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L’âne corse enfin reconnu

Fin juin, l’âne corse a été officiellement inscrit en tant que huitième race asine française. Le fruit d’un long travail mené depuis une dizaine d’années par les éleveurs insulaires.
En mars 2019, à Paris, il avait été la star du Salon International de l’Agriculture. L’âne corse y était entré par la grande porte en vue d’une future reconnaissance de sa race. Ses pattes zébrées, sa robe grise, ses oreilles fièrement portées en avant et sa croix de Saint-André sur le dos avaient attiré la curiosité des visiteurs qui, smartphone en main, l’avaient « mitraillé ». « On a remis le dossier officiellement le 1er
mars au Ministre de l’agriculture. On peut dire que c’est en bonne voie
», nous avait alors confié Olivier Fondacci, éleveur à Santa-Reparata-di-Balagna et vice-président de l’Association nationale de l’âne et du mulet corse. Finalement, il aura fallu patienter encore quinze mois pour que l’âne corse reçoive l'approbation tant attendue, le décret paru le 22 juin dernier au journal officiel l’ayant définitivement proclamé comme la huitième race asine de France.


Un travail fastidieux

Depuis une dizaine d’années, beaucoup d’acteurs ont œuvré pour que cet animal emblématique de l’île soit récompensé : l’Association nationale de l’âne et du mulet corse d’Eugène Tramini n’a pas ménagé ses efforts. Le Conseil du Cheval corse et l’Odarc non plus. Un travail considérable et fastidieux où il a d’abord fallu sillonner tous les villages de l’île afin de répertorier les ânes, puis instaurer un standard. Aujourd’hui, le résultat permet au sumeru corsu de devenir avant tout une espèce protégée. « À travers cette reconnaissance, c’est tout un patrimoine que l’on va valoriser, a expliqué Olivier Fondacci sur RCFM. Que ce soit l’animal, tous les ustensiles qui vont avec et tous les divers travaux que l’on fait avec. Jusqu’à maintenant, on a fait du portage et de la randonnée mais on se diversifie en faisant notamment des produits à base de l’ait d’ânesse. » On trouve donc des cosmétiques mais aussi des glaces, des bonbons et des chocolats confectionnés avec ce fameux lait frais et bio.


« Ce n’est que le début »

Souvent considéré uniquement comme une bête de somme, cet équidé trouve ici une réhabilitation qui offre à ses éleveurs d’autres perspectives économiques, notamment en termes de tarif de vente. Désormais, cet animal endémique introduit sur l’île 1200 ans avant notre ère ne sera plus bradé. Néanmoins, pour recevoir l'appellation "âne corse", il devra - outre ses caractéristiques physiques - obligatoirement y être né et porter un nom nustrale. De plus, pour que la race perdure, il faudra compter une vingtaine de naissances par an. Un chiffre déjà atteint par certains éleveurs.

D’après le dernier recensement, sur les 2.500 à 3.000 ânes présents sur l’île, 150 ânesses et une vingtaine de mâles rentreraient dans les standards de cette espèce désormais reconnue. Mais pour Olivier Fondacci, le plus dur reste à venir : « Cette reconnaissance n’est pas un aboutissement, ce n’est que le début, prévient l’éleveur balanin. Il va falloir travailler, développer, faire en sorte que la race existe et se maintienne. Il faudra aussi créer des vocations et être présent sur tous les rendez-vous nationaux où l’on va devoir affronter les autres races françaises. » Notamment lors du prochain Salon International de l’Agriculture (27 février-7 mars 2021) où un dossier a déjà été déposé afin que l’âne corse remonte à Paris, cette fois avec le statut officiel de huitième race asine de France.
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