Ed avali chi fà è chi si pò fà ?
Ne barguignons pas : le processus Darmanin est mort avec la dissolution
Ed avali chi fà è chì si pò fà ?
Ne barguignons pas : le processus Darmanin est mort avec la dissolution. Il était déjà bien mal en point. Il n’avait pas que la peau sur les os : Macron l’a tué (er). La vraie question est donc aujourd’hui : que reste-t-il à proposer aux nationalistes qui y ont cru jusqu’à croire à un miracle ? Pas grand-chose en vérité tellement leur bilan est maigre. Et le premier parti à devoir payer l’addition est incontestablement Femu a Corsica et Gilles Simeoni.
Un bilan étique à défaut d’être éthique
La politique est impitoyable et certainement pas morale. En tout état de cause, on paie un prix qui n’a rien à voir avec les efforts des individus et des partis. Personne ne pourra nier que Gilles Simeoni a tout mis dans la balance pour réussir le pari autonomiste. Il est même allé au-delà du raisonnable si on en juge par son bilan économique et sociétal. Celui-ci donne le sentiment que tout a été sacrifié au concept d’autonomie sans que jamais on ne perçoive ce qu’en était le contenu. Les déchets, l’énergie, la justice sociale… tout paraît à l’arrêt jusqu’à l’excès. Quant à la transparence de la maison de verre, elle est un rien rendue opaque par les mises en examen de Bastia touchant aux élections. Le clientélisme ne s’est jamais aussi bien porté et, en définitive, ce qui aurait pu être une parenthèse enchantée est resté la continuation du clanisme à la papa. La région est plombée par des recrutements abusifs. Si la Corse n’était pas la Corse, elle aurait déjà dû être mise sous tutelle étatique. Le PADDUC attend depuis maintenant trois ans sa nécessaire et légale révision sans qu’on voie venir quoi que ce soit. Et neuf ans après, la prise de pouvoir par les nationalistes, il devient franchement difficile d’évoquer l’héritage clanique. Par contre, il va être lourd, cet héritage, pour les héritiers de ces années de procrastination qui auront servi les intérêts d’une minorité, d’une nouvelle caste bureaucratique qui aura oublié de s’oublier dans la distribution des prébendes.
Une union en vrac
À juste titre, les anciens alliés nationalistes de Femu lui ont fait remarquer qu’il était un peu facile de les mépriser pour le jour du danger sonner le grand rassemblement d’une union de circonstances. Aujourd’hui, ceux que Gilles Simeoni a refusé d’associer à son pouvoir en 2001 lui renvoient la balle. Mais au fait qu’a-t-il à proposer aujourd’hui sinon de nouveaux appels à un processus dont nous savons tous qu’il n’a plus aucune chance d’être réanimé au moins jusqu’aux présidentielles de 2027 ? Quel fou irait se risquer sur ce sentier casse-gueule alors qu’il existe mille autres sujets à traiter tous plus importants que les autres ? La réalité est que le nationalisme corse ne va évidemment pas s’effacer du paysage. Il va résister, mais très affaibli tout au moins dans son espace autonomiste. Le plus en danger est assurément Jean-Félix Acquaviva qui risque de payer sa morgue. Le docteur Colombani va conserver son poste et sur Bastia et sa région la variable d’ajustement va être le score du Rassemblement national et celui de la Mossa palatina. Quant à Ajaccio, il est certain que le sort de Laurent Marcangeli est suspendu au succès ou à l’insuccès du candidat Filoni. Mais désormais plus rien n’est impossible : la stabilité comme l’instabilité.
Suspendu aux décisions du continent
Jusqu’à maintenant la Corse a fait montre d’une schizophrénie aiguë offrant aux nationalistes français des scores césariens et votant pour les nationalistes corses à l’interne. Se pourrait-il que cette fois-ci, les électeurs corses, en absence de perspectives autonomistes, alignent les deux planètes sur un seul et même méridien ? Bien malin celui qui chercherait à la deviner. Mais il est certain qu’à l’instar de la France entière, la Corse est entrée dans la zone des tempêtes. Car les nationalistes toutes tendances confondues vont avoir intérêt à un regain de violence : les uns pour faire oublier leur déplorable bilan et tenter de remonter en selle, les autres pour exister et s’offrir le luxe d’une espérance d’avenir. Ceux qui vont choisir la voie de la violence vont néanmoins être confrontés à des services répressifs autrement plus aiguisés qu’autrefois, un pouvoir central intransigeant et une population hésitante selon ce qu’aura à leur proposer le pouvoir central. Bienvenue donc au pays de l’incertitude.
Tenter d’avancer
Il serait regrettable et terriblement préjudiciable que la Corse, son économie, sa société s’immobilisent à cause de la crise actuelle. Il faut au contraire faire feu de tout bois, imaginer des chemins pour notre présent et notre futur. Sans jamais abdiquer notre identité, il faut quitter l’idéologisme qui nous a menés dans une impasse et aborder les problèmes qui se posent à nous avec réalisme et pragmatisme. Démontrons notre capacité à obtenir seuls des résultats et nous verrons des portes dont nous ignorions même l’existence, s’ouvrir devant nous. Mais il faut y croire.
GXC