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2021 et la seconde main

Le futur de l'habillement est vert.
2021 et la seconde main


Le futur de l’habillement est vert. En effet, les grandes enseignes commencent à lancer leurs programmes pour se réinventer, et recycler leurs pièces. Face à l’influence de la seconde main en ces temps troublés, jouer le jeu de la revente devient indispensable pour récupérer une clientèle aujourd’hui frileuse quant à l’achat du neuf, au prix du neuf.

La seconde main passe au premier plan
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C’est, du moins, la priorité pour les grandes enseignes de mode face à l’influence d’une crise mettant en lumière les combats de demain. Le vêtement revendu deviendrait presque une arme politique : plus écolo, il permet de faire baisser les productions du neuf ; plus responsable, face au réchauffement climatique et aux matières premières qui font parfois (souvent) le tour du monde avant de devenir produit fini.
Et puis, surtout, le vêtement revendu l’est très souvent par un particulier avec lequel il est possible de discuter, négocier, et récupérer un vêtement peu porté ou pas pour 20% de son prix en boutique, voire moins.


Gain d’argent
, sentiment d’appartenir à la planète de demain, les enseignes ont bien compris l’importance de se lancer dans la revente de produits d’occasion, pour faire face à l’importance grandissante des plateformes spécialisées : Vestiaire Collective, leader du milieu niveau luxe, compterait 10 millions d’utilisateurs dans le monde et Vinted, le leader toutes catégories sans commission, quelques 12,5 millions de membres en France.

Un article de Libération de novembre 2020 met en lumière cette tendance : selon Thomas Delattre, professeur à l’Institut français de la mode (IFM), 15% des consommateurs ont acheté un produit de seconde main en 2010, contre 40% en 2019.

Toujours selon l’article de Libération, deux témoignages importants. Natacha Blanchard, porte-parole de Vinted, rapporte : «Entre fin février et mai, nous avons constaté une augmentation de 17 % du nombre d’annonces mises en ligne sur la plateforme», et près de 1,5 millions de nouveaux abonnés depuis le début de l’année. Du côté de Vestiaire Collective, + 377 % de nouveaux membres se sont inscrits entre mars et juin, puis + 173 % en octobre.


L’image négative des vêtements de mauvaise qualité, abimés, l’imaginaire collectif autour de la vision de ces anciennes friperies obscures appartiennent définitivement au passé. Cette pratique de vente ne touche plus que les habitués et les aficionados des puces en quête de pépites.
Entrainée par la crise, la vente de seconde main s’adresse désormais à toutes et tous, dans tous les secteurs, de la fast fashion à l’ultra luxe.

Exemples marquants : Gucci s’associe à la plateforme de revente de produits d’occasion TheRealReal et propose, jusqu’à la fin de l’année 2020, d’acheter ses pièces vintage en ligne. Une collaboration luxe déjà approuvée par Burberry sur l’année 2019. Aussi, la maison mythique J.M. Weston a lancé, en interne, son service de remise à neuf et de revente de ses souliers vintage.

Plus accessible,
le chausseur Bocage travaille sur le lancement de son site « Comme neuves », un e-shop de produits reconditionnés, accessible uniquement sur abonnement afin de pouvoir changer de paire tous les deux mois.
Autre modèle, celui de Promod : la marque de vêtements aux prix doux propose à ses clientes la revente de leurs produits de la marque sur sa propre plateforme, « Dressing’Bis By Promod ». Ba&sh s’engage également dans le domaine de la seconde main. D’abord version location, la maison française se lance maintenant dans la revente de ses propres produits par ses clientes sur sont site, à l’instar de Promod.

Dans le monde de l’habillement pour enfants, Petit Bateau est déjà sur le terrain de la revente grâce à son application smartphone, des «Petit Bateau voguent de main en main et traversent le temps sans bouger d’un fil.»

D’autres enseignes ont déjà partagé leur volonté d’avoir un impact sur une mode responsable
, grâce à un service déjà mis en place par de grands noms comme Cyrillus ou H&M : en boutique, il sera possible de déposer ses vêtements usagés contre un bon d’achat. Le jeaner marseillais Kaporal a déjà signé cet engagement, pour une ristourne alléchante de -30% sur ses prochains achats, d’ici au printemps 2021.

L’intérêt écologique et économique rapporte à chacune des parties : l’acheteur réfléchit moins à son acte d’achat, des besoins qui deviennent moins insurmontables en termes financier et écologique ; la marque grignote une part de marché réservée jusqu’alors aux plateformes dédiées, tout en véhiculant une image plus responsable.

Le génie marketing s’empare alors de l’univers mode, mais ne touche pas encore toutes les boutiques
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Si certaines communications institutionnelles mettent en avant l’utilisation de matériaux plus éthiques, la production, elle, n’est pas ralentie. Concernant le groupe Inditex, regroupant des noms comme Zara ou Stradivarius, que deviennent les centaines de milliers d’invendus une fois la saison terminée ? Expédition puis vente dans des pays qui ne comptent pas de boutiques, ou destruction par les flammes ? Les pratiques du passé sont-elles toujours en vigueur ?
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