Déchets ménagers : la majorité siméoniste et le surtri dans la tourmente
Il ressort que la majorité siméoniste de la CTC et le projet de surtri de Monte sont dans la tourmente
Déchets ménagers : la majorité siméoniste et le surtri dans la tourmente
Il ressort que la majorité siméoniste de la Collectivité de Corse et le projet de surtri de Monte sont dans tourmente. Et aussi que ladite majorité fait les frais d’années d’incurie et aussi de positions démagogiques ou idéologiques qui l’ont conduite à différer ou écarter des solutions qu’elle jugeait difficiles à faire accepter par certains de ses soutiens dont certains, ironie de la vie politique, se retournent aujourd’hui contre elle.
Le 3 avril dernier, un an après son lancement officiel, la Conférence des parties (COP de Corse) pour la transition écologique en Corse s’est réunie à Aiacciu. Au Palais des Congrès, se sont retrouvés de nombreux représentants d'institutions, d'élus, de scientifiques et d’acteurs du territoire autour de Jérôme Filippini, préfet de Corse, et de Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif. Les services de l’État et de la Collectivité de Corse ont dressé un premier bilan des actions engagées et rappelé les objectifs de la planification écologique à l’horizon 2030 : réduire les émissions de gaz à effet de serre ; préserver la biodiversité ; anticiper les effets du changement climatique. Une fois achevé le compte-rendu de l’état d’avancement 2024 des objectifs, une discussion a été ouverte. Quand le volet déchets a été mis sur la table, elle est devenue plus animée quand le premier adjoint au maire d’U Vighjaneddu a lancé : « Où vont tous les déchets de Corse ? À Vighjaneddu » puis quand le maire d’U Vighjaneddu a ajouté : « Le bilan de la Corse n’est pas bon. On enfouit plus des deux tiers de nos déchets alors que la moyenne nationale est à 25%. C’est beaucoup trop […] Il faut mettre en place le site de tri et de valorisation de Monte le plus rapidement possible. Il va falloir en faire un autre en Corse du Sud. ».
Des divergences entre l’État et la Collectivité de Corse sont alors apparues. Le préfet de Corse Jérôme Filippini a dit être favorable à la solution préconisée par le maire d’U Vighjaneddu en lançant une pique : « On n’a pas réussi à structurer le tri, le traitement et la valorisation des déchets en Corse ». Les représentants de la Collectivité de Corse ont estimé être visés, d’autant que comme l’avait rappelé le président de l’Office de l’environnement, Guy Armanet, quelques jours plus tôt (le 27 mars dernier) dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, ils ont toujours refusé d’apporter un concours financier aux projets de surtri et précisé que s’ils consentaient à la mise en œuvre du centre de surtri de Monte, ils continuaient de préconiser une priorité : le tri à la source par les usagers.
Montée au créneau de Core in Fronte
Ce positionnement faisant que la Collectivité de Corse semble vouloir ménager la chèvre et le chou, ne satisfait pas tout le monde. Lors de la session de l'Assemblée de Corse du 27 mars, le groupe Core in Fronte l’a d’ailleurs dénoncé. Ce qui a provoqué de vifs échanges. La conseillère Core in Fronte, Serena Battestini, a mis en cause le projet de construction du centre de surtri de Monte, la passivité de la Collectivité de Corse face aux promoteurs de ce projet ainsi que, plus globalement, la gestion des déchets en Corse (déficit de gouvernance, projets contraires aux intérêts de la Corse). Elle a aussi évoqué la récente action commandée par le Parquet financier dans le cadre d’une enquête visant le financement du projet (auditions et perquisitions opérées par la police judiciaire en plusieurs lieux et notamment au SYVADEC). La président de l’Office de l’Environnement Guy Armanet a répondu sèchement en critiquant une conférence de presse tenue par Core in Fronte devant le site devant accueillir le centre de surtri et en suggérant que le parti indépendantiste n‘était capable que de critiquer : « De votre côté, qu’avez-vous fait ? Vous êtes effectivement intervenus samedi 15 mars 2025 sur site, deux ans après la décision prise sur le financement du projet, permis accordé, travaux démarrés. Une intervention médiatique, excusez-moi du peu, quelque peu maladroite et confuse qui s’apparentait plutôt à un aquaplaning via une sortie de route des plus tendancieuses ». Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte, a vertement répliqué en rappelant que son parti s’était opposé au Plan territorial de prévention et de gestion des déchets adopté en juillet dernier et qu’en votant pour le déclassement du terrain du site devant accueillir le e centre de surtri , la majorité siméoniste avait implicitement voté pour la construction dudit centre, agissant ainsi contrairement aux intérêts de tri à la source. Gilles Simeoni a dû intervenir pour affirmer que la solution de Monte n’était pas celle qu’il souhaitait, mais qu'elle était à ce jour la moins pire des solutions pour avancer.
Mobilisation dans la vallée du Golu
Le projet de centre de surtri de Monte est d’ailleurs aussi dans le collimateur du monde associatif. Le collectif Piaghja di Golu a récemment tenu une réunion publique à U Viscuvatu pour informer et appeler à la mobilisation contre la construction, en présence de Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, d'Agnès Simonpietri, ancienne conseillère exécutive en charge de l'environnement, représentante du parti Eculugia sulidaria, et de Jean-Baptiste Arena, président de la Chambre d'agriculture de Corse. Lors de cette réunion, le projet de centre de surtri de Monte a été accusé par l’ensemble des intervenants : de conduire à l‘artificialisation de cinq hectares de terres agricoles alluviales classées Espace Stratégique Agricole par le PADDUC ; de menacer les activités d’une vingtaine d'exploitants agricoles ; de représenter un potentiel de production,de 18000 tonnes / an de déchets combustibles nécessitant une incinération ; d’être une menace à terme pour la santé publique des populations de Casinca et de Marana. Core in Fronte a de son côté rappelé plusieurs grandes lignes de sa conférence de presse qu’avait critiquée Guy Armanet dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse ; notamment en affirmant que le recours au surtri révèle une forme de collusion entre l’État et la majorité siméoniste (l’État imposé et finance, l'Exécutif de Corse accepte) ; s'inscrit dans une logique productiviste de traitement des déchets incompatible avec les enjeux agricoles et écologiques corses ; enterre les politiques de tri à la source et toute perspective de fiscalité incitative ; crée une situation ubuesque du fait que la Collectivité de Corse ayant la compétence Déchets s’en remet implicitement à la volonté de l’État ; dénote une incurie des gouvernances nationalistes concernant la question des déchets ; fait la part belle à des profits privés réalisés avec des investissements publics. Tous les intervenants ont demandé un arrêt immédiat des travaux et au moins une révision du projet de centre de surtri dans le respect du PADDUC, de la santé publique et du patrimoine naturel.
Offensive sur le terrain judiciaire
L’opposition du monde associatif a aussi pour cadre le terrain judiciaire. Deux associations de protection de l'environnement, A Spiriata et U Levante, ont d’abord fait savoir qu’elles escomptait déposer devant le tribunal administratif de Bastia, une requête en annulation du permis de construire du centre de surtri aux motifs que le le projet « doit s'implanter sur des espaces stratégiques agricoles qui ne sont pas censés être constructible » et « est néfaste pour l'environnement et la Corse, dans la mesure où il est surdimensionné, trop coûteux, et remet en cause le tri généralisé à la source. » Ces derniers jours, en définitive, ce sont cinq associations de défense (A Spiriata, U Levante, Le Garde, Zeru Frazu, Zéro Waste France) et six propriétaires et exploitants de terrains agricoles soutenus par le Collectif du Golu qui ont déposé deux recours auprès du Tribunal administratif de Bastia. Le premier recours, sur le fond, vise à faire annuler le permis de construire accordé au SYVADEC car, selon les requérants, le site choisi se trouve en bordure d’un fleuve, en zone naturelle de culture et en espace stratégique agricole considérés comme étant des terrains parmi les plus riches en potentiel agricole et donc étant, en principe, inconstructibles. L’autre recours, sur la forme, en référé (audience fixée au 16 avril prochain) vise à faire suspendre le permis de construire et les travaux dans l’attente du jugement sur le fond et se fonde sur fait que sans attendre la purge des délais de recours contre le permis de construire, les travaux ont commencé avec de gros moyens. A suivre. Mais il ressort déjà que la majorité siméoniste de la Collectivité de Corse et le projet de surtri de Monte sont dans tourmente. Et aussi que ladite majorité fait les frais d’années d’incurie et aussi de positions démagogiques ou idéologiques qui l’ont conduite à différer ou écarter des solutions qu’elle jugeait difficiles à faire accepter par certains de ses soutiens dont certains, ironie de la vie politique, se retournent aujourd’hui contre elle.
Pierre Corsi
Crédit photos : Core in Fronte
Le projet de centre de surtri, c’est quoi ?
Selon le SYVADEC, le centre de tri et de valorisation (CTV) de Monte, plus connu sous la dénomination « centre de surtri », sera un équipement remarquable au service de l’environnement, qui complétera les solutions existantes pour le traitement et la valorisation de déchets provenant de la Haute-Corse, de l’Alta Rocca et du Sud Corse. Il est prévu qu’il soit mis en service en 2027 et que près de 100 000 tonnes de déchets y soient prises en charge. Les déchets recyclables seront transformés, conditionnées et expédiées vers des usines pour la fabrication de nouveaux objets. Les déchets non recyclables présentant un intérêt énergétique (certains papiers, cartons, bois et plastiques) seront compactés et transformés en combustible solide de récupération utilisable dans des installations de chauffage ou de production d’électricité. Du compost sera produit à partir des biodéchets et des végétaux. Enfin, les déchets ni recyclables ni énergétiquement valorisables seront stabilisés puis envoyés en centre de stockage. Globalement, sur l’ensemble des déchets réceptionnés : 38 % seront recyclés ou compostés, 19 % énergétiquement transformés, 15 % compostés ; 28 % enfouis. Le tonnage annuel de déchets ménagers enfouis pourra être réduit de 25 % à l’échelle de la Corse et de plus de 50 % à celle de la Haute-Corse. Encore selon le SYVADEC, la réalisation et l’exploitation du centre de surtri de Monte relèveront d’une Haute Qualité Environnementale (HQE) devant garantir une bonne cohabitation avec les riverains du fait de nuisances visuelles, sonores et olfactives limitées par des aménagements et des procédures adaptés (bâtiments hermétiques, déchets ni visibles, ni volatiles, systèmes de renouvellement de l’air, de dépoussiérage et de traitement des odeurs, plan de circulation encadrant le trafic des camions, opérations de chargement ou de déchargement réalises en milieu fermé, intégration paysagère des bâtiments par végétalisation de leurs abords). La construction du centre de surtri de Monte sera de l’ordre de 71 M€n, l’État prendra en charge la majeure parie du financement, le reste étant assumé par les intercommunalités via le SYVADEC. Le coût de fonctionnement annuel est estimé à 18 M€ par an, soit, selon le SYVADEC, un coût inférieur aux coûts actuels de traitement et de valorisation.
Il ressort que la majorité siméoniste de la Collectivité de Corse et le projet de surtri de Monte sont dans tourmente. Et aussi que ladite majorité fait les frais d’années d’incurie et aussi de positions démagogiques ou idéologiques qui l’ont conduite à différer ou écarter des solutions qu’elle jugeait difficiles à faire accepter par certains de ses soutiens dont certains, ironie de la vie politique, se retournent aujourd’hui contre elle.
Le 3 avril dernier, un an après son lancement officiel, la Conférence des parties (COP de Corse) pour la transition écologique en Corse s’est réunie à Aiacciu. Au Palais des Congrès, se sont retrouvés de nombreux représentants d'institutions, d'élus, de scientifiques et d’acteurs du territoire autour de Jérôme Filippini, préfet de Corse, et de Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif. Les services de l’État et de la Collectivité de Corse ont dressé un premier bilan des actions engagées et rappelé les objectifs de la planification écologique à l’horizon 2030 : réduire les émissions de gaz à effet de serre ; préserver la biodiversité ; anticiper les effets du changement climatique. Une fois achevé le compte-rendu de l’état d’avancement 2024 des objectifs, une discussion a été ouverte. Quand le volet déchets a été mis sur la table, elle est devenue plus animée quand le premier adjoint au maire d’U Vighjaneddu a lancé : « Où vont tous les déchets de Corse ? À Vighjaneddu » puis quand le maire d’U Vighjaneddu a ajouté : « Le bilan de la Corse n’est pas bon. On enfouit plus des deux tiers de nos déchets alors que la moyenne nationale est à 25%. C’est beaucoup trop […] Il faut mettre en place le site de tri et de valorisation de Monte le plus rapidement possible. Il va falloir en faire un autre en Corse du Sud. ».
Des divergences entre l’État et la Collectivité de Corse sont alors apparues. Le préfet de Corse Jérôme Filippini a dit être favorable à la solution préconisée par le maire d’U Vighjaneddu en lançant une pique : « On n’a pas réussi à structurer le tri, le traitement et la valorisation des déchets en Corse ». Les représentants de la Collectivité de Corse ont estimé être visés, d’autant que comme l’avait rappelé le président de l’Office de l’environnement, Guy Armanet, quelques jours plus tôt (le 27 mars dernier) dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, ils ont toujours refusé d’apporter un concours financier aux projets de surtri et précisé que s’ils consentaient à la mise en œuvre du centre de surtri de Monte, ils continuaient de préconiser une priorité : le tri à la source par les usagers.
Montée au créneau de Core in Fronte
Ce positionnement faisant que la Collectivité de Corse semble vouloir ménager la chèvre et le chou, ne satisfait pas tout le monde. Lors de la session de l'Assemblée de Corse du 27 mars, le groupe Core in Fronte l’a d’ailleurs dénoncé. Ce qui a provoqué de vifs échanges. La conseillère Core in Fronte, Serena Battestini, a mis en cause le projet de construction du centre de surtri de Monte, la passivité de la Collectivité de Corse face aux promoteurs de ce projet ainsi que, plus globalement, la gestion des déchets en Corse (déficit de gouvernance, projets contraires aux intérêts de la Corse). Elle a aussi évoqué la récente action commandée par le Parquet financier dans le cadre d’une enquête visant le financement du projet (auditions et perquisitions opérées par la police judiciaire en plusieurs lieux et notamment au SYVADEC). La président de l’Office de l’Environnement Guy Armanet a répondu sèchement en critiquant une conférence de presse tenue par Core in Fronte devant le site devant accueillir le centre de surtri et en suggérant que le parti indépendantiste n‘était capable que de critiquer : « De votre côté, qu’avez-vous fait ? Vous êtes effectivement intervenus samedi 15 mars 2025 sur site, deux ans après la décision prise sur le financement du projet, permis accordé, travaux démarrés. Une intervention médiatique, excusez-moi du peu, quelque peu maladroite et confuse qui s’apparentait plutôt à un aquaplaning via une sortie de route des plus tendancieuses ». Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte, a vertement répliqué en rappelant que son parti s’était opposé au Plan territorial de prévention et de gestion des déchets adopté en juillet dernier et qu’en votant pour le déclassement du terrain du site devant accueillir le e centre de surtri , la majorité siméoniste avait implicitement voté pour la construction dudit centre, agissant ainsi contrairement aux intérêts de tri à la source. Gilles Simeoni a dû intervenir pour affirmer que la solution de Monte n’était pas celle qu’il souhaitait, mais qu'elle était à ce jour la moins pire des solutions pour avancer.
Mobilisation dans la vallée du Golu
Le projet de centre de surtri de Monte est d’ailleurs aussi dans le collimateur du monde associatif. Le collectif Piaghja di Golu a récemment tenu une réunion publique à U Viscuvatu pour informer et appeler à la mobilisation contre la construction, en présence de Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, d'Agnès Simonpietri, ancienne conseillère exécutive en charge de l'environnement, représentante du parti Eculugia sulidaria, et de Jean-Baptiste Arena, président de la Chambre d'agriculture de Corse. Lors de cette réunion, le projet de centre de surtri de Monte a été accusé par l’ensemble des intervenants : de conduire à l‘artificialisation de cinq hectares de terres agricoles alluviales classées Espace Stratégique Agricole par le PADDUC ; de menacer les activités d’une vingtaine d'exploitants agricoles ; de représenter un potentiel de production,de 18000 tonnes / an de déchets combustibles nécessitant une incinération ; d’être une menace à terme pour la santé publique des populations de Casinca et de Marana. Core in Fronte a de son côté rappelé plusieurs grandes lignes de sa conférence de presse qu’avait critiquée Guy Armanet dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse ; notamment en affirmant que le recours au surtri révèle une forme de collusion entre l’État et la majorité siméoniste (l’État imposé et finance, l'Exécutif de Corse accepte) ; s'inscrit dans une logique productiviste de traitement des déchets incompatible avec les enjeux agricoles et écologiques corses ; enterre les politiques de tri à la source et toute perspective de fiscalité incitative ; crée une situation ubuesque du fait que la Collectivité de Corse ayant la compétence Déchets s’en remet implicitement à la volonté de l’État ; dénote une incurie des gouvernances nationalistes concernant la question des déchets ; fait la part belle à des profits privés réalisés avec des investissements publics. Tous les intervenants ont demandé un arrêt immédiat des travaux et au moins une révision du projet de centre de surtri dans le respect du PADDUC, de la santé publique et du patrimoine naturel.
Offensive sur le terrain judiciaire
L’opposition du monde associatif a aussi pour cadre le terrain judiciaire. Deux associations de protection de l'environnement, A Spiriata et U Levante, ont d’abord fait savoir qu’elles escomptait déposer devant le tribunal administratif de Bastia, une requête en annulation du permis de construire du centre de surtri aux motifs que le le projet « doit s'implanter sur des espaces stratégiques agricoles qui ne sont pas censés être constructible » et « est néfaste pour l'environnement et la Corse, dans la mesure où il est surdimensionné, trop coûteux, et remet en cause le tri généralisé à la source. » Ces derniers jours, en définitive, ce sont cinq associations de défense (A Spiriata, U Levante, Le Garde, Zeru Frazu, Zéro Waste France) et six propriétaires et exploitants de terrains agricoles soutenus par le Collectif du Golu qui ont déposé deux recours auprès du Tribunal administratif de Bastia. Le premier recours, sur le fond, vise à faire annuler le permis de construire accordé au SYVADEC car, selon les requérants, le site choisi se trouve en bordure d’un fleuve, en zone naturelle de culture et en espace stratégique agricole considérés comme étant des terrains parmi les plus riches en potentiel agricole et donc étant, en principe, inconstructibles. L’autre recours, sur la forme, en référé (audience fixée au 16 avril prochain) vise à faire suspendre le permis de construire et les travaux dans l’attente du jugement sur le fond et se fonde sur fait que sans attendre la purge des délais de recours contre le permis de construire, les travaux ont commencé avec de gros moyens. A suivre. Mais il ressort déjà que la majorité siméoniste de la Collectivité de Corse et le projet de surtri de Monte sont dans tourmente. Et aussi que ladite majorité fait les frais d’années d’incurie et aussi de positions démagogiques ou idéologiques qui l’ont conduite à différer ou écarter des solutions qu’elle jugeait difficiles à faire accepter par certains de ses soutiens dont certains, ironie de la vie politique, se retournent aujourd’hui contre elle.
Pierre Corsi
Crédit photos : Core in Fronte
Le projet de centre de surtri, c’est quoi ?
Selon le SYVADEC, le centre de tri et de valorisation (CTV) de Monte, plus connu sous la dénomination « centre de surtri », sera un équipement remarquable au service de l’environnement, qui complétera les solutions existantes pour le traitement et la valorisation de déchets provenant de la Haute-Corse, de l’Alta Rocca et du Sud Corse. Il est prévu qu’il soit mis en service en 2027 et que près de 100 000 tonnes de déchets y soient prises en charge. Les déchets recyclables seront transformés, conditionnées et expédiées vers des usines pour la fabrication de nouveaux objets. Les déchets non recyclables présentant un intérêt énergétique (certains papiers, cartons, bois et plastiques) seront compactés et transformés en combustible solide de récupération utilisable dans des installations de chauffage ou de production d’électricité. Du compost sera produit à partir des biodéchets et des végétaux. Enfin, les déchets ni recyclables ni énergétiquement valorisables seront stabilisés puis envoyés en centre de stockage. Globalement, sur l’ensemble des déchets réceptionnés : 38 % seront recyclés ou compostés, 19 % énergétiquement transformés, 15 % compostés ; 28 % enfouis. Le tonnage annuel de déchets ménagers enfouis pourra être réduit de 25 % à l’échelle de la Corse et de plus de 50 % à celle de la Haute-Corse. Encore selon le SYVADEC, la réalisation et l’exploitation du centre de surtri de Monte relèveront d’une Haute Qualité Environnementale (HQE) devant garantir une bonne cohabitation avec les riverains du fait de nuisances visuelles, sonores et olfactives limitées par des aménagements et des procédures adaptés (bâtiments hermétiques, déchets ni visibles, ni volatiles, systèmes de renouvellement de l’air, de dépoussiérage et de traitement des odeurs, plan de circulation encadrant le trafic des camions, opérations de chargement ou de déchargement réalises en milieu fermé, intégration paysagère des bâtiments par végétalisation de leurs abords). La construction du centre de surtri de Monte sera de l’ordre de 71 M€n, l’État prendra en charge la majeure parie du financement, le reste étant assumé par les intercommunalités via le SYVADEC. Le coût de fonctionnement annuel est estimé à 18 M€ par an, soit, selon le SYVADEC, un coût inférieur aux coûts actuels de traitement et de valorisation.