Territoriales : être en marche pourrait un jour se conjuguer à tous les temps !
La stratégie territoriale macroniste s'affirme .
Territoriales : être en marche pourrait un jour se conjuguer à tous les temps !
La stratégie territoriale macroniste s’affirme. Elle se développe autour du « En même temps » cher au président de la République.
Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, appartenant au cercle des personnalités qui comptent dans l’entourage du président de la République, était dernièrement en déplacement en Corse-du-Sud. L’objet officiel de son voyage était de visiter le centre de vaccination de Baleone à Aiacciu qu’elle a présenté comme étant « un exemple de ce que l'Etat a mis en place » et celui de Portivechju ouvert depuis plus de trois mois à l’initiative du maire Jean-Christophe Angelini et du député Paul-André Colombani ; d’aborder des thèmes de la sécurité publique à Ulmetu ; de remettre un label à la commune de Bunifaziu.
Il n’a bien sûr échappé à personne que la ministre ne s’était pas rendue en Haute-Corse, ce qui lui avait épargné d’aller à Bastia où les nationalistes sont aux responsabilités, et n’avait pas non plus jugé utile de se déplacer jusqu’à l’Hôtel de Région pourtant situé à Aiacciu pour y rencontrer le président du Conseil exécutif. Marlène Schiappa a certes pris soin d’expliquer que se rendre exclusivement en Corse-du-Sud était dicté par la prise en compte du champ de compétence de son ministère, qu’elle dialoguait avec Gilles Simeoni et l’avait avisé de sa venue, et que tous les élus avaient été invités à participer à sa visite.
A priori et à l’en croire, le choix de l’intéressée de se consacrer au Sud n’avait donc rien de politiquement discriminatoire ou d’électoral. Il est cependant permis de douter. En effet, les élus ayant bénéficié de la présence de la ministre n’ont semble-t-il pas été choisis au hasard. Tous relèvent d’une adhésion ou d’une certaine compatibilité avec la philosophie politique déclinée en démarche stratégique qu’affectionne Emmanuel Macron : le « En même temps ».
Dispositif en place
Les maires d’Aiacciu, d'Ulmetu et de Bunifaziu, Laurent Marcangeli, José-Pierre Mozziconacci et Jean-Charles Orsucci d'une part, le maire de Portivechju Jean-Christophe Angelini et le député Paul-André Colombani d’autre part, sont certes respectivement trois opposants et deux parties prenantes de la majorité territoriale.
Mais ces cinq élus ont des points communs qui comptent à l’Elysée : ils entretiennent de bonnes relations avec les services de l’Etat et se conforment explicitement ou implicitement à la volonté du président de la République d’instaurer, pour relativiser l’influence du président de la la Collectivité de Corse, des relations directes et fructueuses entre l’Etat et les collectivités communales et intercommunales.
La fiction d’une visite n’ayant pas un caractère politique et électoral n’a d’ailleurs pas duré. Marlène Schiappa a dit haut et fort que Jean-Charles Orsucci était le chef de file en Corse de LREM (La République En Marche), avait en charge le développement du parti présidentiel à l’échelle de l’île, et était écouté et souvent entendu à Paris.
Elle a aussi indiqué être persuadée que LREM pouvait compter sur l’appui de nombreux maires ayant, en 2017, parrainé la candidature d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. La stratégie territoriale macroniste semble donc au point concernant la direction corse du parti présidentiel, la démarche en Corse-du-Sud et l’assurance du soutien de plusieurs maires. Il se dessine d’ailleurs aussi ce que pourrait être une tentative élyséenne de mettre en place une majorité territoriale plurielle allant jusqu’à associer ou intégrer des nationalistes jugés constructifs, susceptible de remplacer la majorité territoriale sortante.
Jean-Charles Orsucci a d’ailleurs montré qu’il adhérerait totalement à cette tentative. Il a en effet déclaré être persuadé qu’une Corse « qui réussit » sera une Corse « qui sait dépasser les clivages politiques et entretenir un lien fort avec Paris ».
Emile dans le dispositif ?
En Haute-Corse, le camp macroniste est encore en recherche de solutions car, à ce jour, parmi les soutiens ou les sympathisants d’Emmanuel Macron, personne ne réunit deux conditions : incarner le « En même temps » ; se hisser, concernant la notoriété et l’influence, au niveau d’un meneur capable d’épauler Jean-Charles Orsucci.
Julien Morganti est rejeté par trop de monde car, en s'étant présenté aux Législatives en juin 2017 et ayant refusé de rejoindre à l’occasion des dernières élections municipales de Bastia la liste d’opposition à la majorité nationaliste, il a contribué aux défaites de candidats investis ou soutenus par LREM. François Orlandi, l’ancien président du Conseil général de Haute-Corse, et Jean-Sébastien de Casalta, qui a honorablement croisé le fer avec la majorité municipale nationaliste bastiaise, ne semblent pas animés d’une volonté militante d'occuper le terrain en permanence.
François Tatti se voit encore beaucoup reprocher, à droite et à gauche, d’avoir contribué à la victoire de Gilles Simeoni lors des élections municipales de Bastia en mars 2014.
Enfin Jean Zuccarelli a épuisé son capital de crédibilité électorale. Cette situation a peut-être inspiré, à moins que l’idée ait été soufflée à l’intéressé, le tout récent retour d’Emile Zuccarelli dans l’arène politique. En effet, ayant été ministre, député, maire de Bastia et conseiller régional, et étant depuis quelques jours, après avoir été un pilier du Parti Radical de Gauche, « Délégué territorial pour la Corse » du Parti Radical appartenant à la majorité présidentielle, Emile Zuccarelli a une stature et un positionnement politique susceptibles de porter et d’incarner le « En même temps ».
De plus, concernant le dossier Corse, sa doxa républicaine est parfaitement compatible avec celle exposée et mise en œuvre par Emmanuel Macron depuis son entrée l’Elysée : rejet d’un reconnaissance institutionnelle du peuple corse, refus de toute obligation d’enseignement ou d’usage de la langue corse, décentralisation excluant la dévolution d’un pouvoir normatif.
Emile Zuccarelli est certes souvent brocardé pour n’être plus de son temps mais sa compatibilité avec le « En même temps » qui s'ajoute à bien d'autres, suggère que, chez nous, être en marche pourrait un jour se conjuguer a tous les temps.
Pierre Corsi
La stratégie territoriale macroniste s’affirme. Elle se développe autour du « En même temps » cher au président de la République.
Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, appartenant au cercle des personnalités qui comptent dans l’entourage du président de la République, était dernièrement en déplacement en Corse-du-Sud. L’objet officiel de son voyage était de visiter le centre de vaccination de Baleone à Aiacciu qu’elle a présenté comme étant « un exemple de ce que l'Etat a mis en place » et celui de Portivechju ouvert depuis plus de trois mois à l’initiative du maire Jean-Christophe Angelini et du député Paul-André Colombani ; d’aborder des thèmes de la sécurité publique à Ulmetu ; de remettre un label à la commune de Bunifaziu.
Il n’a bien sûr échappé à personne que la ministre ne s’était pas rendue en Haute-Corse, ce qui lui avait épargné d’aller à Bastia où les nationalistes sont aux responsabilités, et n’avait pas non plus jugé utile de se déplacer jusqu’à l’Hôtel de Région pourtant situé à Aiacciu pour y rencontrer le président du Conseil exécutif. Marlène Schiappa a certes pris soin d’expliquer que se rendre exclusivement en Corse-du-Sud était dicté par la prise en compte du champ de compétence de son ministère, qu’elle dialoguait avec Gilles Simeoni et l’avait avisé de sa venue, et que tous les élus avaient été invités à participer à sa visite.
A priori et à l’en croire, le choix de l’intéressée de se consacrer au Sud n’avait donc rien de politiquement discriminatoire ou d’électoral. Il est cependant permis de douter. En effet, les élus ayant bénéficié de la présence de la ministre n’ont semble-t-il pas été choisis au hasard. Tous relèvent d’une adhésion ou d’une certaine compatibilité avec la philosophie politique déclinée en démarche stratégique qu’affectionne Emmanuel Macron : le « En même temps ».
Dispositif en place
Les maires d’Aiacciu, d'Ulmetu et de Bunifaziu, Laurent Marcangeli, José-Pierre Mozziconacci et Jean-Charles Orsucci d'une part, le maire de Portivechju Jean-Christophe Angelini et le député Paul-André Colombani d’autre part, sont certes respectivement trois opposants et deux parties prenantes de la majorité territoriale.
Mais ces cinq élus ont des points communs qui comptent à l’Elysée : ils entretiennent de bonnes relations avec les services de l’Etat et se conforment explicitement ou implicitement à la volonté du président de la République d’instaurer, pour relativiser l’influence du président de la la Collectivité de Corse, des relations directes et fructueuses entre l’Etat et les collectivités communales et intercommunales.
La fiction d’une visite n’ayant pas un caractère politique et électoral n’a d’ailleurs pas duré. Marlène Schiappa a dit haut et fort que Jean-Charles Orsucci était le chef de file en Corse de LREM (La République En Marche), avait en charge le développement du parti présidentiel à l’échelle de l’île, et était écouté et souvent entendu à Paris.
Elle a aussi indiqué être persuadée que LREM pouvait compter sur l’appui de nombreux maires ayant, en 2017, parrainé la candidature d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. La stratégie territoriale macroniste semble donc au point concernant la direction corse du parti présidentiel, la démarche en Corse-du-Sud et l’assurance du soutien de plusieurs maires. Il se dessine d’ailleurs aussi ce que pourrait être une tentative élyséenne de mettre en place une majorité territoriale plurielle allant jusqu’à associer ou intégrer des nationalistes jugés constructifs, susceptible de remplacer la majorité territoriale sortante.
Jean-Charles Orsucci a d’ailleurs montré qu’il adhérerait totalement à cette tentative. Il a en effet déclaré être persuadé qu’une Corse « qui réussit » sera une Corse « qui sait dépasser les clivages politiques et entretenir un lien fort avec Paris ».
Emile dans le dispositif ?
En Haute-Corse, le camp macroniste est encore en recherche de solutions car, à ce jour, parmi les soutiens ou les sympathisants d’Emmanuel Macron, personne ne réunit deux conditions : incarner le « En même temps » ; se hisser, concernant la notoriété et l’influence, au niveau d’un meneur capable d’épauler Jean-Charles Orsucci.
Julien Morganti est rejeté par trop de monde car, en s'étant présenté aux Législatives en juin 2017 et ayant refusé de rejoindre à l’occasion des dernières élections municipales de Bastia la liste d’opposition à la majorité nationaliste, il a contribué aux défaites de candidats investis ou soutenus par LREM. François Orlandi, l’ancien président du Conseil général de Haute-Corse, et Jean-Sébastien de Casalta, qui a honorablement croisé le fer avec la majorité municipale nationaliste bastiaise, ne semblent pas animés d’une volonté militante d'occuper le terrain en permanence.
François Tatti se voit encore beaucoup reprocher, à droite et à gauche, d’avoir contribué à la victoire de Gilles Simeoni lors des élections municipales de Bastia en mars 2014.
Enfin Jean Zuccarelli a épuisé son capital de crédibilité électorale. Cette situation a peut-être inspiré, à moins que l’idée ait été soufflée à l’intéressé, le tout récent retour d’Emile Zuccarelli dans l’arène politique. En effet, ayant été ministre, député, maire de Bastia et conseiller régional, et étant depuis quelques jours, après avoir été un pilier du Parti Radical de Gauche, « Délégué territorial pour la Corse » du Parti Radical appartenant à la majorité présidentielle, Emile Zuccarelli a une stature et un positionnement politique susceptibles de porter et d’incarner le « En même temps ».
De plus, concernant le dossier Corse, sa doxa républicaine est parfaitement compatible avec celle exposée et mise en œuvre par Emmanuel Macron depuis son entrée l’Elysée : rejet d’un reconnaissance institutionnelle du peuple corse, refus de toute obligation d’enseignement ou d’usage de la langue corse, décentralisation excluant la dévolution d’un pouvoir normatif.
Emile Zuccarelli est certes souvent brocardé pour n’être plus de son temps mais sa compatibilité avec le « En même temps » qui s'ajoute à bien d'autres, suggère que, chez nous, être en marche pourrait un jour se conjuguer a tous les temps.
Pierre Corsi