisémitisme. Tous ces personnages féminins créent un halo d’espérance dans ce monde d’hommes qui s’achemine inexorablement vers la guerre. Chacun des chapitres est rythmé par cette menace croissante qui pèse sur tous les esprits.
L’histoire de la Corse en paysage
Gabriel Culioli m’a envoyé à ma demande les deux volumes suivants qui sont déjà écrits. Je ne veux rien dévoiler des deux ou trois fils rouges qui serpentent à travers ce demi-siècle, le plus sanglant de toute l’histoire de l’humanité lui qui avait commencé sous l’appellation de Belle Époque. J’ai beaucoup appris beaucoup sur l’histoire de la Corse (la campagne militaire menée contre les bandits en 1931, l’irrédentisme, la Libération de l’île à partir de septembre 1943), mais surtout j’ai perçu de cette culture, de ses mentalités si particulières des aspects que j’ignorais totalement. Bien des mystères, qui apparaissent dès le premier volume, se poursuivent au cours du second, éclosent en apothéose avec le troisième opus intitulé Mazel tov. Oserais-je avouer que certains passages m’ont tiré les larmes des yeux ?
N’hésitez pas : lisez ce bel ouvrage
J’avais lu autrefois, le premier ouvrage de Gabriel Culioli, La Terre des Seigneurs qui avait connu un succès incroyable et était pourtant resté méconnu de mes confrères journalistes : 52 000 exemplaires vendus et un titre présent dans toutes les familles insulaires en Corse et sur le continent. Certains épisodes comme celui de la mort du père ou encore le combat dans les tranchées ont, à l’évidence, été repris dans Barbara furtuna. Mais alors, qu’à l’époque il s’agissait d’un récit familial, ces morceaux de bravoure accompagnent les personnages et les façonnent. Ils annoncent des rebondissements futurs qui surviendront, sans aucun doute, dans les prochains volumes de la saga.
L’architecture du récit que Gabriel Culioli attribue en grande partie à son complice et ami Jean-Marc Michelangeli, comédien, mais ussi scénariste, permet une lecture aisée du récit en évitant les trop longues tirades qui sont aujourd’hui passées de mode. Quitte à me répéter, j’insiste sur le travail inconscient du lecteur qui reconstitue dans sa tête le récit, l’histoire et la cohérence des personnages. Les auteurs avaient été pressentis avant l’écriture de cette trilogie par des producteurs de série. Il ne fait aucun doute que Nos terres promises sera un jour le sujet d’une belle traduction visuelle.
Inutile d’aller plus loin dans la critique au sens positif du terme : la lecture de Barbara furtuna m’a tout simplement emporté dans un voyage enthousiasmant au cœur de la culture corse. Mieux ce volume donne à réfléchir sur la condition des émigrés, sujet o combien brûlant à l’heure actuelle. Mais il pose aussi la question de la quête du bonheur que chaque personnage porte à la recherche de sa propre terre promise. Quant à moi, je me suis juré de revenir en Corse pour vivre cette île au diapason de la trilogie.
Jacques Vendroux
Barbara furtuna de Gabriel Xavier Culioli et Jean-Marc Michelangeli DCL éditions
511 pages — 24 €
J’ai connu Gabriel Culioli au millénaire dernier. Nous partagions un même idéal révolutionnaire qui s’est avéré, au fil des décennies être un beau mirage. Puis nous nous sommes perdus de vue avant de nous retrouver à l’occasion d’un séjour en Corse. J’ai pu grâce à lui apprécier des paysages extraordinaires en adéquation avec leur histoire. J’en garde un souvenir ému, amical et enrichissant. Aussi quand il m’a demandé d’écrire une critique sur le premier volume de la trilogie Nos terres promises qu’il a écrit avec Jean-Marc Michelangeli, je n’ai pas hésité en y mettant une condition : que le contenu de ce premier volume intitulé Barbara furtuna me plaise. Il m’a donc envoyé le fichier PDF de l’ouvrage. Et j’avoue ne pas avoir été déçu.
Un vrai roman familial
Dans une ancienne vie, j’ai été un critique littéraire prolixe qui a souvent sévi sous différents pseudonymes un peu par secret un peu par lâcheté. Je ne vais donc pas déroger à cette règle. Je vais d’abord tenter de faire partager mon enthousiasme cet ouvrage écrit à quatre mains. La tendance actuelle est trop souvent en France à l’autorécit romancé. Ou parfois pas. Chacune et chacun se complaît à peindre sa jeunesse, son inceste, règle ses comptes avec sa famille, redécouvre son père. Là, rien de tel. Barbara furtuna est un fleuve impétueux qui nous mène du tout jeune État d’Israël — magnifiques premières pages — à la Corse de la Belle Époque avec pour centre névralgique Marseille. Lorsque Orso, un de nos héros se rend en Palestine sous mandat britannique il est alors guidé par Salomon Vidal, son ami à la vie à la mort, sioniste de la première heure qui milite pour l’émergence d’un foyer juif sur les terres bibliques. Car l’un des grands plaisirs de cet ouvrage est la rencontre toujours passionnante des destins individuels avec les tourments de la grande histoire. Et malheureusement, le demi-siècle que parcourt la trilogie a, hélas, été d’une triste et foisonnante richesse en la matière : la Grande Guerre, les Années folles berceau de l’irrésistible ascension des totalitarismes nazi et stalinien, la guerre d’Espagne, le Front populaire et enfin l’occupation nazie dans toute l’Europe. Eh bien, ils sont là les Noël, les Santa, les Salomon qui vivent avec passion les combats de cette époque.
Un livre sur des Corses qui aborde le mystère de la condition humaine
La Corse reste un mystère pour la France, mais, aussi semble-t-il pour les Corse eux-mêmes. Barbara furtuna ne contient pas d’explications pour résoudre l’équation insulaire. Mais sa lecture permet de pénétrer ce maquis où s’affrontent les caractères, les partis politiques, les fameux clans. De façon plus vaste, c’est en quelque sorte un livre sur la condition humaine. Car le propos dépasse largement la seule Corse comme le personnage de Napoléon ne saurait se résumer à son enfance ajaccienne ou à ses origines familiales. Barbara furtuna, qui tire son titre du chant lancinant des exilés corses, évoque le déchirement de tous les émigrés du monde lorsqu’ils deviennent immigrés en terre étrangère ou presque. C’est l’approche de la nécessaire schizophrénie de ceux qui quittent une culture sans vraiment l’abandonner et se coulent dans une autre sans totalement l’adopter.
Des personnages complexes et contradictoires
La force de Barbara furtuna est de sculpter des personnages, des caractères dirait-on dans la langue de Shakespeare, sans les caricaturer. Noël, le trop jeune patriarche de la famille Luciani, veut sortir les siens de la misère, mais reste accroché aux valeurs de son enfance corse. Sa jeune épouse, Santa, meurtrie par les terribles séquelles familiales de la guerre, désire au contraire s’éloigner de ces valeurs qu’elle ressent comme une oppression. Orso, le frère de Noël devenu policier, paraît indifférent à de tels dilemmes et pourtant les incarne jusque parfois dans l’excès à travers son combat contre la mafia corso-marseillaise mené avec une violence inouïe et un parfait mépris des lois.
Des personnages en contrepoint
Les auteurs ont gravé en contrepoint des principaux héros ceux de leurs âmes sœurs. Noël a connu dans les tranchées de Charles, l’un des personnages les plus intéressants du livre, parce que terriblement paradoxal. Il n’est à sa première apparition dans le roman qu’un petit garçon, que la foule lapide alors qu’il vient assister à l’enterrement de son père, un notable, qui ne l’a pas reconnu. Nous le retrouvons âgé de seize ans dans les tranchées, adolescent lumineux qui apporte un réconfort indispensable à Noël. Plus tard, il s’affirmera communiste, suivant Simon Sabiani, un héros de la guerre, jusque dans sa dérive fasciste. Orso est devenu l’inséparable ami de Salomon, ce juif marseillais qui se bat pour la création d’un état juif en Palestine. Orso a quitté sa terre natale et ne parvient plus à retrouver ses marques. Salomon, au contraire, rêve d’une terre qui n’est sienne que dans son espérance la plus folle, une espérance vieille de presque deux millénaires. À ses côtés, Orso va s’éveiller à la conscience antiraciste et à l’antifascisme. Santa, admirable jeune femme, connaîtra l’amitié la vraie avec Cristina, une jeune Belge installée à Marseille, meurtrie par la vie. Et puis surgira Louise, mystérieuse jeune femme qui aime les grands voyages et professe un amour exclusif pour les femmes.
Un roman bâti comme un scénario
Le roman a été bâti d’une façon scénaristique par petites touches impressionnistes, par petites scènes qui, on s’en rend petit à petit compte, en prenant de la hauteur, forme en fait un tableau complet. Les petites histoires finissent par se couler dans la grande histoire ce qui nous rappelle qu’elle n’existe que grâce aux parcours subjectifs des individus des plus humbles aux plus célèbres. Que serait Napoléon sans ses grognards ? Mais également comment les dictatures existeraient-elles sans l’assentiment bruyant ou muet d’une majorité de citoyens ? Dans Barbara furtuna nous assistons ou plutôt nous vivons la montée en puissance de la mafia corso marseillaise conduite par les deux gangsters François Spirito et Paul Carbone qui vont finir par s’acoquiner à Simon Sabiani, mais aussi celle de l’intolérance et du fascisme. Redoutable attelage que la politique et la voyoucratie. Orso veut démanteler le premier grand trafic d’héroïne, ancêtre de la célèbre French connection des années 1960-1970. Il agit avec un courage débridé, mais avec des méthodes dignes de celles des escadrons de la mort.
Des personnages féminins au sens le plus noble du terme
Au cours du récit qui nous fait voyager jusqu’à Shanghai, nous croisons l’immense journaliste Albert Londres. Les auteurs attribuent d’ailleurs sa mort restée un mystère aux gangsters corso marseillais et à leur alliance avec une des triades chinoises de Shanghai parce qu’il aurait découvert des secrets inavouables. Mais, à mon goût, les personnages les plus touchants sont défini-tivement ceux des femmes. Santa, l’épouse de Noël, va jusqu’à connaître le plaisir et l’amour dans les bras d’un autre homme parce qu’elle avait décidé qu’elle le voulait. Cristina, la grande amoureuse de Orso, va vivre un drame après leur rupture qui va conditionner toute son existence. Mais elle va vivre parce qu’elle aussi l’a décidé. Elle et Santa vont militer en faveur du droit de vote des femmes (droit qui ne leur sera octroyé qu’en 1945 par une ordonnance du général de Gaulle). Rebecca, l’épouse de Salomon, qui a vu le jour en Palestine, se bat aux côtés de son mari, contre la montée inexorable de l’antisémitisme. Tous ces personnages féminins créent un halo d’espérance dans ce monde d’hommes qui s’achemine inexorablement vers la guerre. Chacun des chapitres est rythmé par cette menace croissante qui pèse sur tous les esprits.
L’histoire de la Corse en paysage
Gabriel Culioli m’a envoyé à ma demande les deux volumes suivants qui sont déjà écrits. Je ne veux rien dévoiler des deux ou trois fils rouges qui serpentent à travers ce demi-siècle, le plus sanglant de toute l’histoire de l’humanité lui qui avait commencé sous l’appellation de Belle Époque. J’ai beaucoup appris beaucoup sur l’histoire de la Corse (la campagne militaire menée contre les bandits en 1931, l’irrédentisme, la Libération de l’île à partir de septembre 1943), mais surtout j’ai perçu de cette culture, de ses mentalités si particulières des aspects que j’ignorais totalement. Bien des mystères, qui apparaissent dès le premier volume, se poursuivent au cours du second, éclosent en apothéose avec le troisième opus intitulé Mazel tov. Oserais-je avouer que certains passages m’ont tiré les larmes des yeux ?
N’hésitez pas : lisez ce bel ouvrage
J’avais lu autrefois, le premier ouvrage de Gabriel Culioli, La Terre des Seigneurs qui avait connu un succès incroyable et était pourtant resté méconnu de mes confrères journalistes : 52 000 exemplaires vendus et un titre présent dans toutes les familles insulaires en Corse et sur le continent. Certains épisodes comme celui de la mort du père ou encore le combat dans les tranchées ont, à l’évidence, été repris dans Barbara furtuna. Mais alors, qu’à l’époque il s’agissait d’un récit familial, ces morceaux de bravoure accompagnent les personnages et les façonnent. Ils annoncent des rebondissements futurs qui surviendront, sans aucun doute, dans les prochains volumes de la saga.
L’architecture du récit que Gabriel Culioli attribue en grande partie à son complice et ami Jean-Marc Michelangeli, comédien, mais ussi scénariste, permet une lecture aisée du récit en évitant les trop longues tirades qui sont aujourd’hui passées de mode. Quitte à me répéter, j’insiste sur le travail inconscient du lecteur qui reconstitue dans sa tête le récit, l’histoire et la cohérence des personnages. Les auteurs avaient été pressentis avant l’écriture de cette trilogie par des producteurs de série. Il ne fait aucun doute que Nos terres promises sera un jour le sujet d’une belle traduction visuelle.
Inutile d’aller plus loin dans la critique au sens positif du terme : la lecture de Barbara furtuna m’a tout simplement emporté dans un voyage enthousiasmant au cœur de la culture corse. Mieux ce volume donne à réfléchir sur la condition des émigrés, sujet o combien brûlant à l’heure actuelle. Mais il pose aussi la question de la quête du bonheur que chaque personnage porte à la recherche de sa propre terre promise. Quant à moi, je me suis juré de revenir en Corse pour vivre cette île au diapason de la trilogie.
Jacques Vendroux
Barbara furtuna de Gabriel Xavier Culioli et Jean-Marc Michelangeli DCL éditions
511 pages — 24 €