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Education : entre héritage de Paoli et défis contemporains

Le 6 avril a marqué le début des commémorations du 300e anniversaire de Pasquale Paoli fondateur de l'Université de Corse
Éducation : entre héritage de Paoli et défis contemporains



Le 6 avril a marqué le début des commémorations du 300e anniversaire de Pasquale Paoli, fondateur de l’Université de Corse, qui incarne des valeurs universelles et progressistes, inspirées par les Lumières et profondément ancrées dans la réalité insulaire. Le tricentenaire de la naissance du père de la nation corse est l’occasion d’explorer son héritage éducatif, dans un contexte où l’éducation en Corse fait face à de nombreux défis.

Une université pour l'île

Convaincu que l'éducation était essentielle au développement de la nation, Paoli fonde en 1765 l'Université de Corte, première institution d'enseignement supérieur en Corse. Cette institution vise à promouvoir l'éducation et la culture corse. Elle permet aux jeunes Corses d'accéder à un enseignement supérieur, favorisant ainsi le développement intellectuel et culturel de l'île. L’université se concentre sur des disciplines variées, allant des lettres aux sciences. Aujourd’hui l’Université accueille près de 5 000 étudiants insulaires, continentaux et internationaux, et propose plus de 130 diplômes du niveau bac au doctorat, délivrés par 8 facultés, instituts et écoles. L’initiative de Paoli a marqué un tournant dans la perception de l'éducation en Corse, la rendant accessible et valorisant la langue et l’identité corses. Selon l'historien Jean-Pierre Papi, l'Université de Corte représente « un symbole de la renaissance culturelle corse ». Pasquale Paoli souhaitait former une élite intellectuelle capable de gouverner et de défendre les intérêts insulaires. Son attachement aux Lumières se traduit par une volonté de promouvoir le savoir, la culture, et les valeurs humanistes dans une société marquée par le désordre et l'anarchie.

Éducation et violence

À l’époque de Paoli régnait la vendetta, source de division, défavorable à une société en construction, avec des ambitions d’égalité, de liberté et de progrès. 300 ans après, la violence n’a pas déserté l’île. Les faits divers relatent régulièrement des agressions, y compris en milieu scolaire. Comme ce vendredi 4 avril, dans les locaux de l’école Defendini, à Montesoro, lorsqu’une conversation parent-professeur dérape et que de courtoise, la discussion se transforme en agression verbale et physique envers une professeur. Cet incident soulève des questions sur la sécurité et le climat scolaire dans les établissements corses. Les enseignants et les élèves se trouvent confrontés à un environnement parfois hostile, ce qui nuit à l'apprentissage. Les syndicats enseignants, comme le SNUipp-FSU, appellent à une réflexion collective sur la protection des personnels éducatifs et des élèves. Cet acte de violence inacceptable souligne la nécessité de renforcer le respect envers les enseignants. Il faut également rétablir le dialogue entre les familles et l'institution scolaire. Cet événement tragique rappelle que l’éducation, pilier essentiel pour toute société, est confrontée à des défis majeurs. Les valeurs portées par Paoli — respect, justice et savoir — semblent parfois mises à mal dans un contexte où les enseignants réclament davantage de moyens et de sécurité. Ces faits interrogent sur les conditions nécessaires pour garantir un environnement propice à l’apprentissage sur l’île.

Les défis contemporains

Aujourd'hui, le système éducatif corse fait face à de multiples défis. La question de l'apprentissage de la langue corse et du bilinguisme reste centrale, ainsi que l’adaptation aux besoins spécifiques des territoires insulaires, car les inégalités d'accès aux ressources éducatives persistent, notamment dans les zones rurales. L’Université de Corse joue un rôle clé dans cette dynamique en soutenant des projets liés au développement local et à la culture insulaire. Cependant, les disparités sociales et géographiques continuent d’entraver l’accès équitable à une éducation de qualité. La lutte contre le décrochage scolaire figure aussi dans les priorités, car en Corse, 30 % de la population sort du système scolaire sans diplôme. Le Recteur de l'Académie de Corse souligne la nécessité de réformer le système pour mieux répondre aux besoins des élèves. À l’image du projet paolien, il s’agit aujourd’hui d’allier tradition et modernité pour répondre aux attentes des nouvelles générations. La Corse doit relever le défi de moderniser son enseignement tout en préservant son identité culturelle.

Maria Mariana
Photo : M.M
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