Son royaume n'est pas de ce monde
Trois sujets essentiels .........
Son royaume n’est pas de ce monde
Traduit devant le préfet romain Pilate qui lui demande s’il est le roi des Juifs, Jésus lui répond : « Mon royaume n’est pas de ce monde » une parole qu’aurait dû méditer le pape François Ier à Marseille avant de répondre sur trois sujets essentiels qu’il a abordés : la fin de vie, l’interruption volontaire de grossesse et les migrants.
La fin de vie selon le Vatican
Le pape François a prononcé un discours au Palais du Pharo à l’occasion de la clôture des « Rencontres méditerranéennes » et a relaté le projet de fin de vie en des termes confus.
« Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? ». Sans vouloir manquer de respect au Pape, est-il possible de lui rétorquer qu’il est hors sujet. Il n’a jamais été question d’euthanasier les « personnes âgées isolées », mais bien d’offrir à des femmes et des hommes en fin d’existence, malades et en souffrance extrême une mort digne. La rhétorique papale est hautement paradoxale. La plupart de celles et de ceux qui sont atteints de maladies incurables n’ont aucun espoir. Autrefois, sans l’aide médicale, ils auraient rapidement succombé. Où se situe donc la volonté de Dieu ? Et puis il s’agit du libre arbitre de chacun, de cette décision fondamentale que nous pouvons prendre en notre âme et conscience. Oui, l’église une fois encore se trompe.
L’IVG en danger
La conquête du droit d’interrompre sa grossesse dans des limites raisonnables a été une grande conquête des femmes. Faut-il rappeler au Saint-Père qu’en matière de droits des femmes l’Église a toujours été à la ramasse. Quand la pilule a été légalisée en 1967, le Vatican s’y est opposé comme il s’opposait au préservatif prônant comme seule contraception l’abstinence ou le coitus interuptus. Avant la loi Veil, 350 000 femmes se faisaient avorter le plus souvent dans des conditions atroces. Il en mourrait des dizaines de milliers chaque année des suites de ce qu’on appelait les « charcutages ». Veut-il que nous en revenions à ces horreurs ? De plus l’un des grands problèmes de l’humanité est la démographie débordante elle-même cause de guerres, de fanatisme et de vagues migratoires. Partout dans le monde, la réaction, sous son aspect le plus obscurantiste, tente de revenir en arrière au détriment des femmes notamment les plus modestes qui elles n’auront pas les moyens de se payer des voyages à l’étranger. Les propos du Pape n’appellent qu’une réponse : qu’il s’occupe du royaume de Dieu et qu’il nous laisse à nous pauvres humains le soin de gérer notre propre monde.
Des propos irresponsables sur l’émigration
Devant le mémorial en l’honneur des marins et des migrants morts en mer, le souverain pontife a demandé « des actes » face aux drames « qui ensanglantent la Méditerranée », exhortant le Vieux Continent à choisir la « culture de l’humanité ».
Il a raison quand il proclame que « les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu’elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues. C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation ». Il n’y a d’ailleurs que la droite extrême — par ailleurs souvent catholique intégriste — qui refuse de se plier à un tel devoir. Mais là encore le Pape se trompe de sujet. Au nom d’un principe qu’il voudrait intangible et éternel, il ne se préoccupe pas de ses conséquences. Que se passerait-il si l’Europe accueillait sans restriction les hordes de malheureux chassées de leur pays par la misère, les guerres ou le climat ? Les peuples occidentaux se réfugieraient dans un extrémisme raciste qui rendrait les conditions d’intégration locales dix fois pires qu’elles ne sont aujourd’hui pour les immigrés de fraîche date. À force de vouloir faire trop de bien dans l’absolu, on répand le mal à court, moyen et long terme.
À lui le royaume de Dieu, à nous le monde des hommes
Le mieux serait encore que les religions s’occupent du spirituel et seulement de lui. Jusqu’à aujourd’hui, elles ont été le ferment de guerres incessantes qui au nom de la Vie éternelle ont semé la mort sur la planète. Or la foi devrait rester dans la sphère intime. Il existe des croyants formidables et d’autres effroyables. Mais toutes les religions ou presque affirment se battre au nom de Dieu, leur Dieu même si toutes proclament qu’il n’en existe qu’un. De grâce, qu’on nous fiche la paix. Que chacun espère et prie à sa façon, mais qu’on cesse d’imposer sa foi aux autres. Et puisqu’il paraît que c’est la marque de l’homme que de pouvoir agir en liberté pour le meilleur et pour le pire, prions pour que cela dure sans se faire administrer des leçons de morale de la part d’hommes certes respectables, mais qui n’ont pas à affronter les difficultés de la vraie vie et dont les institutions n’ont guère été des modèles d’humanisme dans un passé proche. Alors tant qu’à faire entre l’idéalisme du Pape et le pragmatisme du président Macron je choisis le second.
GXC