Elections municipales : les communistes veulent capitaliser
Le Parti communiste a récemment confirmé qu'il entendait donner une suite politique et électorale au sursaut de la gauche survenu lors des élections législatives.
Élections municipales : les communistes veulent capitaliser
Le Parti communiste a récemment confirmé qu’il entendait donner une suite politique et électorale au sursaut de la gauche survenu lors des élections législatives. Afin qu’il ne soit pas sans lendemain, il veut en faire le pas de tir d’une présence forte de la gauche à l’occasion des prochaines élections municipale, notamment à Aiacciu et Bastia. En ce sens, les responsables ajacciens et bastiais du parti ont respectivement lancé appel à l’union des forces de gauche dans les deux villes.
Lors des dernières élections législatives, aucun des quatre candidats ayant adopté l’étiquette Nouveau Front Populaire n’a été présent au second tour. Pourtant, il est apparu que, durant la campagne et dans les urnes, la gauche insulaire avait refait surface. La plupart des instances insulaires des partis de gauche ont recommencé à se parler. Les discussions ont abouti à la présentation d’un candidat d’union dans chaque circonscription. Des synergies et des dynamiques de campagne se sont fait jour. Un message priorisant les revendications sociales (SMIC à 1600 euros, blocage des prix des produits de première nécessité, abrogation de la réforme des retraites…) a refait surface. Enfin, des figures se sont affirmées et l’ambition d’aller plus loin a été clairement exprimée.
Dans la première circonscription de Haute-Corse, Sacha Bastelica a mené une campagne active avec un groupe de jeunes militants et sympathisants, et ainsi mis fin à la quasi disparition de la gauche de la scène politique (seul le Parti communiste donnaient encore un peu signe de vie).
Dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, le maire de Petrusedda, Jean-Baptiste Luccioni, ayant renoué renoué avec le Parti socialiste, a redonné des couleurs à la gauche de l’Extrême-Sud. Enfin, dans la première circonscription de Corse-du-Sud, le communiste Marc-Antoine Leroy a porté le retour d’une visibilité de la gauche dans la région ajacienne. Le Parti communiste a récemment confirmé qu’il entendait donner une suite politique et électorale au sursaut de la gauche survenu lors des élections législatives. Afin qu’il ne soit pas sans lendemain, il veut en faire le pas de tir d’une présence forte de la gauche à l’occasion des prochaines élections municipale, notamment à Aiacciu et Bastia. Il veut capitaliser.
En ce sens, les responsables ajacciens et bastiais du parti ont respectivement lancé un appel à l’union des forces de gauche dans les deux villes. Les communistes ajacciens ont ouvert le bal. Ils ont d’ores et déjà confié à Marc-Antoine Leroy et Pierre-Ange Muselli Colonna, la mission de contacter l’ensemble des forces de gauche et d’ouvrir des discussions avec pour objectif de susciter et structurer une offre de gauche capable de peser dans le débat municipal et de réaliser un score électoral significatif. Carte blanche a été donnée aux deux militants pour qu’ils travaillent à élargir la base politique, citoyenne et électorale qui a permis une première percée du Nouveau Front Populaire en terre ajacienne. Les communistes considèrent que cet élargissement sera possible en poussant au-delà des partis et en intégrant des acteurs des mondes associatif, culturel et syndical à l’élaboration et à la popularisation d’un projet municipal.
Première étape : un courrier envoyé à l’ensemble des organisations de la gauche politique pour proposer une réunion de travail commune. La réussite de leur démarche est jugée vitale par les communistes ajacciens car, à ce jour, ne comptant plus qu’un élu au conseil municipal de la cité impériale (le communiste Étienne Bastelica), la gauche peine à faire entendre sa voix. Et ce de fait, déplorent-ils, les problématiques des populations modestes, en grande difficulté ou en situation d’exclusion sont insuffisamment évoquées ou prises en compte. Leur démarche devrait rencontrer un écho favorable car à Aiacciu, leur parti et d’autres forces de gauche ou progressistes, notamment le Parti socialiste et des membres influents des mondes syndical, culturel et associatif, sont traditionnellement unitaires et se retrouvent d’ailleurs souvent côte à côte dans des mobilisations.
Plus ardu à Bastia
A Bastia, les communiste veulent aussi la construction d’un front commun à gauche. Ils entendent le faire pour « tourner la page de dix années de reculs sociaux », « rompre avec dix années de gestion libérale », « redonner une perspective à ceux qui souffrent du mal-logement, de la pauvreté et de la vie chère », « faire barrage à l’extrême droite ». C’est le message que délivrent Michel Stefani, le secrétaire régional du parti, et les militants. C’est le message qui est décliné dans un communiqué publié récemment. Dans ce communiqué, est d’abord exposée une critique radicale de la politique de l’équipe municipale sortante. Selon les communistes bastiais, les conditions de vie de beaucoup d’habitants sont peu enviables : « Un ménage sur deux à Bastia vit avec moins de 1300 euros par mois. Le taux de pauvreté est de 23% soit cinq points de plus que la moyenne régionale. Le niveau moyen des loyers situe Bastia dans le haut du tableau des villes de même strate. 1900 demandes d’un logement social figurent au registre national en attente. » Leur conviction est que les politiques de la municipalité de Pierre Savelli et de la Communauté d’Agglomération que préside Louis Pozzo di Borgo aggravent la situation. D‘abord dans le le collimateur, la politique du logement : « La politique du logement conduite par les majorités, municipale et communautaire, depuis 2014, n’est pas à la hauteur des besoins des bastiaises et des bastiais. Cette politique libérale accompagne en l’accentuant le désengagement de l’État […] Peu de temps après sa prise de fonction le maire de Bastia expliquait que d’avoir construit autant de logements sociaux avait été une erreur des précédentes municipalités et qu’il allait s’employer à attirer une population à fort pouvoir d’achat. Cette réflexion se retrouve dans les choix de la majorité municipale qui prévoit de construire 4000 logements d’ici 2030 mais en destinant 90% au secteur libre, autrement dit pas de logements sociaux. Il en découle également l’absence d’encadrement des loyers. Se loger devient impossible. » Dans le collimateur également, une fiscalité accusée d’accabler les plus modestes : « Le bilan négatif de l’actuelle majorité nationaliste se mesure aussi dans la hausse des impôts, notamment la hausse de 50% de la TEOM et du prix de l’eau avec un mètre cube supérieur à cinq euros. »
Enfin est dénoncée une dépopulation de la ville du fait de sa gentrification : « Quand les jeunes couples ne peuvent pas disposer d’un toit, leur projet de vie se construit en périphérie de Bastia qui perd de fait sa jeunesse. Voilà comment, aujourd’hui on recense 500 enfants de moins dans les écoles de la ville. » Pour sortir de qu’ils considèrent être « une ornière », les communistes bastiais considèrent que leur ville a besoin de renouer avec une politique de gauche : « Il s’agit de construire une démarche fondée sur un contenu programmatique […] Nous proposons aux forces de gauche toujours présentes à Bastia, de travailler à la réalisation d’un accord politique clair avec un contrat de mandature concrétisant dans l’action de la nouvelle majorité cet engagement social, solidaire et citoyen, au service des bastiaises et des bastiais. » Construire cette démarche s’annonce plus ardu qu’à Aiacciu car « les forces de gauche toujours présentes à Bastia » sont soit, comme notamment le Parti socialiste, engagées au sein de la majorité municipales, soit tentées par des stratégies de conquête de la mairie avec des opposants nationalistes, une droite modérée et des personnalités de la société civile.
Pierre Corsi
Crédits Photos: Journal
de la corse / Parti Communiste