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La théorie des dominos

En Nouvelle Calédonie , la crise est loind'être finie.

La théorie des dominos


En Nouvelle Calédonie, la crise est loin d'être finie. Les jeunes Kanaks ont décidé de rester sur les barrages tant qu'il ne serait pas mis un terme à l'élargissement du corps électoral ce qui est constitutionnellement impossible tout au moins après 2025. Mais déjà, la situation tahitienne inquiète les autorités. À Mayotte, les opérations de police n'ont rien réglé. L'ensemble de ces situations donne le sentiment d'un affaissement de l'État français. En témoigne un peu partout la constitution de milices locales.


La question sociale au cœur de la question kanak


A la question identitaire que même la gauche et l'extrême gauche ne peuvent pas nier s'ajoute en Nouvelle Calédonie la question sociale. C'est dans le nord du grand Nouméa où s'entassent désormais 50 % de la population kanake que les affrontements ont été les plus violents alors qu'en brousse les uns et les autres ont tenté de préserver une entente cordiale. À Tahiti, Moetai Brotherson, le président indépendantiste de la Polynésie française a affirmé qu'il n'y avait pas de risques de contagion aussitôt contredit par Patrick Galenon, secrétaire général du premier syndicat polynésien, la CSTP-FO mettant en exergue l'augmentation de l'écart entre les riches et les pauvres. « Les familles ne peuvent plus se loger, même en contrat à durée indéterminée. Il y a des Porsche partout, mais aussi trois fois plus de sans-abri qu’avant la pandémie de Covid-19. L’espoir suscité auprès des populations défavorisées par l’arrivée des indépendantistes est déçu en Polynésie comme en Nouvelle-Calédonie » Tiens voilà qui nous rappelle à nous autres Corses une situation que nous connaissons bien. Deux indépendantistes ont par ailleurs tenu des propos très radicaux sur les nouveaux venus. Le pasteur Mitema Tapati, élu indépendantiste a regretté "le blanchiment" de la population. De son côté, Ronny Teriipaia, ministre de l'Éducation nationale a dénoncé une "invasion" de la Polynésie.

Tahiti, une situation contrastée qui peut néanmoins exploser


Les observateurs font remarquer la différence entre la Nouvelle Calédonie où les Kanaks sont minoritaires sur leur terre au contraire des Tahitiens largement majoritaires. Il est vrai que les Tahitiens, contrairement à ce que pourraient laisser penser les propos scandaleux du pasteur Tapati, acceptent parfaitement dans leurs rangs les "demis" c'est-à-dire les métis. La possibilité d'une explosion sociale pourrait paradoxalement venir d'une diminution du tourisme, principale source de capitaux. Car alors on retirerait aux plus démunis le tout petit plus qui leur permet de survivre. Papeete a déjà connu deux émeutes particulièrement graves dans le passé. Autre problème comme en Corse : la spéculation immobilière qui flambe et qui touche particulièrement la classe moyenne. Vingt mille Wallisiens et Futuniens vivent en Nouvelle Calédonie ainsi que cinq mille Tahitiens. Or le PIB par habitant est presque deux fois plus élevé en Nouvelle Calédonie qu'à Tahiti. D'où la crainte d'investissements qui provoqueraient une hausse des prix du logement. Tout est donc très fragile dans le Pacifique et on craint fort un effondrement des dominos les uns après les autres. Nouvelle Calédonie, Mayotte…

Et la Corse…


La Corse occupe sur l'échiquier français une place très particulière. Elle est tout à la fois périphérique et centrale. C'est une variété d'oxymore politique et psychologique. Les maladies qui affectent l'état central nous rendent aussi malades. Mais nous possédons aussi nos propres affections qui font de notre microsociété un ensemble hautement inflammable. Il ne fait aucun doute que la rentrée de septembre va s'avérer particulièrement périlleuse. Les élections européennes promettent une défaite macronienne. Le processus Darmanin relatif à l'autonomie en Corse, a bien peu, pour ne pas dire aucune chance, de passer sauf miracle divin. Il va s'y ajouter la crise budgétaire qui pourrait bien déboucher sur un renversement du gouvernement. Crise économique et crise politique sont les deux ingrédients qui mènent aux émeutes. Or un état faible oscille toujours entre deux attitudes : une excessive fermeté qui en Corse peut mener à mort d'hommes ou une faiblesse insigne qui laisse penser que la violence est l'indispensable outil pour parvenir à ses fins. Une émeute peut se résumer à quelques centaines de manifestants bien décidés à rompre des lances avec les forces de l'ordre. Alors oui, la Corse peut fort bien devenir une petite Nouvelle Calédonie mais avec un mouvement nationaliste tout à la fois majoritaire et pourtant affaibli par le peu de résultats obtenus en neuf de dirigeance. En d'autres termes à la crise d'autorité de l'état central viendrait s'ajouter celle du pouvoir local laissant croire à chacun qu'il serait en capacité de l'emporter. Bref tous les ingrédients nécessaires au chaos sont en train d'être réunis en France et dans ce sous-ensemble corse qui, en définitive, parfois lui ressemble comme un clone.

GXC
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