A droga fora : l 'affaire de tous !
ll est urgent que réagissent de concert les différentes autorités et l’ensemble des forces vives de la société. Mettre « A droga fora » ne peut être l’affaire d’un seul videur.
A droga fora : l’affaire de tous
Il est urgent que réagissent de concert les différentes autorités et l’ensemble des forces vives de la société. Mettre « A droga fora » ne peut être l’affaire d’un seul videur.
Ces derniers jours, Core in Fronte a lancé une campagne dénonçant les ravages causés par le trafic de stupéfiants sur la société corse. Dans plusieurs communes, les militants du mouvement ont distribué des milliers d’exemplaires d’un tract intitulé « A droga fora ! » qui soulignait une situation alarmante : « Les drogues les plus dures touchent toutes les couches sociales, toutes les générations […] Au-delà des conséquences graves et irréversibles sur la santé, la drogue asservit l'individu, le met en situation de soumission ; qui dénonçait des responsabilités : « L’Etat français, sa police et sa justice qui ont toujours privilégié la lutte contre le mouvement patriotique corse, portent une lourde responsabilité sur cette prolifération […]
Des bandes en font leur activité principale. Elles recrutent des sous-fifres pour inonder la Corse de cette pourriture » ; qui appelait à une réaction collective : « L’action publique doit planifier la sensibilisation, la prévention […] Le sursaut doit être collectif […] Se taire, ne rien faire, c’est cautionner ! Il appartient à l'ensemble du mouvement national et au-delà au peuple corse, de se repositionner clairement et marginaliser les vendeurs de mort d’où qu’ils viennent. » Les responsables de Core in Fronte ont expliqué que cette campagne s’inscrivait dans la continuité des actions de terrain organisées par leur mouvement depuis 2017.
Il semble toutefois que l’on pouvait y voir aussi une mise en exergue de ce qui sera un des grands thèmes de campagne de leur liste dans la perspective des prochaines élections territoriales, à savoir la nécessité de revenir aux fondamentaux du nationalisme. En effet, sur le tract « A droga fota ! », il était aussi écrit : « Le mouvement national doit redevenir le rempart moral qu’il a été jusqu’aux années 90. »
Un risque de dérapages
La campagne lancée par Core in Fronte n’est effectivement ni inédite ni innovante. Ce type de campagne a jalonné l’histoire nationaliste. Dès les années 1980, le FLNC ainsi que la Cunsulta di i Cumitati Naziunalisti puis le Muvimentu Corsu per l’Autodeterminazione, avaient entrepris de sensibiliser les Corses aux dangers du trafic et de la consommation de stupéfiants et accusé les pouvoirs publics de laisser faire. Ils avaient aussi constaté que la population ignorait ou éludait et exhorté le peuple corse et plus particulièrement la jeunesse à réagir.
La situation de déni et d’irresponsabilité qui prévalait alors a d’ailleurs été évoquée, il y a quelques années, par Pierre Poggioli (ancien responsable et élu nationaliste) : « Nombre de personnes me rétorquaient que ce phénomène n’existait pas en Corse.
D’ailleurs les personnes soignées à Castelucciu pour usage de stupéfiants n’étaient même pas répertoriés dans la comptabilité annuelle des malades soignés dans l’hôpital. Ils étaient « dépressifs ». J’étais éducateur de jeunes dans un centre à Ajaccio de prise en charge de jeunes touchés par ce fléau. J’ai vu peu à peu combien le mal se développait. » Si la campagne de Core in Fronte a le mérite de remettre sur la table un thème sensible qui dérange beaucoup de monde car le trafic et la consommation de stupéfiants ne sont pas, tant s'en faut, le fait que de non-corses ou de marginaux, elle n’est pas sans risque de dérapages (le passé peut en témoigner).
Il va au moins lui falloir se garder de tomber dans des discours moralistes ou culpabilisants qui seraient irrecevables par de nombreux individus directement concernés ou rejetant les anathèmes, les simplismes ou les solutions uniquement répressives. On consomme, produit et vend y compris dans nos plus petits villages. Beaucoup d’entre nous rejettent les Pères la morale et les Savonarole, et considèrent qu’il convient de privilégier l’information, la pédagogie, la responsabilisation, les politiques de soutien aux publics fragiles et aux consommateurs, les mesures de dépénalisation voire de légalisation. Enfin une partie de la jeunesse, si elle est confrontée à des donneurs de leçons, risque de considérer que les deux générations qui ont fait leur miel de l’hédonisme et de la permissivité de l’après 1968, ont fait l’autruche durant des décennies ou se sont montrées complaisantes avec la voyoucratie, ne sont pas légitimes pour prescrire des interdits et des comportement rigoureux qu’elles n’ont pas appliquées à elles-mêmes durant des décennies.
Une démarche respectable et louable
Le risque de dérapages ne doit cependant pas occulter que la démarche de Core in Fronte est à la foi respectable et utile. En effet, le trafic et la consommation de stupéfiants atteignant aujourd’hui des niveaux qui les rendent socialement, économiquement et sanitairement très dangereux, on ne peut que saluer toute initiative visant à dénoncer, expliquer et mobiliser, et espérer que d’autres acteurs que Paul-Félix Benedetti et ses amis exigeront une action énergique des autorités et iront dans le sens d’une implication de la société.
La Corse n’est certes pas encore confrontée aux mainmises exercées par des gangs de trafiquants sur des territoires ou aux dépendances globales à l’économie de la drogue que connaissent la Seine-Saint Denis ou les Bouches-du-Rhône, mais elle est soumise à des évolutions inquiétantes. Des « réseaux nustrali » bien structurés qui ont pris le pas sur les « fourmis » estivales venues d’ailleurs ou les ont éliminées, s’enrichissent considérablement et investissent dans le tissu économique, phagocytent des personnes influençables, fragiles ou désargentées en leur proposant des revenus confortables, se disputent le marché en recourant à l’intimidation musclée et à l’assassinat, et commencent à tisser des liens avec des organisations mafieuses.
Outre des milieux « dorés » et une clientèle touristiques, la consommation touche désormais les couches populaires. Les drogues « douces » ou dures » sont vendues un peu partout. Des familles se retrouvent seules et démunies car les services sociaux, la police et la justice manquent de moyens. Il est donc urgent que réagissent de concert les différentes autorités et l’ensemble des forces vives de la société. Mettre « A droga fora » ne peut être l’affaire d’un seul videur.
Pierre Corsi
Il est urgent que réagissent de concert les différentes autorités et l’ensemble des forces vives de la société. Mettre « A droga fora » ne peut être l’affaire d’un seul videur.
Ces derniers jours, Core in Fronte a lancé une campagne dénonçant les ravages causés par le trafic de stupéfiants sur la société corse. Dans plusieurs communes, les militants du mouvement ont distribué des milliers d’exemplaires d’un tract intitulé « A droga fora ! » qui soulignait une situation alarmante : « Les drogues les plus dures touchent toutes les couches sociales, toutes les générations […] Au-delà des conséquences graves et irréversibles sur la santé, la drogue asservit l'individu, le met en situation de soumission ; qui dénonçait des responsabilités : « L’Etat français, sa police et sa justice qui ont toujours privilégié la lutte contre le mouvement patriotique corse, portent une lourde responsabilité sur cette prolifération […]
Des bandes en font leur activité principale. Elles recrutent des sous-fifres pour inonder la Corse de cette pourriture » ; qui appelait à une réaction collective : « L’action publique doit planifier la sensibilisation, la prévention […] Le sursaut doit être collectif […] Se taire, ne rien faire, c’est cautionner ! Il appartient à l'ensemble du mouvement national et au-delà au peuple corse, de se repositionner clairement et marginaliser les vendeurs de mort d’où qu’ils viennent. » Les responsables de Core in Fronte ont expliqué que cette campagne s’inscrivait dans la continuité des actions de terrain organisées par leur mouvement depuis 2017.
Il semble toutefois que l’on pouvait y voir aussi une mise en exergue de ce qui sera un des grands thèmes de campagne de leur liste dans la perspective des prochaines élections territoriales, à savoir la nécessité de revenir aux fondamentaux du nationalisme. En effet, sur le tract « A droga fota ! », il était aussi écrit : « Le mouvement national doit redevenir le rempart moral qu’il a été jusqu’aux années 90. »
Un risque de dérapages
La campagne lancée par Core in Fronte n’est effectivement ni inédite ni innovante. Ce type de campagne a jalonné l’histoire nationaliste. Dès les années 1980, le FLNC ainsi que la Cunsulta di i Cumitati Naziunalisti puis le Muvimentu Corsu per l’Autodeterminazione, avaient entrepris de sensibiliser les Corses aux dangers du trafic et de la consommation de stupéfiants et accusé les pouvoirs publics de laisser faire. Ils avaient aussi constaté que la population ignorait ou éludait et exhorté le peuple corse et plus particulièrement la jeunesse à réagir.
La situation de déni et d’irresponsabilité qui prévalait alors a d’ailleurs été évoquée, il y a quelques années, par Pierre Poggioli (ancien responsable et élu nationaliste) : « Nombre de personnes me rétorquaient que ce phénomène n’existait pas en Corse.
D’ailleurs les personnes soignées à Castelucciu pour usage de stupéfiants n’étaient même pas répertoriés dans la comptabilité annuelle des malades soignés dans l’hôpital. Ils étaient « dépressifs ». J’étais éducateur de jeunes dans un centre à Ajaccio de prise en charge de jeunes touchés par ce fléau. J’ai vu peu à peu combien le mal se développait. » Si la campagne de Core in Fronte a le mérite de remettre sur la table un thème sensible qui dérange beaucoup de monde car le trafic et la consommation de stupéfiants ne sont pas, tant s'en faut, le fait que de non-corses ou de marginaux, elle n’est pas sans risque de dérapages (le passé peut en témoigner).
Il va au moins lui falloir se garder de tomber dans des discours moralistes ou culpabilisants qui seraient irrecevables par de nombreux individus directement concernés ou rejetant les anathèmes, les simplismes ou les solutions uniquement répressives. On consomme, produit et vend y compris dans nos plus petits villages. Beaucoup d’entre nous rejettent les Pères la morale et les Savonarole, et considèrent qu’il convient de privilégier l’information, la pédagogie, la responsabilisation, les politiques de soutien aux publics fragiles et aux consommateurs, les mesures de dépénalisation voire de légalisation. Enfin une partie de la jeunesse, si elle est confrontée à des donneurs de leçons, risque de considérer que les deux générations qui ont fait leur miel de l’hédonisme et de la permissivité de l’après 1968, ont fait l’autruche durant des décennies ou se sont montrées complaisantes avec la voyoucratie, ne sont pas légitimes pour prescrire des interdits et des comportement rigoureux qu’elles n’ont pas appliquées à elles-mêmes durant des décennies.
Une démarche respectable et louable
Le risque de dérapages ne doit cependant pas occulter que la démarche de Core in Fronte est à la foi respectable et utile. En effet, le trafic et la consommation de stupéfiants atteignant aujourd’hui des niveaux qui les rendent socialement, économiquement et sanitairement très dangereux, on ne peut que saluer toute initiative visant à dénoncer, expliquer et mobiliser, et espérer que d’autres acteurs que Paul-Félix Benedetti et ses amis exigeront une action énergique des autorités et iront dans le sens d’une implication de la société.
La Corse n’est certes pas encore confrontée aux mainmises exercées par des gangs de trafiquants sur des territoires ou aux dépendances globales à l’économie de la drogue que connaissent la Seine-Saint Denis ou les Bouches-du-Rhône, mais elle est soumise à des évolutions inquiétantes. Des « réseaux nustrali » bien structurés qui ont pris le pas sur les « fourmis » estivales venues d’ailleurs ou les ont éliminées, s’enrichissent considérablement et investissent dans le tissu économique, phagocytent des personnes influençables, fragiles ou désargentées en leur proposant des revenus confortables, se disputent le marché en recourant à l’intimidation musclée et à l’assassinat, et commencent à tisser des liens avec des organisations mafieuses.
Outre des milieux « dorés » et une clientèle touristiques, la consommation touche désormais les couches populaires. Les drogues « douces » ou dures » sont vendues un peu partout. Des familles se retrouvent seules et démunies car les services sociaux, la police et la justice manquent de moyens. Il est donc urgent que réagissent de concert les différentes autorités et l’ensemble des forces vives de la société. Mettre « A droga fora » ne peut être l’affaire d’un seul videur.
Pierre Corsi