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Autonomie pour la Corse , et moi, et moi , et moi !

Les révendications régionalistes et autonomistes se multiplient.....

Autonomie pour la Corse, et moi, et moi, et moi


Dans le sillage des concessions obtenues par les élus de Corse, les revendications régionalistes et autonomistes se multiplient.



Après de longues heures de discussions sur les modalités de vote, les élus de l'Assemblée de Corse ont adopté le Projet de texte relatif à une écriture constitutionnelle qui devrait être soumis avant l’été aux députés et aux sénateurs. Le texte a été validé à l’issue de trois votes majeurs. Le premier vote a porté sur l'article reconnaissant l’existence d’une communauté historique, linguistique, culturelle avec son lien à la terre. Résultat : 62 voix pour, une contre (celle de la conseillère Josepha Giacometti-Piredda, représentant le parti Nazione, le nouveau parti indépendantiste jugeant le texte en deçà des standards en matière d'autonomie). Le deuxième vote a concerné l’article mentionnant le pouvoir normatif et le pouvoir d'adaptation. Résultat : 49 voix pour, 14 voix contre (celles de 13 conseillers Un Soffiu Novu, celle de la conseillère Josepha Giacometti-Piredda), 1 abstention (celle d’une conseillère Un Soffiu novu). Le troisième vote était relatif à la nécessité de consulter les Corses (référendum local). Résultat : 62 voix pour, une contre (Josepha Giacometti-Piredda). La Corse a fait un pas de plus vers l’autonomie.
Gilles Simeoni, le président du Conseil Exécutif, a exprimé sa satisfaction, tout en restant prudent car beaucoup reste à convaincre le plus grand nombre possible de parlementaires et à travailler sur la loi organique qui définira le concrets du statut d’autonomie. Cette avancée institutionelle qui se dessine fait des envieux.


Bretons, Alsaciens, Basques



Alors que l’accord venait juste d’être trouvé entre le ministre de l’Intérieur représentant l’État et la majorité des élus de la Corse, Loïg Chesnais-Girard, le président de la région Bretagne, a révélé que, quelques jours auparavant, il avait écrit au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ainsi qu’à Gérard Larcher, président du Sénat, pour demander davantage de décentralisation pour sa région et pour « tous les territoires de la République marqués par une forte spécificité », et revendiquer que son territoire puisse bénéficier de la même considération que la Corse : « La décentralisation est inscrite dans la Constitution (…) Si nous respectons profondément les attentes de la Corse, cela ne peut constituer la seule avancée pour notre pays qui, à mon grand regret, crève de son centralisme ». Le maire de Bayonne Jean- René Etchegaray (parti macronien Renaissance) a de son côté relevé : « Beaucoup de choses nous font ressembler à la Corse » et a suggéré que soit reconnue au Pays Basque une « différenciation » pour « faire vivre une histoire, une langue, une culture particulière ». Il dit attendre pour le Pays basque « un vrai acte de décentralisation ». Cette intervention n’est pas une surprise. Depuis le 1er
janvier 2017, date à laquelle a été créée l’intercommunalité du Pays basque qui réunit 158 communes, Jean-René Etchegaray, premier président de cette collectivité, plaide en ce sens. Il affirme aussi que les élus des 70 % des conseils municipaux s’étant prononcés pour la création de la communauté d’agglomération, partagent sa position qu’il exprime aussi ainsi : « Il faut prendre ce train-là afin que les territoires ne soient plus bridés ». Frédéric Bierry, président (Les Républicains) de la Collectivité Européenne d'Alsace, née de la fusion des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin depuis 2021, a pour sa part déclaré : « Le gouvernement donne des perspectives de renforcement du pouvoir d'agir dans les territoires, cela doit aussi concerner l'Alsace.
Ce que nous proposons est simple, il n'y a pas besoin de modifier la Constitution. Si on accorde des droits à un territoire au regard de spécificités, c'est légitime que l'Alsace puisse aussi avancer. J'estime que la brèche est ouverte ! » L'ancien ministre en charge du Commerce extérieur et de l'Attractivité, Olivier Becht (Renaissance), redevenu député du Haut-Rhin, a emboîté le pas à Frédéric Bierry. En effet, lors du dîner des parlementaires alsaciens de la majorité présidentielle à Matignon, il a proposé au Premier ministre Gabriel Attal que la Collectivité Européenne d'Alsace, issue de la fusion des deux départements, puisse récupérer les compétences régionales dans le cadre d'une expérimentation. En Alsace encore et enfin, le parti Unser Land a salué « une première reconnaissance d’autonomie par l’Etat » et revandiqué que cela s’applique à l’Alsace car, selon ce parti autonomiste, les Alsaciens peuvent faire leur, être une « communauté historique, linguistique et culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre »/


Et eux aussi !



Dans le Doubs, le projet d’autonomie corse a suscité l’enthousiasme des régionalistes. Leur chef de file, Jean-Philippe Allenbach, président du Mouvement Franche-Comté, qui appelle depuis des décennies à une évolution vers « une France fédérale », demande une égalité de traitement : « D’une manière générale, nous saluons l’accord trouvé avec les Corses. Mais nous le trouvons discriminatoire pour notre région qui possède une identité propre, au même titre que la Savoie, l’Alsace ou la Bretagne. Nous souhaitons la même chose : c’est tout le monde ou personne. Sans quoi, demain, nous aurons des élus de première classe qui pourront agir librement. Et des élus de seconde classe, qui seront privés de ce droit […] L’identité historique et culturelle de certaines régions, comme, par exemple, la Franche-Comté, l’Alsace, la Bretagne ou la Savoie ne vaut-elle pas celle de la Corse ? » Jean-Philippe Allenbach exploite la situation pour aussi demander une renaissance de la région Franche-Comté : « Nous demandons la scission de la Franche-Comté avec la Bourgogne. Qu’on nous redonne notre région et les mêmes droits pour adapter nos réglementations et nos lois. »
En Guyane, Gabrielle Serville, président de la Collectivité Territoriale, a lui aussi exprimé une exigence d’égalité de traitement avec la Corse : « Je suis profondément choqué et extrêmement en colère [...] Cela fait quelques décennies que la classe politique se bat pour que la Guyane puisse bénéficier d'un statut qui soit fait sur-mesure. » Le président de la Collectivité Territoriale estime que les mesures annoncées pour la Corse sont « une véritable insulte portée à l'intelligence des Guyanais » et rappelle que, sur son territoire, plusieurs congrès se sont tenus pour élaborer le projet d’une future collectivité autonome. Tous ces « Et moi, et moi, et moi » seront-ils de nature à agacer le Président de la République ou à réveiller l’esprit jacobin de certains parlementaires, et à ainsi compromettre ce qui a été validé depuis le début du processus Beauvau ? On ne peut l’exclure...



Pierre Corsi
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