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Stéréotypes et crises, sous le sapin aussi ...

Les couleurs de Layette restent traditionnelles : rose pour les filles, bleu ciel pour les garçons. Et sous le sapin, .....
Stéréotypes et crises, sous le sapin aussi

Les couleurs de layette restent traditionnelles : rose pour les filles, bleu ciel pour les garçons. Et sous le sapin, aux garçons les camions de pompier et jeux scientifiques, aux filles les jeux d’imitation avec cuisine miniature et caisse de supermarché. Caricatural ? Pas tant que cela au vu des catalogues Noël des grandes chaînes de jouets. Pourtant, les codes évoluent, doucement.

Lente révolution des jouets

Les jouets contribuent à véhiculer les stéréotypes genrés de la société. Cela n’est pas un scoop. Surtout pour les jouets d’imitation.
Aujourd’hui encore, la représentation des métiers dans les jouets reste marquée par un sexisme qui remonte aux années 50 : infirmière, pompier, cuisinière, caissière, mécano…
Triste constat de l’association Jeu pour Tous, qui lutte contre les stéréotypes de genre dans les jouets. Car cela n’est pas sans conséquence sur nos représentations, le jouet étant le premier marqueur social. La distinction se fait par les couleurs et les hiérarchies dans les jouets. La vie est en rose et bleu. Le compte Twitter de Pépites sexistes pointe sans ménagement ces représentations d’arrière-garde dans le marketing genré des jouets. Les catalogues des enseignes de jouets ont peu évolué, avec des thématiques et des codes couleurs très orientés.
En résumé, les jouets roses d’un côté, réservés aux activités liées aux soins, à la vente, à l'esthétique, à la création de bijoux, à la couture... De l’autre, le rouge ou le bleu, pour symboliser les métiers liés à la construction, à la justice ou encore aux sphères scientifiques ou techniques. Aux filles la sphère domestique, aux garçons les activités plus physiques et plus scientifiques. Même dans les jeux vidéos.


Charte pour la mixité

Le 24 septembre, le gouvernement a présenté la mise à jour de la charte pour une représentation mixte des jouets, réunissant associations, distributeurs et fabricants.
Ces derniers sont invités à revoir leurs packagings, leurs catalogues, leurs sites Internet, leurs rayonnages et leurs campagnes marketing, ainsi qu’à dégenrer leurs catégories et former leur personnel de vente. Un programme de refonte totale d'une « machine à genrer ». Car ces catégorisations dès le plus jeune âge, dans les loisirs, se ressentent par la suite dans les orientations scolaires. D’où l’une des missions du conseil de la mixité et de l’égalité professionnelle dans l’industrie, qui vise à susciter davantage de vocations chez les jeunes femmes et à lutter contre les préjugés qui peuvent les détourner des univers scientifiques dès l’enfance.
Les racines des inégalités s’ancrent dès la petite enfance, avec l’imagination, donc les jouets proposés aux filles ou aux garçons. Les signataires de cette charte, non contraignante, s’engagent notamment à sensibiliser le grand public sur le développement des enfants dans les jouets (confiance en soi, sens de la coopération et altruisme, motricité…) indépendamment du sexe de l’enfant. Car il est reconnu que les enfants ont besoin d’être valorisés pour leurs compétences personnelles, non pour des rôles habituellement attribués à chaque genre.


Noël 2020

Une astuce se répand sur les réseaux sociaux : si vous vous posez la question de choisir un cadeau «pour une fille» ou «pour un garçon, demandez-vous si la personne destinataire aura besoin de ses parties génitales pour y jouer ! Si la réponse est «oui», alors il s’agit très certainement d’un jouet pour adulte (ne l'offrez donc pas à un enfant). Si c’est « non », cela signifie que tout le monde peut y jouer…

Reste à ce que les acheteurs viennent dans les boutiques et parviennent à se détourner des leaders du marché (75% du marché est dominé par sept marques, Mattel, Hasbro, Playmobil, V-Tech, Lego, Ravensburger et Bandai).
En pleine crise sanitaire, cette lutte vers la déconstruction des stéréotypes dès les jouets est passée au second plan. Car fabricants et vendeurs tentent de trouver des compromis entre contraintes sanitaires et économiques, bien avant des réflexions sociétales.

Les artisans insulaires luttent pour faire connaître leur savoir-faire et leur originalité, malgré l’absence de marchés de Noël et des boutiques éphémères.
Un peu le combat David contre Goliath, les jouets connectés et high-tech des leaders étant souvent préférés aux jouets traditionnels et responsables des artisans.
Les fêtes de Noël qui sont le moment commercial phare risquent d’être un flop à grosses pertes pour ces acteurs. Les budgets serrés des consommateurs et les restrictions sont autant de freins à la magie de Noël…


Maria Mariana



Charte pour la mixité des jouets - édition 2020
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