La crise mondiale : la chute des dominos
Partout des crises
La crise mondiale : la chute des dominos
Étrange sentiment que celui d'un effondrement systémique des pouvoirs à travers la planète. La crise est tout à la fois économique, sociétale, sociale et spirituelle et se traduit des réactions généralement violentes. Et cela vaut pour les pays riches comme pour les pays pauvres.
Partout des crises avec des causes diverses mais des effets identiques
Au Kenya, pays surendetté, le projet de relever la fiscalité s’est soldée cet été par des émeutes qui ont causé plusieurs dizaines de morts après l'incendie du Parlement. Dans le cône sud du continent américain, en Bolivie, où la pénurie alimentaire atteint un niveau historique, un général de l’armée a tenté et manqué un coup d’État. En Syrie, des rebelles armés et financés par la Turquie ont pris la ville d'Alep, mettant en déroute l'armée de Bachar El Assad, privé des milices du Hetzbollah qui se battent au Liban contre l'armée israélienne. Au Soudan la guerre civile a provoqué des centaines de milliers de morts dans l'indiférence générale. Au Congo, on a dépassé les dix millions de victimes sans qu'aucune des bonnes âmes qui se tournent et se retournent pour Gaza, n'ait levé la moindre protestation. En Ukraine chacune des deux parties s'efforcent de gagner du terrain en vue de négociations imposées par Trum le 20 janvier mais aussi par la crise qui affaiblit mois après mois la Russie. En Chine, les stocks de marchandises non vendues en tête desquelles on trouve les voitures électriques, menacent le marché européen qui fléchit sous les effets d'une crise qui se signale partout sous des formes différentes. En Corée du sud, le président est en voie d'être destitué.
La démocratie libérale en faillite
En France, la chute du gouvernement Barnier s'ouvre sur l'inconnu. L'agonie allemande, les bredouillements belges, et partout l'extrême droite qui monte de façon irrésistible sans pour autant apporter de solution à un effondrement systémique des démocraties libérales qui empêche les gouvernements de trouver des solutions à des problèmes aussi divers que le climat, les salaires, les emplois et les spéculateurs.
Mais si les causes, les contextes et les circonstances sont très variables, il devient évident que le commun dénominateur à toutes ces colères est le creusement des inégalités, la baisse du pouvoir d’achat et, de ce fait, une montée des inquiétudes. Les citoyens en proie à des perspectives économiques angoissantes, ont perdu confiance dans la capacité de leurs gouvernements respectifs à faire face à la situation – et le font savoir quitte à mettre à mal le principe même des démocraties. C'est en fait la démocratie libérale qui a surgi au lendemain de la seconde guerre mondiale qui s'affaiblit de mois en mois tandis que les régimes en perte de vitesse ont tendance à répondre à la fureur populaire par une accentuation des mesures répressives et une restriction des libertés.
Une chaîne explosive
Comme bien souvent le début de la chaîne explosive a été la pandémie de la Covid-19 qui a plongé une bonne partie du globe dans une crise économique grave, jetant les bases des troubles sociaux que l’on voit pousser un peu partout. La pandémie avait porté un coup d’arrêt au commerce, réduit les revenus à néant et semé le désordre dans les chaînes d’approvisionnement, entraînant des pénuries dans tous les domaines.
À la fin de la pandémie, les usines et les circuits de distribution n’ont pas su répondre à la demande, provoquant une flambée des prix. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a porté un coup supplémentaire en faisant exploser les prix du pétrole, du gaz, des engrais et des denrées alimentaires. Les Banques centrales ont alors tenté de juguler l’inflation en relevant les taux d’intérêt, ce qui n’a fait que pressurer davantage les entreprises et les ménages. L’inflation fléchit mais les prix demeurent élevés parfois quatre fois plus élevés qu’il y a encore quelques années.
Les pays les plus pauvres les plus touchés
Les pays les plus pauvres et les plus vulnérables en ont été les premières victimes. Des États déjà victimes de prêts au-delà de leurs moyens ont vu leur dette s’envoler avec la hausse des taux d’intérêt. En Afrique, la moitié des pays qui dépensent davantage pour le remboursement des intérêts de la dette que pour l’éducation ou la santé. Même dans les pays occidentaux, la colère gagne. Les agriculteurs européens estiment que le coût des nouvelles normes environnementales – destinées à lutter contre le dérèglement climatique – met en péril leurs moyens de subsistance. Or ne pas agir contre le réchauffement climatique c'est aller au suicide.
Dans l’ensemble, les Européens ont le sentiment que leurs salaires ne leur permettent plus de s’en sortir aussi bien qu’avant. Selon une étude récente, près d’un tiers des Européens estiment que leur niveau de vie va baisser dans les cinq années à venir. Et la croissance marque le pas dans le monde entier, réduisant la palette de solutions. Difficile d'être optimiste dans de telles conditions.
GXC
illustrations :D.R