EVENTI E FATTI
A l'accorta cette semaine
Nazione persiste et signe
Le parti indépendantiste a dernièrement fait sa rentrée politique en tenant une conférence de presse à Aiacciu, au cours de laquelle il est revenu sur deux problématiques qui avaient été évoqués et longuement développées en août, lors des Ghjurnate internaziunale : la dépossession foncière ; la définition d’un corps électoral corse légitime. Nazione a préalablement constaté en reprenant des éléments de langage traditionnels de la Lutte de Libération Nationale : « Les effets conjugués de la spéculation immobilière et de la colonisation de peuplement ont pour conséquence de priver les Corses de leurs droits les plus élémentaires dans leur propre pays : y vivre dignement et pouvoir décider librement de leur avenir [...] Les dernières élections législatives ont permis à tous de contester combien les effets de la colonisation de peuplement pesaient sur la composition du corps électoral corse, sur les choix qui concernent directement l’avenir de la Corse. »
Puis Nazione s’est employé à énoncer des propositions. Pour lutter contre la dépossession foncière, les maires sont exhorté à suivre l’exemple de Simon Venturini, militant Nazione, maire d’Alzi, une commune du Boziu. Cet édile, après avoir sollicité et obtenu une délibération du conseil municipal l’y autorisant, applique le statut de résident qui a été adopté en avril 2014 par l’Assemblée de Corse ; statut selon lequel, pour pouvoir devenir propriétaire, il est notamment exigé une implantation permanente d’au moins cinq ans dans l’île.
Pour endiguer les effets politiques et électoraux de « la colonisation de peuplement », Nazione demande la reconnaissance et la mise en place d’un corps électoral corse légitime en faisant deux propositions : « La nécessité d’une résidence de longue durée, de l’ordre de 10 ans, afin d’accéder aux listes électorales ; l’intégration des Corses vivant hors de l’île à travers le mécanisme juridique du centre des intérêts matériels et moraux ».
Crédit photo : Nazione
4 + 7 = 11 et 14 + 13 = 27
L’opposant Frédéric Poletti a lancé de nouvelles alertes concernant la gestion de la Ville de Bastia.
Première alerte : encore plus d’endettement. En mars 2025, dans le Compte Financier Unique (CFU), il était affiché une trésorerie nette de plus de 11 millions d’euros.
Deux mois plus tard, en mai, le conseil municipal a approuvé l’ouverture d’une ligne de trésorerie de 4 millions d’euros. Lors de sa récente réunion, le 2 octobre dernier, le conseil municipal a validé la contractualisation d’un emprunt de 7 millions d’euros pour pouvoir financer les investissements courants. Matière à s’interroger, car 4 + 7 = 11, soit le montant de la trésorerie nette affiché dans le CFU.
Deuxième alerte : un peu plus de charges financières. Celles-ci ont augmenté de 65 % entre 2020 et 2024. Le nouvel emprunt de 7 millions d’euros ajoute environ 273 000 euros/ an.
Troisième alerte : la masse salariale explose. Pour faire face : plus de 6,5 millions d’euros injectés depuis 2020, soit une progression de 20 % en cinq exercices ; 1,43 million d’euros supplémentaires inscrits au budget primitif 2025 ; 450 000 d’euros ajoutés dans la première décision modificative.
Quatrième alerte : la gestion pour le moins curieuse d’une partie importante de l’action sociale. En 2018, transfert de 14 agents communaux au Centre communal d’action sociale (CCAS) et, depuis, quasi-doublement du nombre de postes. Soit 27 postes dont, à ce jour, 26 pourvus qui sont ainsi répartis : 3 postes de direction (directeur, directeur adjoint, directeur du centre social) ; 7 travailleurs sociaux qualifiés ; 16 postes d’exécution.
Ceci a conduit à une apparente réduction des effectifs communaux et à un doublement, dès 2018, de la subvention annuelle versée par la Ville (1,2 million d’euros au lieu de 600 000 euros), mais il semble que tout cela ne profite guère aux habitants les plus démunis ou les plus fragilisés (en 2024, sur environ 1,34 million de budget, les aides directes CCAS sont passées de 244 000 euros à moins de 1 000 000 euros ; plus de 90 % du budget CCAS a été consacré à la masse salariale). Sur le terrain, les agents CCAS travaillent, mais disposent de peu de moyens pour aider financièrement les publics.
Ajaccio, Le Mouvement est entré en campagne
Adjoints, conseillers municipaux, militants, adhérents, sympathisants, amis, soit plus de 400 personnes représentant toutes les composantes de la majorité municipale ajaccienne, étaient dernièrement présents à l’Espace Diamant pour ce qui était à la fois l’assemblée générale et la rentrée politique d’Ajaccio !
Le Mouvement, le microparti créé par Laurent Marcangeli est devenu le principal support politique, militant et électoral de la majorité municipale. Incontestable démonstration de fidélité et de force à l’heure où la confiance en les partis politiques et leurs personnels est plutôt émoussée. Retenu à Paris (à l’heure où ont été écrites ces lignes, le Premier ministre et le gouvernement ont démissionné), Laurent Marcangeli est intervenu via un message vidéo pour rappeler les enjeux : « Cette réunion, c’est le coup d’envoi du débat de 2026. Nous avons beaucoup de choses à dire aux Ajacciens, sur ce que nous avons fait depuis 2014 et les réalisations sont nombreuses. Mais, nous avons encore beaucoup à dire pour les 20 prochaines années. » Les membres du comité exécutif du parti ont ensuite pris la parole pour se féliciter du travail accompli, annoncer de nouveaux champs d’action et rappeler le sens de leur engagement : « Notre bilan est riche et concret avec la construction de 19 comités de quartiers […] Nous sommes tous ici pour défendre le rôle et les intérêts de la Capitale de la Corse. »
Alexandre Farina, le premier adjoint au maire d’Ajaccio, a pris le relais en louant l’action municipale tout en usant de l’artillerie lourde contre ceux que, manifestement, il considère être les principaux opposants de la majorité municipale. Tout d’abord, en direction du camp nationaliste, et plus précisément siméoniste, il a lancé : « Qui peut aujourd’hui en Corse, réunir 400 personnes aussi rapidement et aussi spontanément que nous ? Personne ! Nous n’avons pas eu besoin, nous, de faire descendre des cars de Bastia pour remplir nos rangs […] Ajaccio est aimée, mais aussi jalousée. Cette ville a toujours été merveilleuse et unique. Nous avons tenu à être au plus proche de nos concitoyens pour les entendre, pour répondre à leurs attentes du quotidien, et nous n’avons pas attendu la veille des élections, il suffit de jeter un œil sur nos réseaux sociaux pour constater notre présence. Car à la différence de beaucoup, nous nous en servons pour dire ce que nous faisons et non pas pour dire ce qu’il faudrait faire !”
S’adressant au Rassemblement national, il a ironisé sur l’activisme de son leader François Filoni et occupé le terrain de ce parti, notamment en dénonçant le trafic de stupéfiants et le communautarisme islamiste : “Nous n’avons pas eu besoin, nous, de tracter dans toutes les boîtes aux lettres et sur les pare-brises de la Ville ! […] Je vous le dis clairement, nos ennemis sont la drogue et ceux qui la vendent ! Nous appelons l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes, plutôt que de compter les transats ou d’interdire les mariages sur nos plages, à mettre plus de moyens pour plus de police, pour plus de justice dans ce domaine ! Pour encore plus de répression ! […] Je veux aussi adresser un message très clair à tous ceux qui auront la tentation communautariste de ghettoïser certains quartiers d’Ajaccio, à tous ceux qui auraient la tentation de considérer leur religion comme supérieure aux valeurs de la République : Ajaccio ne sera jamais une zone de non-droit, nos quartiers ne ressembleront jamais à certaines banlieues oubliées et délaissées du continent.”
Stéphane Sbraggia, l’actuel maire d’Ajaccio, a conclu sur une note gestionnaire en évoquant le travail passé et futur : “La priorité, c’est de conduire les projets structurants qui sont sur les rails et qui ont vocation à améliorer le cadre de vie des Ajacciens, et d’asseoir et positionner cette ville, qui a une vocation méditerranéenne, et a une vocation à jouer, un rôle de locomotive régionale.”
Crédit photo : Ajaccio, Le mouvement
Pauvre Pierre !
Mauvaise passe pour le maire de Bastia. Alors que le budget 2025 de la ville allait être soumis au vote du conseil municipal, Jean-Louis Milani, son deuxième adjoint, seul pilier du groupe d’élus de droite de la majorité municipale depuis le décès l’an passé de Jean-Joseph Massoni, a officiellement signifié son entrée en dissidence. Il a accusé Pierre Savelli de n’avoir pas tenu des promesses : attribution d’une délégation à une conseillère municipale de droite pour compenser la perte par la droite du poste d’adjoint qu’occupait Jean-Joseph Massoni ; nomination de sa personne à la tête de la Société d’Économie Mixte Bastia Aménagement que présidait Jean-Joseph Massoni. Autre reproche adressé à Pierre Savelli : celui-ci pécherait par manque de transparence en ne permettant pas au groupe de droite de disposer de certains documents et en ne répondant pas à certaines questions. Concernant ce point, le maire de Bastia a fait savoir que les documents demandés par Jean-Louis Milani sont des documents publics et ayant donné lieu à des votes en Conseil municipal (en la présence de l’intéressé et sur la base de rapports transmis à tous les conseillers municipaux. Dans Corse Matin, Jean-Louis Milani a même définitivement coupé tous les ponts en affirmant : “La coalition qui nous a permis de gagner à Bastia en 2014 n’a plus de sens aujourd’hui.” Aucun réconfort pour le maire de Bastia n’est venu de son camp. Au contraire, un nouveau coup lui a été porté par Gilles Simeoni depuis le plateau de Pulitica, l’émission politique très suivie de Via Stella. En effet, en ne délivrant aucun satisfecit et en déclarant : “Je serai présent y compris pour porter le combat à Bastia […] Je serai présent, engagé et avec détermination à Bastia et ailleurs”, le président du Conseil exécutif a fragilisé Pierre Savelli en confirmant implicitement douter de bilan et en n’écartant pas l’hypothèse de mener la liste pour conserver Bastia.
Moindre mobilisation
À l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, UNSA, FO, Solidaires, FSU, STC), le 2 octobre, près de 500 personnes ont manifesté ou se sont rassemblés à Bastia et un peu plus d’une centaine ont été présents devant la préfecture de Corse à Aiacciu contre le budget à venir du premier ministre Sébastien Lecornu (qui a démissionné depuis). Mobilisation en net recul par rapport à la précédente journée nationale d’action comme si chacun savait déjà que tout était en train de se jouer en coulisse sur le terrain politique.
Crédit photo : Journal de la Corse