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L'île face au défi du logement

L'accés au logement représente un défi majeur sur l'île
L'île face au défi du logement

Même si la vacance des logements en Corse est inférieure à la moyenne nationale d’après une étude de l’INSEE, l'accès au logement représente un défi majeur sur l’île. Entre résidences secondaires, manque de logements sociaux et marché locatif tendu, la Corse doit trouver des solutions pour garantir un toit à ses habitants, notamment les plus jeunes et les plus modestes.

Peu de vacance des logements

En Corse, les logements vacants, c'est-à-dire inoccupés pour vente, succession, rénovation ou insalubrité, sont peu nombreux. Une étude de l’INSEE indique que depuis 2009 leur progression annuelle moyenne n'est que de 0,3 %, contre 2,5 % en France. En 2023, environ 3,1 millions de logements étaient vacants en France, mais la situation en Corse est atypique ; elle s'explique par des tensions persistantes sur le marché immobilier local. Cette vacance structurelle, souvent liée à la forte proportion de résidences secondaires, reste faible, mais pèse sur l’offre disponible, notamment dans les zones touristiques. À Bastia, par exemple, 12 % des logements sont des résidences secondaires, ce qui contribue à la pénurie de logements disponibles pour les résidents permanents. Pour lutter contre ce phénomène, une taxe sur les logements vacants s’applique dans les zones tendues, pouvant atteindre 17 % de la valeur locative la première année, puis 34 % dès la seconde. Toutefois, son efficacité est limitée par de nombreuses exonérations (logements en travaux, en vente sans succès, ou occupés plus de 90 jours par an), et par le fait que les résidences secondaires en sont exclues. Les exonérations et les difficultés d'application limitent son impact, laissant de nombreux logements inoccupés malgré la demande croissante.

Logement social : disparités territoriales

Le logement social ne représente que 10,3 % des résidences principales, loin des 17,4 % observés au niveau national. L’offre progresse toutefois plus vite que la moyenne (+1,2 % en un an), mais reste insuffisante dans les zones les plus touchées, comme l’Ile-Rousse-Balagne (3,3 %) et l’Alta Rocca (2,2 %). Certaines intercommunalités rurales affichent des taux très bas, aggravant la précarité résidentielle. Les ventes de logements sociaux, sans création équivalente, contribuent à cette tension, surtout dans les secteurs touristiques où la pression foncière est forte. Les collectivités locales peinent à répondre à la demande croissante, exacerbée par la hausse des prix de l'immobilier. Les initiatives pour développer le parc de logements sociaux sont souvent freinées par des contraintes budgétaires et réglementaires, rendant l'accès au logement encore plus difficile pour les ménages les plus modestes.

Réalité préoccupante du mal-logement

La précarité résidentielle touche de nombreux ménages, accentuée par la hausse des prix et la faible rotation des logements. Le mal-logement se manifeste par la suroccupation, l’habitat indigne ou l’absence de solution pérenne. L’île est la deuxième région de France de province la plus concernée par la suroccupation avec 8 % de la population dans cette situation. Les dispositifs d’hébergement d’urgence, déjà saturés, peinent à répondre à la demande croissante, notamment dans les zones touristiques ou rurales isolées. Les familles monoparentales, les personnes âgées et les jeunes actifs sont particulièrement vulnérables face à la crise du logement.

L’intermédiation locative à la rescousse

Le marché locatif corse est marqué par une faible mobilité résidentielle (6 % contre 7,5 % en France,selon l'INSEE). Cette situation est due à plusieurs facteurs, notamment la rareté des logements disponibles et les prix élevés. Les jeunes et les ménages modestes, en particulier, rencontrent des difficultés pour accéder à un logement, surtout dans les zones touristiques. Les causes sont multiples : rareté de l’offre, loyers élevés, poids des résidences secondaires. Pour fluidifier le marché,l’intermédiation locative se déploie en 2025 : des associations et organismes publics facilitent la mise en location de logements vacants, sécurisant les propriétaires tout en aidant les locataires précaires. Les jeunes, en quête d’indépendance, se heurtent à la réalité insulaire : difficulté d’accès au parc locatif, surtout en zones tendues et touristiques. Des initiatives locales émergent pour favoriser leur accès au logement, mais restent à renforcer pour répondre à l’ampleur des besoins.

Maria Mariana

Crédit photographique
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