• Le doyen de la presse Européenne

Ces guerres qui n'intéressent pas grand monde

Seules deux guerres sont vraiment connues du grand public.....

Ces guerres qui n'intéressent pas grand monde


Il est des guerres qui mobilisent les consciences et parfois les foules. D'autres laissent les bonnes consciences indifférentes. Les raisons de tels choix : l'intérêt que présente l'issue des conflits pour notre propre société en termes supposés moraux voire religieux ou en conséquences économiques. Le monde devient plus violent qu'au début de ce siècle et la planète connaît aujourd'hui huit guerres majeures, en plus de dizaines de conflits armés à la recherche de territoires ou de gouvernements. Mais seules deux de ces guerres sont vraiment connues du grand public.

Des conflits dits mineurs


Car à côté de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, provoquée par le massacre du 7 octobre, et à l'invasion russe de l'Ukraine, commencée en février 2022, des conflits armés extraordinairement meurtriers se déroulent au Congo, Burkina Faso, Somalie, Soudan, Yémen, Birmanie, Nigeria et Syrie. Généralement pour définir une guerre, on se livre à une comptabilité morbide. Il faut que le conflit entraîne plus d'un millier de morts par an au cours des combats.

Lorsque ce chiffre descend en dessous de vingt-cinq morts par an au cours d'affrontements, ce sont des « conflits armés ». Magnus Öberg, directeur de l'UCDP-Brésil cité par la BBC News déclare : « Le nombre de conflits a augmenté et le nombre de décès liés aux combats a augmenté de 97 % rien qu'en 2022, avec une augmentation de plus de 400 % depuis le début des années 2000 » .

Des raisons diverses et variées


Les facteurs de guerre sont nombreux : les crises alimentaires, la faiblesse d'états rongés par la corruption et les fractures ethniques, une démographie galopante, le jeu pervers des grandes puissances et des multinationales, des états vacillants et bien entendu le désordre climatique.

Parmi les principaux facteurs d'invisibilité d'une guerre, il y a la liberté de travailler des journalistes mais aussi l’intérêt qu'elle a avec nos propres préoccupations ou intérêts. Or notre désintérêt joue sur le sentiment d'impunité des belligérants et les dégâts provoqués parmi les populations civiles. Par ailleurs, la visibilité est déterminante dans l'envoi d'une aide humanitaire dans des zones en guerre ou en conflit. Un expert déclarait à la BBC : « Le soutien militaire peut avoir lieu pour des raisons stratégiques, même sans grande attention de la part des publics occidentaux. Mais le soutien humanitaire a tendance à nécessiter une mobilisation de l'opinion internationale ».

Ces guerres « invisibles »


La guerre en Éthiopie contre le TPLF (Front populaire de libération du Tigré) a causé en tout près de 200 000 morts essentiellement des civils massacrés.

La guerre civile au Yémen, confrontation entre le pouvoir et les Houtis a provoqué selon l'ONU plus de 380 000 morts depuis son début en 2014. Toujours selon la même source, la moitié des décès dans ce pays sont directement causés par le conflit armé, tandis que l'autre moitié est due à la faim et aux maladies causées par la crise humanitaire à grande échelle.

Le Burkina Faso est le théâtre de violents affrontements entre les forces armées gouvernementales et des groupes insurgés islamiques comme Ansarul Islam, lié à Al-Qaïda, et l'État islamique au Sahel (ISS). Le nombre de victimes dépasse les 20 000.

La guerre civile en Somalie s'est intensifiée au cours de la première décennie des années 2000 avec la montée d'Al Shabaab, un allié d'Al-Qaïda, combattant les forces gouvernementales soutenues par l'Union africaine qui tente de renverser le gouvernement local, soutenu par les pays occidentaux. La CIA estime qu'entre 1988 et 2020, la guerre civile en Somalie, a fait environ 550 000 morts.

Au Soudan, les Nations unies ont annoncé que les combats entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide ont fait plus de 13 000 morts et près de 26 000 blessés depuis le 15 avril dernier notamment au Darfour où les milices arabes massacrent les populations noires. L'indépendance du sud Soudan en 2011 a provoqué de nombreux affrontements et le déplacement de six millions de personnes vers l'Éthiopie notamment.

Selon l'agence des migrations des Nations Unies, les combats ont laissé 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, dépendantes de l'aide humanitaire. Le Royaume-Uni affirme qu'un nettoyage ethnique a été commis au Darfour.

En Birmanie, le génocide des Rohingyas a provoqué la mort de plus de 13 000 enfants et 1,3 million de personnes ont été déplacées de leurs foyers.

Il faudrait y ajouter la guerre civile au Mali, en Libye, au Mozambique… autant de noms de pays qui laissent les opinions publiques occidentales indifférentes. Et pourtant souvent on y tue plus qu'à Gaza et autant qu'en Ukraine.

Mais les enjeux émotionnels et économiques ne sont pas les mêmes. Et puis osons le dire : lorsque ce sont des Africains noirs qui sont massacrés nos décolonialistes professionnels et les zélateurs de l'empire colonial n'ont strictement rien à faire de ces conflits amphigouriques.

GXC
Partager :