• Le doyen de la presse Européenne

Locu Teatrale : Invitation à la Sardaigne

Au programme de cette fin d'année

Locu Teatrale : Invitation à la Sardaigne



Des créations théâtrales en corse, en français, en sarde. Des résidences d’artistes. Des ateliers. Des concerts. Des conférences. Voici les propositions de Locu Teatrale.


Dirigée par Marianna Nativi la compagnie met l’accent sur la langue corse tout en étant ouverte sur d’autres expressions et en collaborant avec d’autres théâtres. C’est ainsi qu’a été montée avec L’Aghja, « Sœurs », pièce en français de Pascal Rambert. Spectacle donné sur la scène bastiaise de La Fabrique puis tournée dans toute la Corse et sur le continent.

Au programme de cette fin d’année,
« E Lettere di Santa », par la Cie L’Ombre et la Lumière de Corinne Mattei, pièce mise au point lors d’une résidence d’artistes dans l’espace de LocuTeatrale. « Fiammulina è Babbu Natale » à destination des enfants, texte de Marianna Nativi. C’est l’histoire d’une petite fille capricieuse de 7 ans qui passe son temps à pianoter sur I Pad et sur I Pod. Mais miracle de la Nativité elle va dépasser son horizon numérique grâce à un beau livre.

Originalité de de la programmation – beau cadeau de Noël– « Viaggio / Viaghju », coproduction corso-sarde, une création avec le Teatro S’Arza de Sassari où la directrice de Locu Teatrale a été en résidence. La pièce a été présentée pour la première fois au 28 è Festival international du théâtre de recherche de Sardaigne. La thématique de la pièce s’inspire de « U Viaghju », nouvelle de Petru Santucci, poète, écrivain, par ailleurs chercheur à l’INRA et passionné par le GR20.

« Viaggio / Viaghju » convie le spectateur à suivre la route de Landincu, éleveur, veuf de son état. Les enfants dont il s’est occupé étant élevés, il décide de partir retrouver son grand amour de jeunesse. Il entreprend alors un parcours en montagne, voyage physique et voyage de renaissance culturelle. Voyage encore dans l’univers magique des deux îles.

Le spectacle est mélange subtil d’apports sardes et corses. Deux fées typiques des légendes de Sardaigne sont les narratrices de l’histoire de Landincu. Des chants traditionnels de l’île voisine et des poèmes de Rinatu Coti accentuent l’atmosphère de merveilleux de « Viaggio / Viaghju ». La mise en scène est de Romano Foddai. Le voyageur est incarné par Stefano Petretto. Les comédiennes sont du côté sarde, Maria Paola Dessi, du côté corse, Marianna Nativi.

A ne pas manquer !

Michèle Acquaviva-Pache


• Les représentations à Ajaccio :

24 novembre à 20 h30 : « E lettere di Santa » avec Corinne Mattei.
11 décembre à 20 h 30 : Viaggo / Viaghju ».

• Hors les murs :

1 er décembre à 10 h 30 : « Fiammulina è Babbu Natale » à la médiathèque de Bonifacio.
9 décembre à 18 h : « Fiammulina è Babbu Natale » à Afa.
12 décembre à 17 h : « Viaggio / Viaghju » au Musée de Levie.

ENTRETIEN AVEC MARIANNA NATIVI



Quand et dans quelles circonstances avez-vous fondé Locu Teatrale ?

C’était en 1988 après des études d’art dramatique au Canada. Au début nous n’étions qu’une association. Nous sommes devnus une compagnie professionnelle onze ​ans après. Notre parcours pendant longtemps n’a pas été facile car on n’était pas reconnus, puis il y a eu amélioration.


Quelles sont les activités que vous proposez qui sont le plus prisées ?
Quels qu’ils soient nos ateliers répondent aux attentes du public. Tous les lundis Diana Saliceti donne des cours de corse. Deux mardis par mois Monique Mufragi offre une initiation au flamenco. Le dernier mardi du mois se déroule un atelier libre de chjam’è rispondi où l’on improvise. Les mercredis après-midi je propose du théâtre en langue corse pour les petits. C’est un atelier que j’anime en recourant à des outils adaptés aux enfants. Enfin les mercredis entre 18 h et 20 h Michel Solinas rode les adultes au chant traditionnel… Le flamenco attire beaucoup les gens. De plus chaque mois nous avons une soirée tango qui fait toujours le plein. Le peintre, Mario Sepulcre, expose régulièrement à Locu Teatrale et ses vernissages sont très suivis. Les conférences, en particulier celles de Toussaint Corticchiato, qui portent sur la psychanalyse, remplissent la salle.


Les spectacles que vous avez créés qui ont eu le plus de succès ?
« Huis clos » de Sartre, mis en scène par Jean Michel Ropers. « Raison d’Etat » de Christian Maïni, qui était un beau spectacle. « L’indomita donna » de Rinato Coti sur Danielle Casanova m’a le plus marqué tant il y avait d’émotion dans le texte en corse et en français. Cette création était un cheminement qui n’avait rien d’évident car certaines scènes étaient très dures. Mes deux filles, Delia et Danae, jouaient à mes côtés. La mise en scène était de Xavier Valentini. Nous avons exporté ce spectacle au Festival d’Avignon dans le off. Je citerai également, « Ultimus », d’après un de mes rêves, monté avec X Valentini et « Le chancelier nu » de R Coti.


Dans votre programmation il y a aussi l’accueil du Cabaret de RCFM, à quelle fréquence et pour quel genre de musique ?
Une fois par mois nous recevons l’émission de RCFM avec à l’affiche des groupes de chant corse tel L’Oscuru ou L’Alba ou des chanteurs-auteurs-compositeurs comme Laurent Bruschini.


Des événements particuliers pour cette saison 2023 – 2024 ?
Nous allons recevoir Delphine Elliet de « L’école du jeu » qui a une pratique théâtrale originale et qui s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux amateurs, Elle est très renommée et ce sera la première fois qu’elle viendra en Corse. En réponse à un appel à projet de la Collectivité de Corse en direction des enfants j’ai théâtralisé un livre en corse. Il y aura trois comédiens sur scène et des marionnettes. Le sujet tourne autour du rituel du coucher d’un petit. Nous monterons ce spectacle au cours de trois résidences à L’Espace Diamant, à Prunelli di Fiumorbu, à L’Aria.


Depuis tant d’années consacrées à la culture comment voyez-vous la période actuelle ?
Je suis à la fois pleine d’espoir et de doutes… La Corse d’hier ne se retrouve pas dans celle d’aujourd’hui… En Sardaigne la scène culturelle est bien plus vivante. Depuis le Covid les gens se sont repliés sur eux. Le confinement a eu pour résultat qu’ils ont tendance à rester chez eux. A nous de reconquérir le public petit à petit.


Vos deux filles, Delia et Danae, sont comédiennes. Les avez-vous encouragées dans cette voie ?
Delia a choisi le théâtre à quinze ans. Nous l’avons envoyé au conservatoire d’art dramatique d’Avignon. Très vite elle a été choisie par Olivier Py pour une tournée mondiale, ensuite Thierry de Peretti l’a engagée pour « Une vie violente ». En ce moment elle s’intéresse au mixage afin de finaliser des textes qu’elle écrit et des morceaux qu’elle compose. Avec Danaeelle a mis en scène et joué la pièce, « Sœurs ».


Actuellement que faudrait-il pour impulser plus de dynamique à la culture en Corse ?
Je pense qu’il serait nécessaire de s’ouvrir aux autres cultures minoritaires de Méditerranée… On devrait songer à un grand festival en ce sens qui engloberait théâtre, cinéma, danse, musique…



Où en est le théâtre en langue corse ?
Constat : il n’est pas largement représenté ! On pourrait s’appuyer sur certains dramaturges francophones. Mais on doit se garder d’adaptations trop littérales. Le théâtre d’un Jean Genet, par exemple, il faut absolument le transposer sinon on risque de verser dans le vaudeville… ce qui serait catastrophique.

Propos recueillis par M.A-P










Partager :