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Mener l 'offensive contre la pauvreté en Corse et créer de l'espérance

Une Corse moins pauvre demain

Mener l’offensive contre la pauvreté en Corse et créer de l'espérance



La Coordination interassociative de lutte contre l’exclusion a organisé le 16 octobre 2023 un colloque dont le thème était « Une Corse moins pauvre demain ». Y a été expliquée par des spécialistes la place de la pauvreté dans les dysfonctionnements du système Terre-Humain et surtout comment trouver des voies pragmatiques pour un meilleur accès en Corse à la Santé, aux ressources alimentaires et énergétiques.

Les pauvres ne sont pas responsables de leur sort


C’est l’excellent Docteur Pernin qui, en présence du cardinal Bustillo, évêque de Corse, a ouvert le colloque : « Nous sommes une nouvelle fois convoqués par la misère, et c’est une misère qui nous a fait une confidence : la pauvreté nous a déclaré la guerre » puis il a rendu hommage à la cohorte des acteurs de cette « armée » de professionnels, de bénévoles, sans oublier l’entreprise privée, les fonctionnaires de la justice, de la police, de l’armée, les journalistes. Tous ont contribué et contribuent à la lutte incessante menée contre la misère. Terme terrible que celui de « misérables » mis à l’honneur par l’immense Victor Hugo, mais qui a longtemps désigné des personnes indignes d’appartenir à la société. Le Dr Pernin a rappelé que la pauvreté n’est pas une fatalité, qu’elle possède des causes qu’il convient de combattre avec rationalité et opiniâtreté. Il a utilisé une phrase de Joseph Wresinski le fondateur d’ATD Quart-monde : « La misère est l’œuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire ». En France elle touche près de quinze millions de personnes. Dans le monde, le chiffre est épouvantable aggravé par l’injustice sociale qui règne sur notre planète et le docteur de dénoncer l’horreur des noyades en Méditerranée.

Croire en l’humanité


Il y a quelque chose de réconfortant à constater l’existence même d’un tel colloque. Voilà des personnages savants et connus qui s’inquiètent du sort des invisibles de celles et ceux qu’on ne voit pas ou plutôt qu’on ne veut pas voir. Jean-Philippe Pernin est Coprésident de l’Association de Préfiguration de la Maison de l’Anthropocène de Grenoble. Il se présente comme un « spécialiste de la vulgarisation » des systèmes complexes. En d’autres termes, il cherche comment créer des chemins le plus efficaces possibles pour lutter contre tout ce qui contribue à un effondrement des systèmes vitaux. Il a parlé de l’augmentation continue des précarités : alimentaire, sanitaire, énergétique, mal-logement, transports… qui conduit à une perte de repères et qui mène à une disparition des solidarités, à un repli sur soi. Pour lui il faut « d’une part avoir des connaissances plus précises sur ce qui se passe en termes de dérèglement du système terre-humain et d’autre part agir de façon solidaire dans un territoire donné ». Et la Corse peut être un territoire qui se prend en main » affirme-t-il. Il a martelé que le réchauffement climatique était bien causé par le comportement humain et plus encore par celui des pays riches. Dénonçant le mythe de la croissance infinie, il a cité le très récent rapport du Club de Rome « Terre pour tous », qui propose plusieurs axes pour mettre fin à la pauvreté : s’attaquer aux inégalités flagrantes, renforcer l’émancipation des femmes, refaçonner un système alimentaire sain et opérer une transition vers les énergies propres.

Des interventions, des débats et de l’espoir


Hyacinthe Choury ; président du Secours populaire a dénoncé les bas salaires pratiqués en Corse qui s’ajoutent au coût de la vie supérieur à celui du continent. Interrogé par la salle sur les solutions, il a insisté sur la nécessité de s’attaquer prioritairement aux trois principaux postes de dépenses des familles : l’énergie, l’alimentation et le logement.
François Casabianca, membre du CESEC de Corse a mentionné des actions solidaires menées pour combattre la grande pauvreté, insistant sur le phénomène de l’exclusion alimentaire.
Georges Guironnet, expert en énergie renouvelable et pionnier de l’énergie solaire dans notre île a introduit son temps de parole pour dénoncer l’appropriation de l’énergie par les plus riches et son rôle dans l’accroissement de la misère. D’une façon très pointue, il a plaidé pour un usage exponentiel des productions dites propres à commencer par le solaire et l’éolien.
Le professeur Papazian qui exerce en tant que médecin intensiviste réanimateur au centre hospitalier de Bastia et enseignant-chercheur rattaché à Aix-Marseille Université, est intervenu sur la question sanitaire en Corse abordant le vieillissement de la population, la démographie déclinante du corps médical et des difficultés de renouvellement.
Ces quelques heures d’exposition des problèmes de pauvreté qui touche notre île et des remèdes éventuels ont surtout servir à affirmer qu’on peut éradiquer la grande pauvreté. Mais il y a une condition : que la solidarité citoyenne joue à fond un rôle de liant tout en nourrissant l’espoir d’une humanité meilleure.

GXC
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