• Le doyen de la presse Européenne

La mort du dernier des partisans communiste de Corse

Etienne Micheli dit Léo Micheli......
La mort du dernier des partisans

Étienne Micheli dit Léo Micheli, ancien cadre du Parti communiste de Corse dans la résistance, vient d’entamer le grand voyage à l’âge de 98 ans. Il était avant tout un homme libre.

Un jeune communiste


C’est en 1938, à l’âge de 15 ans que Leo Micheli avait rencontré l’idéal communiste alors très marqué par le combat que menait la république espagnole contre les fascistes espagnols de Franco, ceux de Mussolini et les nazis de Hitler. Étudiant au lycée Pétain, il participe à des opérations menées contre Pétain pour protester contre l’interdiction du Parti communiste. Malgré le honteux pacte germano-soviétique, les communistes préparent déjà la résistance et le futur colonel Fabien, celui qui abattit un aspirant de marine au métro parisien de Barbès, était venu clandestinement en Corse pour poser les bases de ce qui allait devenir le Front national. Le combat des communistes ne commence réellement qu’à partir de juin 1941 quand l’URSS est envahie par l’armée nazie. Leo Micheli devient un cadre du Front patriotique des jeunes. Mais c’est l’invasion de la Corse par 80 000 Italiens qui donne son énergie à la résistance jusque là relativement faible. Jean Nicoli prend sa carte du PCF en novembre 1942. Petit à petit, la résistance s’étoffe. Fred Scamaroni envoyé par les services gaullistes est trahi et capturé. Il se suicide en prison pour ne pas parler. Un militaire, Paul Colonna d’Istria, lui aussi envoyé par De Gaulle pour mieux connaître la situation, explique dans un rapport que les communistes corses sont pratiquement hégémoniques dans la Résistance. Il est vrai qu’ils le paient cher. Plusieurs de leurs responsables sont arrêtés, torturés puis déportés ou fusillés. Mais le Parti organise les travailleurs et, pour protester contre un nouveau rationnement du pain, il organise des manifestations de femmes et de lycéens des 22 et 23 mars 1943 à Bastia avec pour mots d’ordre « le pain et la liberté ». Leo Micheli en est l’un des maîtres d’œuvre. Il rédige l’Appel au peuple corse le 1er mai 1943 appelant à l’unité avec pour devise celle de Paoli « Forti saremu si semu uniti ».

Grâce aux héros


Leo Micheli n’avait pas vingt ans lorsqu’il participe à la conférence de Porri les 3 et 4 mai 1943. Il fait partie de l’équipe dirigeante du Parti avec Raoul Benigni et Pierre Pagès pendant qu’Arthur Giovoni et François Vittori se voient confier la responsabilité de la direction politique et militaire du FN. Leo Micheli est de ce groupe qui a décidé à San Gavinu di Carbini le village de Jean Nicoli et contre l’avis des Alliés et de De Gaulle de lancer l’insurrection le 9 septembre 1943. Soutenus par le général Giraud et fort de l’appui d’une partie de l’armée italienne puis des goumiers marocains et de commandos-choc, ce sont plus de dix mille partisans qui ont tenu tête à une trentaine de milliers de soldats allemands dont 5000 SS. Grâce à des combattants comme Leo Micheli la Corse est entrée dans l’histoire comme le premier département français libéré.

Un combattant pour l’éternité


Après la Libération de la Corse, Léo Micheli s’engage dans l’armée française comme 12 000 de nos compatriotes et participe à la Libération de la France. Puis il devient un enseignant de l’école des cadres du Parti communiste. Staline meurt le 5 mars 1953 laissant les communistes dans le deuil et l’affliction. Le 24 février 1956, Nikita Kroutchev qui avait été avant-guerre le bourreau de l’Ukraine, publie un rapport dénonçant les crimes staliniens lors du XXe congrès du parti communiste d’Union soviétique. L’appareil français mené par Maurice Thorez refuse de le publier et même d’en parler. Leo Micheli ne supporte pas cette pesanteur stalinienne et critique ouvertement la décision du PC puis démissionne du secrétariat de Jacques Duclos, député communiste et « œil de Moscou » dans la direction du Parti. Il quitte également le Comité central pour aller travailler chez Larousse. Il a évoqué sa vie dans un entretien avec Dominique Lazalavi dans un documentaire Nom de code : Leo et un livre Un homme libre. Ce qu’il était vraiment et sans concessions. Que lui et ses pareils soient honorés par les jeunes générations qui leur doivent leur liberté. Il a désormais rejoint la cohorte des résistants assassinés ou tombés au combat avant et lors de la Grande Guerre patriotique. Adieu donc camarade et merci !

GXC
Partager :