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Les indépendantistes régionaux en berne

Ecosse et Catalogne en prisent avec les difficultées pour réussir le pari de la rupture
Les indépendantistes régionaux en berne


La domination sans partage du Parti national écossais (SNP) sur la vie politique locale paraît aujourd’hui bien fragile. Mauvais sondages en berne, enquête sur les finances du parti et bilan en demi-teinte laissent penser que le parti travailliste pourrait retrouver sa rutilance. En Catalogne, l’indépendance réunit désormais sous un même terme l’extrême-droite du Front national Catalan jusqu’à l’extrême-gauche d’où une véritable confusion politique depuis que la droite et l’extrême-droite espagnole progressent un peu partout.


Une bannière en lambeaux

La récente arrestation de Nicola Sturgeon, la charismatique leader du parti indépendantiste écossais, a porté un sale coup à la cause qu’elle défendait. Un vent de renouvellement souffle aujourd’hui sur la politique écossaise, semblant sonner le glas de la domination électorale du SNP et reléguer aux oubliettes la perspective d’un second référendum sur l’indépendance. Les raisons sont tout à la fois la crise économique, de la lassitude et la multiplication des scandales qui ont sali le SNP. Ce parti a régné sans discontinuer depuis 2007. En 2014, le référendum sur l’indé-pendance avait fortement divisé l’électorat entre les partisans du oui et ceux du non. Pourtant, en 2016, le vote sur le Brexit avait apporté de l’espérance au SNP qui avait lancé une nouvelle campagne en faveur de l’indé-pendance, favorisée par la gouvernance chaotique de Boris Johnson à Westminster. L’an dernier, Nicola Sturgeon avait même annoncé la tenue d’un second référendum, fixé provisoirement au 19 octobre 2023. Mais l’arrestation de Nicola Sturgeon (qui avait démissionné de son poste de Premier ministre) dans le cadre d’une enquête sur l’utilisation des fonds du parti a eu des répercussions proprement catastrophiques.
La nomination le 27 mars dernier de Humza Yousaf, un Écossais, fils d’émigrés pakistanais musulmans marié à une Écossaise d’origine palestinienne, n’a pas nécessairement arrangé la communication d’un SNP très centré sur le passé historique de l’Écosse. La question centrale est donc désormais : quelle est la feuille de route pour des nationalistes privés de l’échéance référendaire ? Le problème est largement partagé par les indépendantistes catalans ou les nationalistes corses. Lors d’une assemblée extraordinaire à Dundee, le 24 juin, Humza Yousaf a déclaré « Les activistes du SNP entameront une campagne estivale sur les opportunités de l’indépendance. Il y aura une série d’assemblées régionales.
À la fin de l’été, nous nous rassemblerons à nouveau, mais pas dans un centre des congrès : le 2 septembre, nous remplirons les rues d’Edimbourg avec une marche et un rassemblement pour une Écosse indépendante au sein de l’UE. Faisons de ce meeting le plus grand que notre cause ait jamais vu !» C’est un peu court pour préparer les élections législatives qui se dérouleront l’an prochain.

La Catalogne au milieu du gué

«Un front démocratique uni de tous les partis indépendantistes catalans constitue le seul moyen d’arrêter la progression de la droite et de l’extrême droite et d’éviter une alliance de toutes les forces réactionnaires opposées à une Catalogne indépendante », a déclaré le 30 mai le président de la Généralité de Catalogne, Pere Aragonès. Après la défaite du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, Socialistes et Démocrates) aux élections régionales et municipales de dimanche 28 mai, les partis indépendantistes catalans ont sonné le tocsin : ils craignent un futur gouvernement du Partido Popular (PP, Parti populaire européen) de centre droit et du parti d’extrême droite VOX, totalement opposés à toute tentative indépen-dantiste de la Catalogne.
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez (PSOE), a de son côté ouvert la voie à un dialogue avec le gouvernement catalan présidé par Pere Aragonès. Conscient que la Catalogne risque fort d’avoir un gouvernement de coalition entre le Partido Popular et VOX, et anticipant le fait que le PSOE va perdre les élections législatives du 23 juillet, Pere Aragonès a admis que sa stratégie de négociation et de dialogue avec Madrid était pour l’instant abandonnée au profit d’une reprise de discussion avec le gouvernement central. Il a exhorté les indépendantistes de gauche et du centre à retrouver les chemins de l’unité pour éviter une catastrophe.

Le fédéralisme contre les États-nation

Les exemples de l’Écosse et de la Catalogne soulignent aujourd’hui les difficultés des aspirations fédéralistes à réussir le pari de la rupture. Il est vrai que de son côté, l’Europe se trouve en proie à une offensive inédite des nations dont les régimes virent à droite toute comme la Hongrie, la Pologne, l’Italie. L’heure semble être à la centralisation étatique plutôt qu’à la dispersion fédéraliste. C’est une mauvaise nouvelle pour la gauche européenne qui donne l’impression de ne plus posséder de boussole.


GXC
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