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Kanaky : Led piere du pire est à craindre

Espérer une période de calme ?
Kanaky : le pire du pire est à craindre


La suspension du projet de réforme constitutionnelle relatif au dégel, au détriment des Kanaks, du corps électoral de l’archipel calédonien, permettait d’espérer une période de calme et, peut-être, un renoncement définitif au texte et un dialogue. L’État a fait en sorte qu’il n’en soit rien.


À l’heure où sont écrites ces lignes, depuis deux nuits, nouvelle flambée de révolte en Kanaky. En de nombreux points du territoire, des militants indépendantistes ont érigé des barrages routiers, pris à partie les policiers et les gendarmes, et incendié des bâtiments publics (dont un commissariat et les locaux du Détachement spécial d’intervention de la gendarmerie nationale), des locaux commerciaux ou industriels, des maisons et des véhicules. Les forces de l’ordre sont intervenues avec l’appui de blindés et ont déjà procédé à des dizaines d’interpellations. Ces événements ont sans doute été à l’origine de deux décès. Celui d’un homme en état de « détresse respiratoire » qui, selon le procureur de la République, n’a pu être transporté à l’hôpital du fait des barrages bloquant Nouméa. Celui d’un automobiliste dont le véhicule a, selon les pompiers, frontalement heurté un autre véhicule après avoir « dû faire demi-tour sur une voie express en raison d'un barrage ». Depuis le 13 mai dernier, neuf personnes, dont deux gendarmes, ont été des victimes directes ou collatérales du contexte insurrectionnel ayant découlé de la révolte des kanaks contre le projet de réforme constitutionnelle relatif au dégel, à leur détriment, du corps électoral de l’archipel calédonien. La suspension du projet en raison de l’impossibilité pour le président de la République de convoquer le Congrès du fait de la dissolution de l’Assemblée Nationale, permettait d’espérer une période de calme et, peut-être, un renoncement définitif au texte et un dialogue. L’État a fait en sorte qu’il n’en soit rien. Et ce, en deux temps.


La CCAT dénonce « les tactiques coloniales » de la France


En premier lieu, le 19 juin dernier, onze indépendantistes ont été interpellées dans le cadre d’une vague d’arrestations visant la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), structure réunissant des mouvements politiques et des syndicats indépendantistes. Plusieurs chefs ont été retenus pour des mises en examen : complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme, destruction en bande organisée du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime. Neuf des interpellés, dont l'un des fils de Jean-Marie Tjibaou, ont fait l'objet de mesures de placement en détention provisoire, les deux autres ont été mis en examen et placées sous contrôle judiciaire. En second lieu, alors qu’une explosion de colère couvait déjà au sein de la population kanak, les autorités judiciaires ont décidé le transfèrement dans l’Hexagone des sept militants incarcérés dont Christian Tein, le porte-parole de la CCAT. Ce qui a provoqué l’explosion de la colère. Le procureur de la République a expliqué avoir ordonné le transfèrement pour « permettre la poursuite des investigations de manière sereine, hors de toute pression ou concertation frauduleuse ». La CCAT a répondu en exigeant la libération et le retour immédiat des militants transférés et dénonçant « les tactiques coloniales »
de la France. Chez nous, toutes les organisations nationalistes ont dénoncé la répression contre le peuple kanak et demandé le retrait définitif du projet de réforme constitutionnelle. Carton plein pour la politique Macron : neufs victimes, l’économie du territoire à l’arrêt, de nombreuses infrastructures détruites, situation insurrectionnelle, hostilité ravivée entre populations autochtones et d’origine allogène, organisation de milices par des habitants non-canaque. La perspective d’une arrivée aux responsabilité du Rassemblement national ou d’une représentation parlementaire fortement hostile au respect des droits du peuple kanak n’ont rien de rassurant. Au contraire, on peut craindre que du pire s’ajoute au pire.


JPB
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