Majorité territoriale : il faudra faire bien plus que gagner !
Les p^rises de positiondu Président de la République et le discours du préfet de Corse suggèrent que l'Etat est résolu à ne rien céder......
Majorité territoriale : il faudra faire bien plus que gagner !
Les prises de position du Président de la République et le discours du préfet de Corse suggèrent que l’État est résolu à ne rien céder à la majorité territoriale et qu’une reconduction de cette dernière ne changera pas grand-chose.
Il y a trois ans, à Bastia, Emmanuel Macron fait savoir qu’il ne cédera rien : « La mise en œuvre d'un statut de résident n'est pas la bonne solution. Elle serait contraire à notre Constitution et au droit européen (…)
Il y a une langue officielle : c'est le français (…) Comment vouloir que la ressource fiscale soit affectée à un territoire et demander la solidarité nationale pour la dotation ? Cela n'existe pas. »
Il y a deux ans, à Cuzzà, Emmanuel Macron laisse entendre que les communes, les intercommunalités et les départements seront, à même titre que les régions, des interlocuteurs majeurs de l’État et pourront davantage contracter directement des aides financières avec ce dernier.
Ceci révèle une vision de la décentralisation qui porte en germe une volonté de réduire l’influence et le pouvoir des présidents des Conseils régionaux et du Président de la Collectivité de Corse.
Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron remet le couvert à l’occasion du Congrès de l’Association des Maires de France en allant dans le sens de ce propos de François Baroin qui préside l’association (on est alors à quelques mois des élections municipales) : « Nous les candidats, les maires, nous allons profiter de ce temps municipal pour être à l’écoute des transferts de compétences de proximité, pour savoir si à tel endroit et sur tel sujet l’Etat est le plus pertinent, et si à tel endroit et sur tel sujet, c’est la commune, le département ou la région. »
Il y a quelques semaines, Emmanuel Macron signifie à Gilles Simeoni qu’il rejette le plan « Salvezza è Rilanciu » qu’avait adopté à l’unanimité l’Assemblée de Corse. Il y a quelques semaines également, le Premier ministre décide que Pierre Alessandri et Alain Ferrandi resteront des détenus particulièrement signalés. Ces derniers jours, le ministère public demande aux juges de la Chambre de l'application des peines de la Cour d'appel de Paris, l’annulation de l’aménagement de fin de peine du militant de Core in Fronte Félix Benedetti.
Ces derniers jours également, dans les colonnes de Corse Matin, le Préfet de Corse ne retient pas ses coups. A ceux qui le critiquent sur les réseaux sociaux, il répond offensivement : « Il y a des politiques qui ont choisi de faire du préfet bashing (…) Si l’on est un responsable politique d’envergure ou que l’on se considère comme tel, il faut de la mesure. Donc, le communiqué compulsif, le tweet à la Donald Trump… »
A ceux qui lui demandent de partir, il rétorque en se faisant un tantinet provoquant : « Je vous le dis clairement, en Corse, je suis chez moi comme tous ceux qui y résident. » A ceux qui lui reprochent de s’immiscer dans le champ de compétence de la Collectivité de Corse, il lance avec un zeste d’ironie : « Pour l’essentiel, je ne vois pas qui j’empêche de tourner en rond. Si cela ne tourne pas rond, c’est que cela ne tournait pas rond avant que j’arrive et cela ne s’est peut-être pas amélioré. »
Le message de Max
Les prises de position du Président de la République et le discours du préfet de Corse suggèrent que l’État est résolu à ne faire aucune concession significative à la majorité territoriale et qu’une reconduction de cette dernière en juin prochain ne changera pas grand chose.
Comment l’expliquer alors que la majorité territoriale qui a remporté deux élections territoriales et renforcé ses positions à l’occasion des dernières élections municipales, dispose de la majorité absolue à l’Assemblée de Corse et compte à l’échelle insulaire trois députés sur quatre et un sénateur sur deux ? Il est possible, votre serviteur et d’autres l’ont d’ailleurs déjà maintes fois évoqué, que la majorité nationaliste ait par inexpérience ou excès de confiance durablement indisposé Paris en faisant fi de codes qui sont de mise au sein du monde politique hexagonal.
Il est très probable qu’Emmanuel Macron et une partie de la préfectorale se refusent à tourner politiquement la page de la mort aussi tragique que regrettable du préfet Claude Erignac.
En effet, bien qu’à Aiacciu Gilles Simeoni ait clairement déclaré « rien ne saurait justifier un assassinat » en présence du Président de la République, ce dernier a un an plus tard déclaré dans cette même ville : « Autant la page a été tournée sur Aleria, autant je n'ai pas entendu les mêmes regrets sur l'assassinat du préfet Erignac. »
Il est par ailleurs évident qu’à l’échelle de l’Union Européenne, les États et leurs classes politiques sont de moins en moins enclins à faire des concessions aux démarches nationalitaires et parient sans doute sur la dilution des petits peuples dans les migrations, les métissages et les modes de vie du mondialisme libéral, et ce même si les nationalismes modernes de l'espace européen se réclament de l'humanisme, du droit à la différence, de l'intégration des allogènes et des nouveaux arrivants, de la non-violence, de la démocratie, du suffrage universel et de la construction européenne. Il suffit pour s'en convaincre de constater que l'Union Européenne ne tend pas la main aux nationalistes écossais qui pourtant ont rejeté le Brexit et que le Parlement européen a voté à la demande de l’Espagne, la levée de l’immunité parlementaires de trois députés européens catalans.
Enfin et surtout il apparaît que la majorité nationaliste ne dispose plus des atouts qui en 1981, 1988 et 1999 ont conduit l’État à faire des concessions : les mobilisations populaires sur les terrains de lutte politiques, syndicaux et associatifs, le combat et les sacrifices des clandestins.
Gagner des élections est manifestement insuffisant pour faire bouger les lignes ! Ces derniers jours, dans les colonnes d‘Arritti, Max Simeoni l’a d’ailleurs crûment rappelé à ses proches amis. Il a souligné que Femu a Corsica n’est pas à la hauteur des combats à mener : « Ils n’ont pas le Parti de terrain nécessaire à l’enjeu historique qu’ils veulent assumer : le sauvetage du Peuple Corse en voie de disparition (…) La « majorité absolue » des natios coalisés se laisse enfermer « in a chjostra » de vaines élections pour une Institution qui ne lui permet pas d’assumer sa mission historique. Elle a des électeurs mais pas de force pour décoloniser. » Pour vaincre, cela vaudra pour Gilles Simeoni et ses amis mais aussi pour tous les autres, il faudra faire bien plus que gagner !
Pierre Corsi
Les prises de position du Président de la République et le discours du préfet de Corse suggèrent que l’État est résolu à ne rien céder à la majorité territoriale et qu’une reconduction de cette dernière ne changera pas grand-chose.
Il y a trois ans, à Bastia, Emmanuel Macron fait savoir qu’il ne cédera rien : « La mise en œuvre d'un statut de résident n'est pas la bonne solution. Elle serait contraire à notre Constitution et au droit européen (…)
Il y a une langue officielle : c'est le français (…) Comment vouloir que la ressource fiscale soit affectée à un territoire et demander la solidarité nationale pour la dotation ? Cela n'existe pas. »
Il y a deux ans, à Cuzzà, Emmanuel Macron laisse entendre que les communes, les intercommunalités et les départements seront, à même titre que les régions, des interlocuteurs majeurs de l’État et pourront davantage contracter directement des aides financières avec ce dernier.
Ceci révèle une vision de la décentralisation qui porte en germe une volonté de réduire l’influence et le pouvoir des présidents des Conseils régionaux et du Président de la Collectivité de Corse.
Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron remet le couvert à l’occasion du Congrès de l’Association des Maires de France en allant dans le sens de ce propos de François Baroin qui préside l’association (on est alors à quelques mois des élections municipales) : « Nous les candidats, les maires, nous allons profiter de ce temps municipal pour être à l’écoute des transferts de compétences de proximité, pour savoir si à tel endroit et sur tel sujet l’Etat est le plus pertinent, et si à tel endroit et sur tel sujet, c’est la commune, le département ou la région. »
Il y a quelques semaines, Emmanuel Macron signifie à Gilles Simeoni qu’il rejette le plan « Salvezza è Rilanciu » qu’avait adopté à l’unanimité l’Assemblée de Corse. Il y a quelques semaines également, le Premier ministre décide que Pierre Alessandri et Alain Ferrandi resteront des détenus particulièrement signalés. Ces derniers jours, le ministère public demande aux juges de la Chambre de l'application des peines de la Cour d'appel de Paris, l’annulation de l’aménagement de fin de peine du militant de Core in Fronte Félix Benedetti.
Ces derniers jours également, dans les colonnes de Corse Matin, le Préfet de Corse ne retient pas ses coups. A ceux qui le critiquent sur les réseaux sociaux, il répond offensivement : « Il y a des politiques qui ont choisi de faire du préfet bashing (…) Si l’on est un responsable politique d’envergure ou que l’on se considère comme tel, il faut de la mesure. Donc, le communiqué compulsif, le tweet à la Donald Trump… »
A ceux qui lui demandent de partir, il rétorque en se faisant un tantinet provoquant : « Je vous le dis clairement, en Corse, je suis chez moi comme tous ceux qui y résident. » A ceux qui lui reprochent de s’immiscer dans le champ de compétence de la Collectivité de Corse, il lance avec un zeste d’ironie : « Pour l’essentiel, je ne vois pas qui j’empêche de tourner en rond. Si cela ne tourne pas rond, c’est que cela ne tournait pas rond avant que j’arrive et cela ne s’est peut-être pas amélioré. »
Le message de Max
Les prises de position du Président de la République et le discours du préfet de Corse suggèrent que l’État est résolu à ne faire aucune concession significative à la majorité territoriale et qu’une reconduction de cette dernière en juin prochain ne changera pas grand chose.
Comment l’expliquer alors que la majorité territoriale qui a remporté deux élections territoriales et renforcé ses positions à l’occasion des dernières élections municipales, dispose de la majorité absolue à l’Assemblée de Corse et compte à l’échelle insulaire trois députés sur quatre et un sénateur sur deux ? Il est possible, votre serviteur et d’autres l’ont d’ailleurs déjà maintes fois évoqué, que la majorité nationaliste ait par inexpérience ou excès de confiance durablement indisposé Paris en faisant fi de codes qui sont de mise au sein du monde politique hexagonal.
Il est très probable qu’Emmanuel Macron et une partie de la préfectorale se refusent à tourner politiquement la page de la mort aussi tragique que regrettable du préfet Claude Erignac.
En effet, bien qu’à Aiacciu Gilles Simeoni ait clairement déclaré « rien ne saurait justifier un assassinat » en présence du Président de la République, ce dernier a un an plus tard déclaré dans cette même ville : « Autant la page a été tournée sur Aleria, autant je n'ai pas entendu les mêmes regrets sur l'assassinat du préfet Erignac. »
Il est par ailleurs évident qu’à l’échelle de l’Union Européenne, les États et leurs classes politiques sont de moins en moins enclins à faire des concessions aux démarches nationalitaires et parient sans doute sur la dilution des petits peuples dans les migrations, les métissages et les modes de vie du mondialisme libéral, et ce même si les nationalismes modernes de l'espace européen se réclament de l'humanisme, du droit à la différence, de l'intégration des allogènes et des nouveaux arrivants, de la non-violence, de la démocratie, du suffrage universel et de la construction européenne. Il suffit pour s'en convaincre de constater que l'Union Européenne ne tend pas la main aux nationalistes écossais qui pourtant ont rejeté le Brexit et que le Parlement européen a voté à la demande de l’Espagne, la levée de l’immunité parlementaires de trois députés européens catalans.
Enfin et surtout il apparaît que la majorité nationaliste ne dispose plus des atouts qui en 1981, 1988 et 1999 ont conduit l’État à faire des concessions : les mobilisations populaires sur les terrains de lutte politiques, syndicaux et associatifs, le combat et les sacrifices des clandestins.
Gagner des élections est manifestement insuffisant pour faire bouger les lignes ! Ces derniers jours, dans les colonnes d‘Arritti, Max Simeoni l’a d’ailleurs crûment rappelé à ses proches amis. Il a souligné que Femu a Corsica n’est pas à la hauteur des combats à mener : « Ils n’ont pas le Parti de terrain nécessaire à l’enjeu historique qu’ils veulent assumer : le sauvetage du Peuple Corse en voie de disparition (…) La « majorité absolue » des natios coalisés se laisse enfermer « in a chjostra » de vaines élections pour une Institution qui ne lui permet pas d’assumer sa mission historique. Elle a des électeurs mais pas de force pour décoloniser. » Pour vaincre, cela vaudra pour Gilles Simeoni et ses amis mais aussi pour tous les autres, il faudra faire bien plus que gagner !
Pierre Corsi