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Législatives : François-Xavier Ceccoli fait vaciller le siméonisme

Chez nous, au second tour, tout comme dans l’Hexagone, la vague RN (Rassemblement National) qui a déferlé au premier tour, est passé de la force raz-de-marée à la puissance gros rouleau.

Législatives : François-Xavier Ceccoli fait vaciller le siméonisme



Chez nous, au second tour, tout comme dans l’Hexagone, la vague RN (Rassemblement National) qui a déferlé au premier tour, est passé de la force raz-de-marée à la puissance gros rouleau. Les trois candidats RN restés en lice ont réalisé des scores importants mais ont été battus. Pas de surprise .
En revanche, un événement : le siméonisme a subi sa première défaite électorale significative depuis son irrésistible ascension amorcée en 2014.


Pas de surprise dans la première circonscription de la Corse-du-Sud. Le député sortant Laurent Marcangeli, ex-président du groupe Horizons à l’Assemblée Nationale, ex-maire d’Aiacciu et ex-président de la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (63,20%, 20 892 voix), a balayé la candidate RN Ariane Quarena (36,80%, 12 163 voix). Pas de surprise dans la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud, le député sortant PNC-Avanzemu, Paul-André Colombani (59,21%, 23 969 voix), a surclassé François Filoni, délégué régional du RN (40,79%, 16 509 voix). Pas de surprise dans la première circonscription de la Haute-Corse, le député sortant Femu a Corsica, Michel Castellani (64,33%, 24 667 voix), a étrillé le RN Jean-Michel Marchal (35,67%, 13 677 voix).
Le barrage anti-RN qui associait la droite, le centre, la gauche, les écologistes et le nationalisme a été efficace. Le fait que deux bypasses aient été laissés ouverts (aucune consigne de vote) par Julien Morganti dans la première circonscription de la Haute-Corse et Valérie Bozzi dans la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud, n’a pas eu d’incidence notables. Il convient toutefois de relever que s’il est certes passé de la force raz-de-marée au premier tour à la puissance gros rouleau au second, le RN ne s’est pas effondré. Il a totalisé plus de 30% dans la première circonscription de la Corse-du-Sud et dans la première circonscription de la Haute-Corse. Il a atteint atteint 40% dans la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud. A l’échelle des trois circonscriptions, il a obtenu 8000 voix de plus qu’au premier tour. Ancrage réussi. D’autant plus qu’il a été mené à bien avec des candidats (hormis François Filoni) dont on peut se demander selon quels critères un jury les avaient sélectionnés. On pourrait bien ressentir les effets de cet ancrage quand sonnera l’heure des élections municipes et surtout celle des élections territoriales.


Ils ont été nombreux à participer à la curée


Événement dans la deuxième circonscription de la Haute-Corse. Le libéral François-Xavier Ceccoli (54,48%, 24 458 voix ) a fait mordre la poussière au député sortant Femu a Corsica, Jean-Félix Acquaviva (45,52%, 20 437 voix). Cette victoire du maire de San Ghjulianu s’était dessinée dès le premier tour. En retirant en faveur de l’intéressé sa candidate Sylvie Jouart qui avait obtenu 11 275 voix, le RN a voulu faciliter ce succès. Mais il n’est pas certain que ce retrait n’ait pas eu d’effets négatifs. En effet, la polémique qui a résulté de ce retrait, faite d’accusations et d’insinuations tendant à faire penser à l’électorat que François-Xavier Ceccoli avait été demandeur et avait promis de rejoindre, s’il était élu, les parlementaires soutenant Eric Ciotti, a peut-être incité certains électeurs à porter leurs voix sur Jean-Félix Acquaviva.
Le vainqueur n'a pas seulement permis à la droite qui depuis le milieu des années 2010 subissait défaite sur défaite dans les scrutins régionaux et nationaux (seules les victoire de Jean-Jacques Ferrara et Laurent Marcangeli aux Législatives et de Jean-Jacques Panunzi aux Sénatoriales avaient été de brève éclaircies), de renouer avec le succès dans une élection majeure. Sa victoire représenté en effet bien plus. Elle est lourde sens. Le 30 juin dernier, le siméonisme a subi sa première défaite électorale significative depuis son irrésistible ascension amorcée en 2014. Il a vacillé et les oscillations vont durer.
Cette première défaite est d’autant plus l’lourde de sens que Gilles Simeoni s’est impliqué dans la campagne car Jean-Félix Acquaviva appartient à son premier cercle. Il est son bras droit politique, son cousin. Les adversaires du président du Conseil exécutif ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils ont été nombreux à participer à la curée. La droite a fait campagne à fond. Des élus et des soutiens de ce qui reste du giacobbisme se sont investis. « Des forces qui étaient opposées entre elles en en 2017 se sont aujourd'hui fédérées contre Acquaviva et Simeoni. Cette stratégie électorale a visiblement fonctionné » a déclaré Jean-Félix Acquaviva. Il aurait pu ajouter que des nationaliste ont saisi l’occasion de lui « faire payer » la division de la famille nationaliste lors des territoriales de 2021 dont ils le tiennent pour responsable.


Nécessité de s’unir à nouveau et d’un aggiornamento



La défaite de Jean-Félix Acquaviva est d’ailleurs prise plus qu’au sérieux par le camp nationaliste. Elle lui donne à penser et aussi à redouter que la famille libérale est capable de faire son retour et dispose désormais, en Haute-Corse, d’un leader capable de la réunir, de la dynamiser, de la galvaniser et de la conduire ainsi vers de grandes victoires.
Le camp nationaliste est d’autant plus attentif et inquiet que nouveau député a annoncé la couleur : il ambitionne d’initier et structurer une plate-forme politique qui aura pour vocation de transcender les partis et les idéologies, de réunir les volontés et les talents, afin de proposer une alternative au siméonisme et au delà, au nationalisme. Autonomie avec prise en compte des intérêts spécifiques des Corse et du nécessaire développement économique, social et culturel de la Corse, oui ; autonomie avec pouvoir législatif, non. François-Xavier Ceccoli parle clair. Il est tout aussi explicite quand, pour expliquer la nécessité d’une alternative, il liste les échecs de la gestion siméoniste.
Pour parer au danger, les nationalistes qui, il y a encore quelques jours se chamaillaient, évoquent la nécessité de s’unir à nouveau et d’un aggiornamento. « Les élections Législatives ont globalement sanctionné le Mouvement National dans son ensemble.Ceux qui sont au pouvoir, actuellement, doivent faire une rétrospection de leurs échecs. Nous devons, collectivement, changer de politique » a affirmé Paul-Félix Benedetti, le leader de Corse in Fronte. Beaucoup d’entre eux veulent y croire. Beaucoup aussi craignent que cela soit une fois encore l’expression de bonnes résolutions qui, une fois le choc de la première défaite historique surmonté, seront oubliées ou renvoyées à plus tard.
Beaucoup craignent enfin que les ambitions personnelles, les situations acquises et les contextes locaux ne permettent pas l’élaboration d’une stratégie commune.




Pierre Corsi
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