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Michel Moulin, candidat à la Présidence de la FFF : "J’ai été l’un des premiers à militer contre le maintien d’une rencontre le cinq mai ... "

"Le combat pour défendre le football corse a toujours obtenu mon soutien notamment dans l’affaire ACA-Le Havre de 2018 mais il y en a d’autres."
Michel Moulin, candidat à la Présidence de la FFF
« Le sport est aujourd’hui le dernier lien social. Ne le laissons pas disparaître... »


Le 13 mars prochain, trois candidats seront en lice pour briguer le fauteuil de Président de la FFF : Noël Le Graet, président sortant, Frédéric Thiriez, ancien président de la LFP et Michel Moulin, chef d’entreprise. À 60 ans, ce dirigeant et passionné de la première heure veut proposer une autre alternative à une gouvernance qu’il juge poussiéreuse. Il analyse les enjeux de ce scrutin. Entretien sans langue de bois...


Qu’est ce qui a motivé votre décision de briguer la présidence de la FFF le 13 mars prochain ?

C’est un ensemble de choses. Je suis dans le football depuis...54 ans ! J’ai débuté à l’âge de 6 ans et suivi ensuite un parcours qui m’a conduit à partir en sport-études avant d’évoluer en quatrième division où j’ai pu croiser les clubs corses du CAB, l’Etoile ou encore l’OA. Plus tard, j’ai passé mes diplômes d’éducateur et d’entraîneur. Il a fallu faire un choix et cela m’a porté, d’une manière professionnelle, vers la société « paruVendu » où j’ai eu à gérer 3000 salariés. Mais je n’ai jamais quitté le monde du football. J’ai par la suite été président ou dirigeant de club pro ou amateur et je suis aujourd’hui à Blois (N2). Je trouve que, de nos jours, le football manque cruellement de bienveillance. Les bénévoles et les licenciés sont en baisse, on est face à l’insécurité et au racisme. Les parents ne veulent plus mettre leurs enfants au football. Il faut un nouveau discours, une rupture avec le passé et d’autres propositions.


N’accusez-vous pas tout de même un déficit de notoriété et d’expérience par rapport aux deux autres candidats ?

C’est certain et cela pourra jouer dans la balance mais l’essentiel reste, à mon sens, ce qui émane du terrain. Or, je peux me targuer d’être un homme de terrain et de connaître parfaitement le football depuis la masse jusqu’au monde professionnel. Je suis, par exemple, à l’origine de la venue de Wissam Ben Yedder à Toulouse alors que l’OM le trouvait trop petit. J’ai envoyé, en 2013, Joshua Nadeau, à l’ACA. Il joue aujourd’hui au Luxembourg après des passages à Chypre ou en Allemagne. Je connais pour l’avoir vécu, le rôle d’éducateur ou de bénévole au sein d’un club. Je crois que l’on a envie d’une vraie rupture avec des gens de terrain face à des personnes qui dirigent de la même façon depuis de trop longues années. La volonté de changement est manifeste.


« Il faut redonner un souffle nouveau au football loin de son aspect administratif redondant »


Quelle est votre vision du football ?

Un football plus proche justement du terrain avec plus de responsabilités données aux ligues et aux districts. Aujourd’hui, le management part du haut vers le bas alors que ce doit être le contraire. Le monde amateur est en grand danger et il représente pourtant la base indispensable. Si l’on ne fait rien, il va progressivement disparaître et devenir comme la boxe. Il fut un temps où l’on pouvait remplir une grande salle pour un gala de Boxe. Aujourd’hui, il attire quelques centaines de personnes.


N’est-ce pas un peu trop tard face aux grosses écuries et à un football-business qui se taille la part du lion ?

Il n’est jamais trop tard ! On peut proposer autre chose sans pour autant rejeter le passé. Le professionnalisme est bien sûr nécessaire. Il faut redonner un souffle nouveau au football loin de son aspect administratif redondant. Le système actuel est obsolète, il reste le même depuis des années. Pour cela, il est nécessaire de décentraliser un maximum l’institution FFF où beaucoup trop de monde gagne beaucoup d’argent alors que le monde amateur vit sur le bénévolat. Il faut plus de moyens et des éducateurs professionnels.


Quelles seront vos priorités en cas d’élection le 13 mars ?

L’éducation de nos enfants, la sécurité et la délocalisation. Nous aurons quatre ans pour mener à bien nos projets. On s’y attaquera dès le 14 mars. Beaucoup de clubs grincent les dents, nous devons amener un autre discours et surtout des solutions. Nous sommes là pour cela.


Quel bilan dressez-vous de votre parcours de dirigeant ?

J’estime que c’est un bilan positif qui parle de lui-même. Chaque fois que j’ai eu une responsabilité importante au sein d’un club, je suis allé jusqu’au bout. Le Red Star est arrivé en demi-finale de la coupe de la Ligue, on a amené Istres en Ligue 1 même si la construction du stade a conduit à la perte du club. En 2008, j’ai été Directeur Sportif du PSG qui menacé de relégation, s’est finalement sauvé.


Comment avez-vous bâti votre liste, le Collectif FFF ?

J’ai voulu m’entourer de personnes expertes, chacune dans son domaine. Je suis entrepreneur et je sais gérer une équipe. Mais j’ai souhaité avoir à mes côtés des personnes meilleures que moi, c’est ma devise. Ainsi, on retrouve Bernard Squarcini, expert en matière de sécurité, David Douillet qui, en tant qu’ancien ministre, est chargé des relations avec l’État. Il pourrait faire passer de nouvelles règles. Ou encore d’indispensables anciens footballeurs professionnels qui vont apporter leur connaissance du terrain : Peguy Luyindula, Nicolas Dieuze, Kader Ferahoui ou Pascal Olmeta qui fera un excellent ambassadeur du football corse.


On vous sait favorable au gel des matchs le 5 mai.

J’ai été l’un des premiers à militer contre le maintien d’une rencontre le cinq mai
. Une pétition sur mon magazine « 10 Sport » avait recueilli 37000 signatures. J’ai entretenu ou entretient encore d’excellentes relations avec les différents dirigeants insulaires. Le combat pour défendre le football corse a toujours obtenu mon soutien notamment dans l’affaire ACA-Le Havre de 2018 mais il y en a d’autres. Je dis cela sans fausse démagogie parce que je suis candidat à la Présidence de la FFF. Simplement parce que j’ai horreur de l’injustice !


Pour autant, ne sera-t-il pas difficile de battre vos deux concurrents sans doute mieux armés ?

Pour tout vous dire, cette élection n’aurait pas dû avoir lieu. La situation sanitaire imposerait plus de respect et d’autres priorités que le football. Pour vous répondre, je crois surtout que dans sa configuration actuelle, le vote n’est pas démocratique. Seul, les présidents de ligue, de district et des clubs professionnels auront, en effet, le droit de s’exprimer. Je suis un passionné de football depuis toujours. L’important, ce n’est pas d’être élu mais de défendre des idées. Et si, en cas de défaite, l’une de mes idées est prise en compte, ce sera déjà une victoire. Personnellement, je n’ai pas besoin de pouvoir. Le sport est aujourd’hui le dernier lien social. Ne le laissons pas disparaître…


Vous vous êtes prononcé en faveur d’un retour de Karim Benzema en équipe de France. Pourquoi ?

Mes propos ont été quelque peu travestis par nombre de vos confrères. Je ne suis pas sélectionneur et il ne m’appartient pas de prendre ou d’imposer une telle décision. J’ai simplement dit qu’un patron doit gérer un problème et décider si oui on non, un joueur est sélectionnable. Or, personne n’a réellement tranché dans cette affaire, du moins en haut lieu. Que va t-on pouvoir dire à un gamin qui a le poster de Benzema dans sa chambre ? Il va prendre cette décision pour une injustice. On a laissé le conflit s’embourber. Un patron doit trancher et le faire savoir ouvertement. J’ai beaucoup de respect pour Didier Deschamps mais quand il dit « J’en fais une affaire personnelle » on est dans le domaine privé. Or, il n’est pas président de la FFF que je sache. Enfin, Karim Benzema est un grand joueur. Et d’autres ayant eu des problèmes avec la sélection, sont revenus. Attention aux amalgames !


Interview réalisée par Philippe Peraut
Crédit photo Chris et Nico
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