Ecole Campanari "La bulle magique"
Des albums d’une merveilleuse créativité réalisés par des élèves de l’école Campanari de Bastia pour L’Année de la Bande dessinée 2020.
École Campanari / La bulle magique
« Per qualchi bottuli di menu», « L’invitation », »Circhendu a maestra », « Le petit fantôme qui a perdu son cartable ». Des albums d’une merveilleuse créativité réalisés par des élèves de l’école Campanari de Bastia pour L’Année de la Bande dessinée 2020. Des brassées de poésie. Des gerbes de fraîcheur. Des bouquets de malice.
A l’initiative de ces réalisations le Centre culturel « Una Volta » avec le soutien actif de l’équipe enseignante de l’établissement scolaire du quartier de Saint Joseph.
A la cabine de pilotage deux autrices talentueuses qui ont chacune des univers très personnels, Margaux Othats et Marion Duclos. Deux jeunes femmes rodées aux ateliers avec des élèves, mais à Bastia elles se sont investies plus longtemps que d’ordinaire, donc plus en profondeur, puisqu’elles sont intervenues cinq mois durant à raison d’une fois par mois dans chaque classe allant de la grande section de maternelle au CM2.
En observant ces albums on est frappé par l’évolution des enfants de la petite école à la fin du primaire et par leur progression dans la maîtrise de leur trait et de leur mot. En français. En corse. Preuve que leur potentiel n’attend pour s’épanouir qu’un déclic et la volonté des adultes pour les aider à grandir au sens enthousiasmant du terme.
« Le petit fantôme qui a perdu son cartable », les écoliers de la grande section de maternelle de Mme Luciani en ont décliné les péripéties en papier découpé bleu, jaune, vert lumineux et joyeux. La quête du petit sac indispensable au goûter des enfants nous entraîne de maisons en bosquets et en rue pour déboucher sur la plage de Ficaghjola tant aimée des Bastiais et qui demeure malheureusement la seule du centre ville.
« Circhendu a maestra » des CP – CE1 de Charlotte Rocchi et Marguite Ciccoli, nous fait croire avec un bel humour que les petits ont hâte de retrouver leur maîtresse pour devenir de fins lecteurs ! Cette soif d’apprentissage de la lecture est-elle vraie de vraie ? Ou n’est-ce qu’une pointe d’ironie ? Ce qui est certain, par contre, c’est le plaisir offert par livre qui joue des rabats intérieurs et des chaudes couleurs.
« L’invitation » des CE1 de Mme Castelli conte l’aventure d’Evelyne et de son toutou, Bouli, qui courent après une baudruche batifolant au vent. Une course d’endurance récompensée par une fête au bord de mer qui leur ouvre les bras.
« Per qualchi bottuli di menu » des CE2 – CM1 – CM2 d’Emilie Pardini, Daniel Gonet, Olivier Stefanini et Pauline Pinelli est une sacrée réussite tant graphique que narrative. Palette tonique. Vignettes et bulles dynamiques. Enigme bien menée. Beaucoup de drôlerie et une touche de coups de griffes !
Bravo les enfants !
Bravo « Una Volta », les enseignants, les autrices…
« Ma ville, je l’imagine… » avec Margaux Othats, Marion Duclos, et « Una Volta »
Quels ont été vos premiers contacts avec les élèves de l’école Campanari ?
Margaux Othats (maternelle – CP – CE1) : Je leur ai expliqué comment travailler. Comment raconter une histoire. Comment réaliser un livre. J’ai insisté sur l’aspect progressif des choses.
Marion Duclos (CE2 – CM1 – CM2) : Je leur ai parlé du travail de la BD, de la façon de tricoter l’intrigue, de brosser les personnages. Entre eux les élèves ont bien joué collectif.
Leur avez-vous fourni beaucoup d’explications ?
M. D : J’ai leur ai indiqué une idée du déroulé : écriture, story board, crayonné, encrage, mise en couleurs. Ils ont très rapidement saisi ces étapes.
M. O : J’ai mis l’accent sur le mouvement induit par le thème de la ville. Ensuite sont venus histoire et séquençages.
Quelles ont été les réactions des élèves ?
M. O : L’enthousiasme. L’ouverture d’esprit. L’envie de mettre les mains dans le cambouis… Les techniques du papier découpé et du papier déchiré les libéraient car ils ne maîtrisaient pas l’écrit.
M. D : J’ai vu apparaitre d’un côté ceux qui privilégiaient le dessin, de l’autre ceux qui s’adonnaient plutôt à l’oral. Tous sont restés très, très motivés durant les cinq mois qu’ont duré les ateliers.
Le thème, « Ma ville, je l’imagine… » qui l’a choisi ?
M. D : Le Centre culturel « Una Volta ».
M. O : On s’est servi du thème comme prétexte. Comme support.
Les écoliers ont-ils repris des éléments tirés de leur vécu ?
M.O : Ils ont utilisé plein de détails de leur quotidien, mais aussi des événements comme la Coupe du monde de football de 2018, qui transparait avec le personnage d’un arbitre et ceux de deux footballeurs.
M.D : Chez les plus grands on retrouve l’importance du foot avec une victoire 3 à 0 pour les Bastiais contre les Ajacciens… Par ailleurs la menace d’être privés de télé par un adulte a suscité de leur part un beau tollé !
La ville imaginée par les enfants a-t-elle apporté des surprises ?
M. O : C’était la première fois que les petits avaient l’occasion de se pencher sur l’histoire de leur quartier, ce qui les a intéressés. Ils ont voulu être très exacts dans leur graphisme pour qu’on reconnaisse les lieux. Ils ont aussi glissé des clins d’œil à leurs maîtresses dans leur réalisation.
M. D : Les plus grands ont été heureux de raconter leur école. Ils se sont aussi plongés avec intérêt dans d’anciennes photos des lieux.
Plus sensibles au dessin ou à l’histoire les élèves ?
Margaux et Marion : Ils ont surtout été fascinés par le fait de réussir un livre de A à Z. Ils se sont rendu compte que derrière un ouvrage il y avait toujours quelqu’un, en l’occurrence eux, à leur grande fierté.
M. D : Plusieurs moins après ils n’ont rien oublié de l’histoire et des dessins.
M. O : Les livres en mains ils se sont faits des dédicaces entre eux ! C’était amusant et charmant !
Vous ont-ils questionné en tant qu’artistes ?
M. D : Ils m’ont demandé, si auteur de BD j’étais riche ? C’est une question qui ne m’aurait pas été posé il y a dix ans… J’ai enclenché sur un débat : « Qu’est-ce qu’être riche » ?
M. O : J’ai découvert qu’ils me prenaient pour une star ! … A plusieurs moments j’ai senti ces petits inquiets pour l’avenir et véhiculant de grosses incertitudes. En même temps émanait d’eux une évidente faculté d’adaptation !
Quelle est la dominante de vos œuvres respectives ?
M. O : La plupart de mes livres n’ont pas de textes. J’aime capter une histoire par l’image.
M. D : Mes personnages s’expriment beaucoup avec le corps. Le mouvement pour moi est primordial. La transmission entre les générations occupe aussi une grande place dans mes bandes dessinées.
S’il avait un ou deux mots pour décrire vos œuvres à chacune de vous ?
M. O : Je parlerais de l’importance du paysage, de l’apprentissage, du passage, de la contemplation.
M. D : Je dirais : retranscrire la réalité dans un univers imaginé. Être au plus juste par rapport aux personnages dont je peux me moquer mais avec bienveillance.
Sur quoi travaillez-vous présentement ?
M. O : Avec Stéphanie Demasse-Pottier au scénario, je mets un point final à un album, qui est une sorte de liste à la Prévert des bonheurs d’un enfant.
M. D : J’attends la sortie des « Mains de Ginette » en mars 2021. Cet album, scénarisé par Olivier Ka, conte l’histoire d’une femme agressive qui bat son mari. Une femme qui est un monstre au quotidien. Mon graphisme est volontairement en décalage avec le sujet traité.
Propos recueillis par Michèle Acquaviva-Pache
« Per qualchi bottuli di menu», « L’invitation », »Circhendu a maestra », « Le petit fantôme qui a perdu son cartable ». Des albums d’une merveilleuse créativité réalisés par des élèves de l’école Campanari de Bastia pour L’Année de la Bande dessinée 2020. Des brassées de poésie. Des gerbes de fraîcheur. Des bouquets de malice.
A l’initiative de ces réalisations le Centre culturel « Una Volta » avec le soutien actif de l’équipe enseignante de l’établissement scolaire du quartier de Saint Joseph.
A la cabine de pilotage deux autrices talentueuses qui ont chacune des univers très personnels, Margaux Othats et Marion Duclos. Deux jeunes femmes rodées aux ateliers avec des élèves, mais à Bastia elles se sont investies plus longtemps que d’ordinaire, donc plus en profondeur, puisqu’elles sont intervenues cinq mois durant à raison d’une fois par mois dans chaque classe allant de la grande section de maternelle au CM2.
En observant ces albums on est frappé par l’évolution des enfants de la petite école à la fin du primaire et par leur progression dans la maîtrise de leur trait et de leur mot. En français. En corse. Preuve que leur potentiel n’attend pour s’épanouir qu’un déclic et la volonté des adultes pour les aider à grandir au sens enthousiasmant du terme.
« Le petit fantôme qui a perdu son cartable », les écoliers de la grande section de maternelle de Mme Luciani en ont décliné les péripéties en papier découpé bleu, jaune, vert lumineux et joyeux. La quête du petit sac indispensable au goûter des enfants nous entraîne de maisons en bosquets et en rue pour déboucher sur la plage de Ficaghjola tant aimée des Bastiais et qui demeure malheureusement la seule du centre ville.
« Circhendu a maestra » des CP – CE1 de Charlotte Rocchi et Marguite Ciccoli, nous fait croire avec un bel humour que les petits ont hâte de retrouver leur maîtresse pour devenir de fins lecteurs ! Cette soif d’apprentissage de la lecture est-elle vraie de vraie ? Ou n’est-ce qu’une pointe d’ironie ? Ce qui est certain, par contre, c’est le plaisir offert par livre qui joue des rabats intérieurs et des chaudes couleurs.
« L’invitation » des CE1 de Mme Castelli conte l’aventure d’Evelyne et de son toutou, Bouli, qui courent après une baudruche batifolant au vent. Une course d’endurance récompensée par une fête au bord de mer qui leur ouvre les bras.
« Per qualchi bottuli di menu » des CE2 – CM1 – CM2 d’Emilie Pardini, Daniel Gonet, Olivier Stefanini et Pauline Pinelli est une sacrée réussite tant graphique que narrative. Palette tonique. Vignettes et bulles dynamiques. Enigme bien menée. Beaucoup de drôlerie et une touche de coups de griffes !
Bravo les enfants !
Bravo « Una Volta », les enseignants, les autrices…
« Ma ville, je l’imagine… » avec Margaux Othats, Marion Duclos, et « Una Volta »
Quels ont été vos premiers contacts avec les élèves de l’école Campanari ?
Margaux Othats (maternelle – CP – CE1) : Je leur ai expliqué comment travailler. Comment raconter une histoire. Comment réaliser un livre. J’ai insisté sur l’aspect progressif des choses.
Marion Duclos (CE2 – CM1 – CM2) : Je leur ai parlé du travail de la BD, de la façon de tricoter l’intrigue, de brosser les personnages. Entre eux les élèves ont bien joué collectif.
Leur avez-vous fourni beaucoup d’explications ?
M. D : J’ai leur ai indiqué une idée du déroulé : écriture, story board, crayonné, encrage, mise en couleurs. Ils ont très rapidement saisi ces étapes.
M. O : J’ai mis l’accent sur le mouvement induit par le thème de la ville. Ensuite sont venus histoire et séquençages.
Quelles ont été les réactions des élèves ?
M. O : L’enthousiasme. L’ouverture d’esprit. L’envie de mettre les mains dans le cambouis… Les techniques du papier découpé et du papier déchiré les libéraient car ils ne maîtrisaient pas l’écrit.
M. D : J’ai vu apparaitre d’un côté ceux qui privilégiaient le dessin, de l’autre ceux qui s’adonnaient plutôt à l’oral. Tous sont restés très, très motivés durant les cinq mois qu’ont duré les ateliers.
Le thème, « Ma ville, je l’imagine… » qui l’a choisi ?
M. D : Le Centre culturel « Una Volta ».
M. O : On s’est servi du thème comme prétexte. Comme support.
Les écoliers ont-ils repris des éléments tirés de leur vécu ?
M.O : Ils ont utilisé plein de détails de leur quotidien, mais aussi des événements comme la Coupe du monde de football de 2018, qui transparait avec le personnage d’un arbitre et ceux de deux footballeurs.
M.D : Chez les plus grands on retrouve l’importance du foot avec une victoire 3 à 0 pour les Bastiais contre les Ajacciens… Par ailleurs la menace d’être privés de télé par un adulte a suscité de leur part un beau tollé !
La ville imaginée par les enfants a-t-elle apporté des surprises ?
M. O : C’était la première fois que les petits avaient l’occasion de se pencher sur l’histoire de leur quartier, ce qui les a intéressés. Ils ont voulu être très exacts dans leur graphisme pour qu’on reconnaisse les lieux. Ils ont aussi glissé des clins d’œil à leurs maîtresses dans leur réalisation.
M. D : Les plus grands ont été heureux de raconter leur école. Ils se sont aussi plongés avec intérêt dans d’anciennes photos des lieux.
Plus sensibles au dessin ou à l’histoire les élèves ?
Margaux et Marion : Ils ont surtout été fascinés par le fait de réussir un livre de A à Z. Ils se sont rendu compte que derrière un ouvrage il y avait toujours quelqu’un, en l’occurrence eux, à leur grande fierté.
M. D : Plusieurs moins après ils n’ont rien oublié de l’histoire et des dessins.
M. O : Les livres en mains ils se sont faits des dédicaces entre eux ! C’était amusant et charmant !
Vous ont-ils questionné en tant qu’artistes ?
M. D : Ils m’ont demandé, si auteur de BD j’étais riche ? C’est une question qui ne m’aurait pas été posé il y a dix ans… J’ai enclenché sur un débat : « Qu’est-ce qu’être riche » ?
M. O : J’ai découvert qu’ils me prenaient pour une star ! … A plusieurs moments j’ai senti ces petits inquiets pour l’avenir et véhiculant de grosses incertitudes. En même temps émanait d’eux une évidente faculté d’adaptation !
Quelle est la dominante de vos œuvres respectives ?
M. O : La plupart de mes livres n’ont pas de textes. J’aime capter une histoire par l’image.
M. D : Mes personnages s’expriment beaucoup avec le corps. Le mouvement pour moi est primordial. La transmission entre les générations occupe aussi une grande place dans mes bandes dessinées.
S’il avait un ou deux mots pour décrire vos œuvres à chacune de vous ?
M. O : Je parlerais de l’importance du paysage, de l’apprentissage, du passage, de la contemplation.
M. D : Je dirais : retranscrire la réalité dans un univers imaginé. Être au plus juste par rapport aux personnages dont je peux me moquer mais avec bienveillance.
Sur quoi travaillez-vous présentement ?
M. O : Avec Stéphanie Demasse-Pottier au scénario, je mets un point final à un album, qui est une sorte de liste à la Prévert des bonheurs d’un enfant.
M. D : J’attends la sortie des « Mains de Ginette » en mars 2021. Cet album, scénarisé par Olivier Ka, conte l’histoire d’une femme agressive qui bat son mari. Une femme qui est un monstre au quotidien. Mon graphisme est volontairement en décalage avec le sujet traité.
Propos recueillis par Michèle Acquaviva-Pache