Quand il y a trop de touristes
De plus en plus de sites tentent d'enrayer la surfréquentation touristique.
Quand il y a trop de touristes
De plus en plus de sites tentent d’enrayer la surfréquentation touristique. Et des touristes renoncent à certaines destinations pour ne pas s’infliger les affres du surtourisme : piétiner dans des rues bondées, chercher un coin de sable pour poser sa serviette à 10 centimètres du voisin, réserver un restaurant 3 jours à l'avance et ne plus pouvoir poser un regard sur un paysage sans qu'une nuée de smartphones gâche le panorama. Si le tourisme de masse a un impact positif sur le développement économique des territoires, il a aussi des effets néfastes sur l'environnement et les populations locales.
Destinations à bannir
Selon une étude de 2019, les dix merveilles touristiques les plus fréquentées en Europe étaient Dubrovnik (Croatie) avec 36 touristes par habitant, Venise (21), Bruges (21), Rhodes (21), Reykjavik (16), Florence (13), Héraklion (13), Amsterdam (12), Dublin (11) et Tallinn (10). Paris se classe à la onzième place avec 9 touristes par habitant. Au cours des neuf premiers mois de l'année 2022, le tourisme international était revenu à 65 % de son niveau d'avant les confinements avec 700 millions de voyageurs, dont 477 millions d'arrivées en Europe, selon l'OMT (Organisation mondiale du tourisme). Parmi les destinations où il ne fait plus bon se reposer et faire du tourisme, le GR20 semble avoir atteint ses limites de fréquentation depuis l’été dernier. Depuis la pandémie de Covid-19, la fréquentation a explosé, y compris chez les débutants. Cela entraînant de potentielles nuisances, perturbations ou détériorations, et de la pression sur les zones d’hébergement ou de campement et des refuges du parcours, la perte d’une forme de liberté et d’authenticité. L’instauration de quotas a notamment été envisagée.
Tourismophobie
Entre juillet et août, des millions de Français font un exode estival, non sans être critiqués. Dès les premiers temps du tourisme s'est mise en place l'opposition entre le « touriste », moutonnier et de plus en plus soumis à une industrie qui ne proposerait que des illusions et le « voyageur » qui parcourait les destinations en toute conscience. Le tourisme de masse est donc le repoussoir ultime en matière de tourisme. D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 95 % des touristes mondiaux visitent moins de 5 % des terres émergées. En France, 80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % du territoire. Les conséquences sont multiples dans les zones touristiques et les impacts néfastes sur l’environnement, voire un effet de « rejet » des touristes par les populations locales et d’opposition à des projets d’infrastructures touristiques, car la qualité de vie s’en ressent, autant que la nécessité de protéger les écosystèmes naturels et le patrimoine culturel. Le surtourisme peut intensifier les inégalités socio-économiques au sein des communautés locales. Dans certains cas, les bénéfices économiques du tourisme peuvent être concentrés entre les mains de quelques bénéficiaires, tandis que les résidents peuvent se retrouver marginalisés et confrontés à une hausse des prix de l'immobilier et des biens de consommation courante. Sans oublier la perte d’authenticité que l’afflux de touristes peut entraîner.
Initiatives de lutte
Le tourisme en soi n'est pas forcément négatif, mais c'est l'excès de tourisme non durable et mal géré qui peut avoir des conséquences préjudiciables. En juin 2023, le gouvernement a annoncé un plan national pour réguler les flux touristiques. Un observatoire national des sites touristiques majeurs doit également être créé afin de mesurer les flux touristiques et leurs impacts. Localement, il est en envisagé de réguler les flux touristiques, au moyen de quotas de visiteurs, de restrictions sur l'accès à certains sites sensibles - déjà appliqués pour les îles Lavezzi, les aiguilles de Bavella et la vallée de la Restonica - de promotion du tourisme hors-saison. Comme l’a déjà fait l’Agence du tourisme de la Corse, pour le plus grand mécontentement des professionnels du tourisme, qui rappellent que l’île tire une partie de sa richesse de ce secteur. Extrêmement parlantes, ces politiques de quotas participent souvent d'opérations de communication, voire d'écoblanchiment, qui détournent le regard sur ce qui se passe ailleurs. La gestion du surtourisme en Corse nécessite une approche holistique qui prend en compte les dimensions environnementales, socio-économiques et culturelles.
Maria Mariana