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Focus sur le I de LGBTQIA+

Dans le sigle LGBTQIA+, le I fait référence à l'intersexualité ou intersexuation

Focus sur le I de LGBTQIA+

Dans le sigle LGBTQIA+, le I fait référence à l’intersexualité ou intersexuation. Les droits de ces personnes nées avec des caractéristiques sexuelles (génitales, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins sont aujourd’hui de plus en plus protégés.

Être intersexe

Depuis quelques années, de nouveaux termes ont germé pour désigner la pluralité des genres et de l’identité. Homosexualité, bisexualité, transidentité, cisgenre, non binaire, pansexuel, hétéronormatif… Les amalgames sont nombreux et les difficultés de compréhension tout autant. Beaucoup aujourd’hui ne font pas la différence entre le genre, le sexe et l’orientation sexuelle d’une personne. Le genre est plutôt une construction sociale selon laquelle on attribue à la personne un rôle féminin ou masculin.
Tandis que le sexe, correspond seulement aux caractéristiques biologiques et génétiques de l’individu. e. C’est-à-dire, un vagin pour une femme ou un pénis pour l’homme. Selon l’ONU, l’intersexuation, anciennement appelée intersexualité, est un terme biologique décrivant des personnes « nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions typiques de mâle et femelle ». Selon les chiffres officiels, 1,7 % de la population mondiale serait concernée. En France, 13 600 personnes intersexes naissent tous les ans.
À noter, cette caractéristique n’influe pas sur l’orientation sexuelle et le genre. Une personne intersexe peut être hétérosexuelle, comme gay, lesbienne, bi ou encore asexuée et peut s’identifier au genre masculin, féminin ou un autre (non binaire, etc.). Enfin, il ne faut pas confondre intersexuation et transidentité : alors que l’intersexuation concerne les caractéristiques sexuelles innées de la personne, la transidentité porte sur son identité de genre. Les personnes intersexes, indépendamment de leur corps, peuvent être des femmes, des hommes et des personnes non binaires.

Prise en charge

80 % des personnes intersexes n’apprennent leur intersexuation qu’après leurs 10 ans, soit parce que les variations de leurs caractéristiques sexuelles ne sont visibles qu’à la puberté, soit parce que leur intersexuation leur a été dissimulée. Les interventions médicales systématiques et précoces sont apparues dans les années 1950. L’intersexe était autrefois appelé hermaphrodisme. L’intersexe peut inclure environ 60 conditions différentes.
Afin de « normaliser » les personnes nées intersexes pour qu'elles aient une apparence traditionnelle masculine ou féminine, des interventions médicales sont pratiquées sur certains enfants très jeunes. D’après les données du SNIIRAM (Système national d’information interrégimes de l’Assurance maladie), plus de 4 000 opérations de conformation sexuée ont été effectuées en 2017 en France sur des enfants de moins de 5 ans. Ces opérations causent des dommages autant physiologiques que psychologiques et sociales. En France, les opérations de réassignation sexuelle dans l'enfance font l'objet d'articles dans la loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique. L'intersexualité vient perturber les catégories médicales et juridiques. Le droit ne reconnaît que deux sexes et la médecine conforme les corps à cette catégorisation. Le respect des droits fondamentaux des personnes intersexes suppose de dépasser la binarité des sexes. Aujourd’hui, le Conseil d’État a établi que seul un « motif médical très sérieux » peut justifier qu’un acte médical soit pratiqué sur un enfant sans son consentement. L’article 16-3 du Code civil précise ainsi « Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne (…) ».

Inclure et reconnaître

En 2015, 30 organisations militantes ont élaboré la Déclaration de Malte pour revendiquer les droits des personnes intersexes. Malte est devenu le premier pays européen à adopter une loi contre tout traitement ou intervention chirurgicale sur mineur. e. s sans consentement. Le Portugal a suivi en 2019, puis l’Allemagne et l’Islande en 2021. En France, le Collectif Intersexe Activiste - OII France milite pour le droit des personnes intersexes. En juin, la Corse a accueilli sa première Marche des fiertés, pour célébrer les identités multiples. L’Arcu souhaite que « plus aucun-e Corse n'ait un jour à choisir entre vivre pleinement sa vie, ses amours et un quotidien ici ».

Maria Mariana
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