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80e anniversaire de l'insurrection de la Corse, Léo Micheli, grande figure de la Résistance

9 septembre 1943, date de l’insurrection allant conduire à la libération de l’île. 9 septembre 2023, évocation à la médiathèque centrale de Bastia de la très importante figure de la résistance corse : Léo Micheli…

80 è anniversaire de l’insurrection de la Corse
Léo Micheli, grande figure de la Résistance


9 septembre 1943, date de l’insurrection allant conduire à la libération de l’île. 9 septembre 2023, évocation à la médiathèque centrale de Bastia de la très importante figure de la résistance corse : Léo Micheli… 80 ans ont passé… Impératif du souvenir pour une mémoire vivante.




Trois jours plus tard, un hommage, sur Via Stella, à cet homme peu ordinaire avec des élèves du lycée Fesch s’interrogeant après avoir vu le documentaire de Dominique Lanzalavi : « Nom de code : Léo », auteur du livre d’entretiens, « En homme libre » dédié à ce jeune Bastiais qu’était, en 1943, Léo Micheli, résolu à lutter contre le fascisme italien.

De la Corse Mussolini voulait la cage sans les oiseaux. Mais les Corses vont se rebeller contre ce projet c’est ce que le livre, « En homme libre » rappelle en insistant sur le rejet du fascisme et sur l’attachement aux valeurs de la République française synthétisées par la devise : Liberté Egalité Fraternité. La Révolution de 1789 versus l’empire colonial. « En homme libre » est plus fouillé et analyse plus à fond la période des années 1939 – 1945 que le film documentaire. Il raconte comment le parti communiste, peu implanté sur l’île, parvient à fédérer les opposants au fascisme sous la bannière du Front National, ce qui n’est pas un mince exploit. Il dit le cheminement de la réflexion des communistes corses pour lancer au jour « j » l’insurrection. Il décrit toutes les étapes de cette opération. Il conte la répression qui s’abat sur les militants. Il renseigne aussi, ce qu’on sait moins, sur la maîtrise de la communication dont font preuve Léo Micheli et ses camarades qui leur permet de rallier des gens d’opinions variées et parfois opposées.

Au cours de ces entretiens avec Léo Micheli on participe également au drame de Bastia, d’abord libérée, puis reconquise par les SS. Moment effroyable où la ville subit de terribles bombardements qui détruisent quantité d’immeubles. Ville martyre, finalement libérée par les alliés débarqués sur les côtes et par le courage des goumiers marocains qui arrivent à reprendre aux allemands le col de Teghime.

« En homme libre » détaille également la manière dont de Gaulle et les forces politiquestraditionalistes regagnent du terrain après la Libération, pour que rien ne change sous l’apparence d’un simulacre de changement.

De Léo Micheli, important dirigeant de la Résistance, on apprend qu’après la guerre le comité central du PCF requiert ses services à Paris. Il devient ainsi le secrétaire de Jacques Duclos, n° 2 du parti communiste. En 1956, date du rapport Khrouchtchev dévoilant les crimes de Staline il va prendre ses distances… tout en restant au fond du cœur communiste.

En annexe le livre reprend le témoignage de Léo Micheli devant la Cour de sureté de l’Etat oùcomparaissent de nombreux militants nationalistes. Témoignage incontournable.


Michèle Acquaviva-Pache



Entretien avec Dominique Lanzalavi



A quelle occasion avez-vous rencontré Léo Micheli ?
J’étais étudiant à l’université de Nice et je préparais une maitrise d’histoire, c’était en 1993. Mon co-directeur de maîtrise, Ange Rovere, m’a mis en relation avec Léo Micheli car je travaillais sur la prise de pouvoir en Corse après la Libération.

Comment avez-vous procédé pour les entretiens qui ont abouti au livre, « En homme libre » ?
La genèse du livre remonte à un premier documentaire de 2006 qui traitait du laboratoire politique corse au moment de la Libération. Ensuite en 2012 j’ai réalisé le film, « Nom de code : Léo ». Pendant longtemps Léo Micheli ne voulait pas parler parce qu’il n’avait plus en face de lui de contradicteurs. J’ai fini par le convaincre et tous les entretiens que j’avais effectué avec lui, après remise en forme ont conduit à « En homme libre ».


Qu’est-ce qui vous a le plus marqué chez Léo Micheli ?
Son côté humain, très sympathique. Malgré notre écart d’âge, il s’intéressait à la jeunesse et à ce que je faisais. Il avait beaucoup d’humour. On ne pouvait qu’être frappé par le courage et l’intelligence qu’il avait eu lors de l’insurrection et de sa préparation. Sa ténacité était remarquable.


Selon vous quel est l’apport majeur de son témoignage-analyse de la période de la 2 è guerre mondiale en Corse ?
Très peu de résistants ont écrit sur cette période car beaucoup d’entre eux ont été tués aux combats ou exécutés par les Italiens. On a donc peu de témoignages directs sur les événements. Avec Léo Micheli on voit de l’intérieur la vie du parti communiste à l’époque. On découvre comment l’insurrection a té organisée avec minutie des mois à l’avance. On a le rappel de l’importance de la conférence de Porri et de celle de San Gavino. On peut encore vérifier que la résistance n’a pas seulement été une affaire d’armes mais qu’elle a été pensée et qu’elle portait le rêve d’une autre Corse pour demain. Une Corse transformée…


Qu’un garçon d’à peine vingt ans déclenche l’insurrection a dû vous impressionner…
J’étais très intéressé par le fait de comprendre l’engagement au péril de sa vie d’un si jeune homme. Ce n’est pas rien de s’engager à cet âge !


La main tendue aux soldat italiens n’était-ce pas très audacieux ?
Les Corses pouvaient s’apercevoir qu’il n’y avait pas que des fascistes dans l’armée italienne. Une grande partie de la troupe n’avait nulle envie de continuer la guerre et ne souhait que rentrer à la maison. C’est pourquoi Léo Micheli et ses camarades ont voulu se rapprocher de ces soldats. Même attitude envers les Corses qui ne partageaient leur conviction communiste mais refusaient le fascisme et une Corse mussolinienne. Lors de la conférence de Porri où ont été décidées les conditions de l’insurrection, il a été établi que la libération de de l’île serait l’œuvre du peuple corse lui-même sans attendre le débarquement des forces Alliées.


Ingénieuse la conception du Front National ?
L’idée de Front national a été conçue au niveau national français par le PC car il état évident qu’il fallait s’ouvrir aux non-communistes pour libérer la France. La branche corse du Front National a suivi cette voie. Les autres mouvements de résistance, par mauvaise organisation ou par volonté de ne recueillir que des secrets ont été éliminés et le Front National s’est imposé. A la Libération de Gaulle a voulu récupérer le pouvoir et a fait entrer dans les nouvelles institutions politiques beaucoup de non communistes. Ils ont créé ensuite « Le mouvement pour la 4 è République » avec le sénateur, Giacobbi afin de contrer le Front National.


Après la guerre Léo Micheli n’aurait-il pas été plus utile en Corse plutôt que d’être secrétaire de Jacques Duclos au comité central ?
Les dirigeants du PC avaient repéré sont talent et son intelligence il était normal qu’il rejoigne Paris… De toutes les façons Léo n’avait pas de goût pour une carrière politique.


Quand vous l’interrogez sur le nationalisme corse sa réponse n’est-elle pas évasive ?
A ce sujet je l’ai interrogé peu avant sa mort et il était très fatigué… Son idéal c’était la Révolution de 1789 avec sa devise : Liberté Egalité Fraternité.


Le 27 septembre, à l’université de Corse, il y a une journée sur la résistance. Quel est le programme ?
Il va y avoir une table ronde sur les discours de la résistance et on va passer mon documentaire, « Nom de code : Léo », préfiguration d’« En homme libre ».

Propos recueillis par M.A-P

Le 21 le lycée de Sartène consacre une journée à la Libération. Reconstitution historique. Exposition de travaux d’élèves. Conférence musicale de Dominique Lanzalavi avec le groupe, Spartinu. Film d’animation réalisé par les élèves. Accent mis sur la mode des années 40.















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