• Le doyen de la presse Européenne

Une volonté nécéssaire de changement.

Voici donc l'année 2024 qui entame son galop d'entrée

Une volonté nécessaire de changement

Voici donc l’année 2024 qui entame son galop d’entrée. Elle promet d’être importante sinon décisive à bien des égards pour la Corse.

Les changements ministériels à venir


Le changement promis pour la Corse dont on ne connaît toujours pas l’ampleur va dépendre en partie, et en partie seulement, de l’unité des élus corses. Plus leur projet de révision constitutionnelle donnera le sentiment d’être celui de l’ensemble du peuple corse et plus il sera crédible aux yeux de la représentation nationale française. Mais ne nous faisons pas trop d’illusions. La faiblesse affichée par le pouvoir du président Macron n’est pas de bon augure. Quand le roi est en état de faiblesse, ses adversaires n’ont de cesse de vouloir lui trancher les jarrets. Et s’ils peuvent le faire avec un sujet aussi épineux que la Corse, ils le feront sans hésiter. Or un remaniement de la Constitution a besoin des trois cinquièmes du Congrès. On voit mal comment cela pourra advenir. De plus, le gouvernement lui-même, bousculé par l’échec de la loi immigration, rendue à sa version d’extrême droite, fragilise la Première ministre. Des rumeurs de remaniement agitent le landerneau politique. Il y a néanmoins peu de chances que le ministre Darmanin perde sa place avant les Jeux olympiques. Mais il ne va se retrouver en position de force. Dans de telles conditions que peut espérer la Corse sinon au mieux quelques possibilités normatives qui ne satisferont aucunement le mouvement nationaliste.

Gilles Simeoni, le Macron insulaire


L’attitude du président de l’exécutif est devenue intenable. D’une main il brandit la motion nationaliste qui prétend affirmer une autonomie pure et dure assortie d’une clause de revoyure qui apparaîtra pour les élus français comme une marche vers l’indépendance et de l’autre il tente d’obtenir le minimum vital auprès d’un Macron affaibli. Ça n’est plus un grand écart, mais un grand déchirement. Gilles Simeoni a bénéficié pour être désigné à la place où il se trouve du même alignement des planètes que son double continental. Comme lui, il a excellé dans le en même temps donnant l’impression d’hésiter au milieu du gué et laissant les affaires insulaires s’enliser. Il est vrai qu’il est prisonnier d’un système qui privilégie le clientélisme, un clientélisme dont il s’est servi pour conforter sa position en éliminant ses anciens alliés nationalistes. Le problème est que l’histoire fixe toujours des rendez-vous douloureux où s’affrontent les colonnes débit et crédit. Que fera la majorité actuelle quand il va s’avérer que cette interminable discussion accouchera d’un avorton et que la Corse restera prisonnière de la politique de la main tendue non pour signer un accord juste, mais pour demander toujours plus de subventions ?

Nous changeons de paradigme


Les Anglo-Saxons appellent paradigme un système qui induit un système de pensée. Aujourd’hui, le paradigme ancien s’efface devant un nouveau qui nous oblige à réfléchir avec de nouveaux paramètres. Le monde est désormais soumis à une double impulsion : destruction lente, mais certaine de la puissance occidentale et de ses valeurs et apparition d’un monde bipolaire avec d’un côté des États-Unis eux-mêmes déstructurés et une puissance asiatique largement dominée par l’Empire chinois. Quelles conséquences pour la Corse ? Le centralisme français cède en bien des points et ouvre des possibilités. Mais ces faiblesses induisent également un raidissement des forces jacobines. En Corse, le mouvement nationaliste dans son idéologisme va devenir de plus en plus inopérant laissant la place à des forces citoyennes qui vont utiliser la désobéissance civile et exiger des changements législatifs. Cela va débuter par des luttes concernant la terre, la légitimité indigène face à des forces spéculatives qui marque chaque année toujours plus de points.
Peu à peu, il va être démontré que la seule chance pour la Corse de ne pas devenir une réserve d’Indiens à côté d’un littoral friqué, sera de donner les rênes économiques à ceux qui travaillent, à ceux qui produisent de la richesse et non à une caste de politiciens qui ne comprennent plus grand-chose aux mutations en cours. Les échecs en matière d’environnement, de politique énergétique, de transports, de politique sociale vont mettre en exergue cette nécessité de changement au nom d’un pragmatisme nécessaire. Si ce rendez-vous est raté alors la Corse va s’enfoncer dans un futur où les Corses eux-mêmes n’auront plus qu’une place d’apparence. L’idée même de « peuple corse » deviendra une pièce de musée reléguée sur des étagères couvertes de poussière. Il y aura certes des Corses au sommet. Ils appartiendront à cette infime minorité qu’on appelle ailleurs la bourgeoisie compradore et qui aura réussi à tirer son épingle de ce jeu sinistre au détriment de l’immense majorité des citoyens. Il ne tient qu’aux Corses d’empêcher une pareille fatalité. C’est possible à condition d’en avoir la volonté et de sortir des schémas anciens.

GXC
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